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Connaître

Définitions de « connaître »

Trésor de la Langue Française informatisé

CONNAÎTRE, verbe trans.

I.− Vieilli ou littér. Connaître qqn ou qqc.Reconnaître.
A.− Reconnaître, discerner.
1. Reconnaître la marque de quelqu'un ou de quelque chose. Ils [les hommes] m'ont connue aux bleus stigmates Apparus sur ma pauvre peau (Valéry, Charmes,1922, p. 133).
Au fig., expr. proverbiale. L'arbre se connaît à ses fruits. ,,Une doctrine se juge par ses conséquences`` (Ac. 1932).
P. ext. Je ne l'ai vu qu'une fois, je le connaîtrais entre mille; je le connais à sa voix. Tartarin, en le [le chameau] voyant, change de couleur et feint de ne pas le connaître (A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 131):
1. C'était au point que lorsqu'elle [la lingère] rencontrait Baugé dans les galeries, elle affectait de ne pas le connaître. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 703.
2. Distinguer, faire la différence entre. Il [l'homme] serait également un Dieu, le serpent l'a bien dit, s'il pouvait connaître le bien et le mal (Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. 347).
Au fig. et fam. Connaître sa main droite de sa main gauche. Être capable de discernement.
B.− Accepter, admettre quelqu'un ou quelque chose comme ayant de l'autorité.
1. Connaître qqn.Je ne connais de maître que vous; je ne connais ici de maître que moi (Ac. 1835-1932); il ne connaît ni Dieu ni diable (fam.). Le duc, (...) (À fra Leonardo). Eh bien, moine, puisque tu ne connais ni duc ni maître, place au plus fort! (A. Dumas Père, Lorenzino,1842, III, 5, p. 256).
2. Connaître qqc.,dans le domaine du dr.En Angleterre on ne connaît point la loi salique (Ac.1835-1932).Les populations de la Grèce et de l'Italie, dès l'Antiquité la plus haute, ont toujours connu et pratiqué la propriété privée (Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 68).
II.− Connaître qqc.Avoir présente à l'esprit l'idée plus ou moins précise ou complète d'un objet abstrait ou concret, existant ou non.
A.− PHILOS. et dans un contexte philos. gén. [L'obj. désigne tout objet possible de connaissance] La faculté de connaître étant supposée coextensive à la totalité de l'expérience (Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 192).Manque de fierté évident dans l'entêtement à vouloir connaître discursivement jusqu'au bout (G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 169).
Emploi abs. Le besoin, le désir, la soif de connaître; la difficulté de connaître; apprendre à connaître; connaître par les sens, l'intuition, l'intelligence.
Emploi subst. masc. avec valeur de neutre. Le connaître. Acte de connaître. Les limites du connaître (cf. connaissance, action, l'agir, l'être) :
2. La conscience est à nos yeux le moment le plus haut de la réalité et par là le connaître est au cœur de l'être. O. Hamelin, Essai sur les éléments principaux de la représentation,1907, p. 358.
B.− Être informé de et/ou sur l'existence ou la nature de quelque chose. Connaître un fait, une nouvelle; connaître la fonction, la nature, la valeur de qqc.; connaître les caractères, les propriétés d'un objet. Parvenue près d'un vieux châtaignier qu'elle connaissait, elle fit une dernière halte (Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 471).Il [ce marchand] les prévenait [les amateurs] (...) dès qu'il connaissait un objet à vendre pouvant leur convenir (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Baronne, 1887, p. 1300).L'homme connaît le monde non point par ce qu'il y dérobe mais par ce qu'il y ajoute : lui-même (Claudel, Art poétique,Connaissance du temps, 1907, p. 133):
3. Nous connaissons mal encore l'effet des substances chimiques contenues dans les aliments sur les activités physiologiques et mentales. Carrel, L'Homme cet inconnu,1935, p. 369.
SYNT. Connaître tous les détails d'une histoire, les secrets d'une organisation, l'objet d'une visite, les résultats d'une enquête, d'une recherche; connaître un restaurant; connaître les sentiments de qqn à son égard; être censé connaître qqc. PARAD. Avoir, prendre connaissance de qqc.; être renseigné sur, avoir communication de qqc., apprendre qqc.; être, se mettre au courant de qqc.
Locutions
1. Vx. ou littér. Connaître qqc., connaître que + ind.Trop pauvre d'argent pour mourir dans l'ivresse, En m'éveillant à jeun, je connus ma détresse (Delavigne, Les Enfants d'Édouard,1833, II, 3, p. 58):
4. ... − Mon père est Abdoullah-Khan, et sans doute vous connaissez qu'il est le lieutenant favori et le ministre tout-puissant de Son Altesse, que Dieu conserve! Gobineau, Nouvelles asiatiques,Les Amants de Kandahar, 1876, p. 267.
P. ext. Se rendre compte (de); avoir la révélation que. Synon. emphatique de savoir.Il [François] connut qu'elle [Jeannette] avait pleuré, et il en fut tracassé dans son esprit (G. Sand, François le Champi,1850, p. 115):
5. ... une folle bourrasque éclata, un soir, pendant le changement de marée. Les pêcheurs connurent qu'ils allaient écoper. Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 108.
2. Connaissant + subst.Synon. étant donné, sachant.Je redoutais son jugement, connaissant l'intransigeance de la jeunesse (Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1202).Construire un triangle ABC connaissant le côté (...), la hauteur (...) et l'angle (L. Roux E. Miellou, Géom.,Classes de seconde, 1946, p. 224).
3. Connaître qqc. à qqn; connaître une liaison à qqn. Savoir que quelqu'un a... :
6. Il [M. de Trailles] dépense toujours environ cent mille francs par an sans qu'on lui connaisse une seule propriété, ni un seul coupon de rente. Balzac, Gobseck,1830, p. 406.
4. Faire connaître qqc. à qqn; faire connaître que + ind.Synon. diffuser, divulguer.Je viens vous faire connaître que j'accepte votre proposition. Je refusais de faire connaître aux familles intéressées l'état de ma fortune (Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 144):
7. L'assemblée fit connaître avec éclat que, pour elle, le général de Gaulle représentait la France en guerre et que son gouvernement était celui de la République. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 158.
Synon. de exprimer, signifier.Faire connaître ses intentions, ses projets.
Synon. de présenter, lancer :
8. ... bulletins de maison, édités par certaines firmes importantes ou par des groupements de firmes pour faire connaître leurs produits ou leurs méthodes. La Civilisation écrite,1939, p. 1614.
C.− Savoir quelque chose le plus souvent dans un domaine particulier, moyennant l'étude systématique et/ ou la pratique, l'expérience.
1. [L'accent est mis sur le contenu du savoir] Connaître l'alphabet; connaître une langue, une discipline scientifique; connaître un (son) métier; connaître les plantes. Lorsque l'apprenti connaît suffisamment sa casse, cette étude est complétée par la lecture sur le plomb (E. Leclerc, Nouveau manuel complet de typogr.,1932, p. 74):
9. Prud'hon connaissant à fond la pratique matérielle de son art, beaucoup trop négligée par les artistes de son temps, ébauchait en grisaille... T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 20.
Spéc. Connaître ses auteurs, ses classiques. Synon. posséder*.Il ne connaît pas son texte.
SYNT., LOC., EXPR. Connaître qqc. sur le bout des doigts, par cœur, à fond, sommairement; connaître qqc. sous toutes ses faces; bien connaître une situation. Fam. En connaître un bout, un rayon sur qqc.; connaître la partie; connaître son affaire; connaître la chanson, la musique (fig.); je ne parle pas de ce que je ne connais pas; on ne se mêle pas de ces choses quand on ne les connaît pas; je ne le connais que trop; je la connais celle-là... il ne faut pas me la faire; je la connais dans les coins; je la connais! je ne connais que cela; on connaît ça! laisse-moi faire, ça me connaît!
2. [L'accent est mis sur la compétence particulière qui accompagne ou conditionne le savoir] Être compétent, (sous-entendu en quelque chose). Se connaître à, en qqc.; s'y connaître. [Fam.] Tu t'y connais un peu, toi? Il n'y connaît rien; je n'y connais pas grand chose; il ou elle ne connaît rien à rien. [Clapart :] − (...) Oscar devenir régisseur de Presles? (...) mais il faut savoir l'arpentage, se connaître à la culture (Balzac, Un Début dans la vie,1842, p. 418).Il prétendait se connaître aux arts; mais il s'en tenait à certains noms consacrés (R. Rolland, Jean-Christophe,L'Adolescent, 1905, p. 239).
Pour renforcer un jugement dans un domaine où l'on s'estime compétent. Comtesse, c'est de la sympathie, ou je ne m'y connais pas (A. Dumas Père, Un Mariage sous Louis XV,1841, I, 8, p. 119):
10. M. Feuillet les expédiait au ciel en deux ou trois ans au plus. Voilà un bon directeur spirituel, ou je ne m'y connais pas! A. France, La Vie littéraire,t. 1, 1888, p. 27.
Spéc., DR., emploi intrans. [Le suj. désigne un juge et, p. ext., une assemblée délibérative] Connaître de qqc.; en connaître. Être compétent pour juger. Connaître des contestations, des infractions, des litiges (relatifs à); ce juge ou ce tribunal ne peut pas connaître de cette affaire; il en connaît en première instance, en appel :
11. Quelqu'un peut avoir à se plaindre d'un acte arbitraire de la police; qui recevra sa plainte? Quel ministère connoîtra du délit? Chateaubriand, Polémique,1818-27, p. 128.
12. Il est interdit aux tribunaux judiciaires de connaître en principe des différends où l'administration est impliquée. G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 162.
P. ext., lang. littér. Être capable de connaître :
13. ... l'auteur [M. Sixte] de ces trois traités admet que l'esprit est impuissant à connaître des causes et des substances... P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 22.
D.− [Souvent avec une forte valeur affective] Savoir en vivant ou pour avoir vécu, éprouvé, ressenti ou senti quelque chose. Connaître la misère, la prison; connaître une vie difficile, un destin tragique; j'ai connu des temps meilleurs (fam.); j'ai connu cela avant vous (fam.) :
14. Il est certain qu'un véritable artiste connaît l'humilité devant les modèles des maîtres ou devant les formes que lui propose la nature. Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913, p. 169.
15. Tu ne te lèves pas assez tôt. Tu n'auras pas connu ces départs avant l'aube, ni tout ce que le vent matinal verse de martial dans le cœur. Gide, Journal,1938, p. 1300.
P. anal. [Le suj. désigne une œuvre ou une entreprise humaine] Qqc. connaît des difficultés, un renouveau, un retentissement, un grand succès; une entreprise connaît un grand développement. Depuis 1948, le cinéma soviétique connaît un nouvel et très remarquable essor (G. Sadoul, Hist. d'un art,1949, p. 356).Cette société paysanne traditionnelle a connu son apogée démographique au cours du XIXesiècle (Traité de sociol.,1967, p. 319).
Loc. et expr.
[Avec une idée d'appréciation] Avoir conscience de, p. ext., apprécier à sa vraie valeur. Connaître sa force, ses limites; tu ne connais pas ton bonheur, ta chance.
[Avec une nuance parfois péj.] Avoir de l'expérience. Connaître la vie; je connais bien la vie; tu ne connais rien de la vie. Elle connaissait trop la vie la pauvre Antoinette. Elle avait trop vu le monde, la réalité (Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 201).P. ext. Synon. emphatique de avoir.Je n'ai jamais connu la grippe, le mal de dent.
E.− [Le plus souvent à la forme négative] Apprécier et tenir compte de quelque chose dans la pratique. Ne connaître que son devoir, la loi, son plaisir; ne connaître que l'argent; il ne connaît pas la pitié. Il [Poirier] est bon et généreux, mais il a des idées étroites et ne connaît que son droit (E. Augier, Le Gendre de Monsieur Poirier,1854, p. 267).Il [le garde champêtre] s'entêta, en ancien militaire qui ne connaissait que sa consigne (Zola, La Terre,1887, p. 326).Vous êtes un agrégé hellénisant et ne voulez connaître que l'Antiquité (Barrès, Le Voyage de Sparte,1906, p. 56).
Expr. et loc. fam.
[Avec une nuance d'appréciation méliorative] Il résiste, châtiez-le, je ne connais que cela; je ne connais qu'une chose c'est d'agir franchement (Ac.1835-1932).
P. ext., fam. Une bonne pluie pour calmer les esprits, je ne connais que ça; une bonne pipe après le repas je ne connais que ça (ou je ne connais rien de meilleur, de comparable, de semblable).
Péj. Être dominé par une passion, une colère au point de ne plus admettre aucune considération d'aucune sorte. Il ne connaît plus rien; il ne connaît plus de frein, plus de loi; son ambition, sa violence ne connaît plus de bornes. Ma jalousie ne connut plus de bornes (Sartre, Les Mots,1964, p. 73):
16. Abandonné de Dieu qui punit en se retirant, il ne connoît plus de frein. D'autres cyniques étonnèrent la vertu, Voltaire étonne le vice. J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 1, 1821, p. 276.
III.− Connaître qqn.
A.− Être informé de et/ou sur l'existence de quelqu'un. Connaître qqn de nom, de vue. Un chantre à barbe noire que je connaissais pour l'avoir quelquefois aperçu dans la rue (Guéhenno, Journal d'une« Révolution », 1937, p. 94).Je connais un esthéticien qui fait des miracles (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 344):
17. ... beaucoup de malfaiteurs occupent à Paris une sorte de position officielle. La police les connaît, elle a leur nom et leur adresse, elle tient registre de leur corruption; elle les suit pas à pas, pour parvenir à les prendre en flagrant délit. L. Blanc, Organ. du travail,1845, p. 26.
B.− Connaître quelqu'un pour l'avoir rencontré et éventuellement entretenir avec lui des relations d'ordre social (cf. présenter (qqn), rencontrer). « Demain, je vous ferai connoître l'homme le plus intéressant de ce canton, » ... (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 3, 1801, p. 38).Nous l'avons connu comme client avant de le connaître comme ami (Maupassant, Pierre et Jean,1888, p. 344):
18. Elle me dit : « Oh! je sais que vos parents connaissent des gens très bien. Vous êtes ami de Robert Forestier et de Suzanne Delage. » Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 368.
Lang. de la politesse. Je suis content, enchanté, heureux, ravi de vous connaître.
SYNT. et EXPR. Je ne connais personne dans cette maison, ce pays; connaître un ministre; je l'ai connu au collège; je l'ai connu enfant; nous nous connaissons de longue date, depuis l'enfance; je connais du monde (beaucoup de monde, tout le monde) ici; je n'ai pas (encore) l'honneur de vous connaître; ne pas vouloir se faire connaître; d'où le connaissez-vous? Fam. Je ne le connais ni d'Ève ni d'Adam; il est connu comme le loup blanc. P. ell. Untel? Connais pas! Comment! Vous ne connaissez pas Untel?
Spécialement
Lang. culturelle. Ne plus connaître qqn. Synon. décider d'ignorer, de ne plus fréquenter qqn.J'estime qu'il s'est déshonoré, je ne le connais plus (Ac.1932).
Littér., p. euphém., domaine des relations charnelles.[P. réf. à la lang. de la Bible] Connaître une femme, un homme. Avoir avec elle, avec lui des relations sexuelles. Je suis l'immaculée effrénée. Je suis la vestale bacchante. Aucun homme ne m'a connue (Hugo, L'Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 96):
19. ... elle [la Mouquette] se livra dans une maladresse et un évanouissement de vierge, comme si c'était la première fois, et qu'elle n'eut jamais connu d'homme. Zola, Germinal,1885, p. 1353.
C.− Connaître et éventuellement apprécier quelqu'un dans sa nature, dans sa personnalité. Celui qui vous connaît et vous apprécie ne veut plus rien des biens de la terre (Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 191):
20. ... un garçon que j'avais connu si primesautier, si exubérant, si entier dans ses sympathies ou dans ses aversions. G. Leroux, Le Parfum de la dame en noir,1908, p. 11.
SYNT. et EXPR. Je le connais pour ce qu'il est; je le connais incapable de mentir; je connais quel homme il est; je le connais intimement; cet homme (ne) gagne (pas) à être connu. Fam. Il a bien trompé son monde, on ne le connaissait pas ainsi (sous ce jour); vous me connaissez (bien, très) mal! c'est (ce serait) bien (mal) peu me connaître que de penser que je peux (pourrais) faire telle chose; tel que (comme) je te connais, te connaissant comme je te connais, tu vas faire telle chose; je commence à vous connaître! je le connais comme si je l'avais fait; je le connais mieux qu'il ne se connaît.
Connaître qqn dans sa manière d'être; connaître le caractère, les défauts, les goûts, les habitudes de qqn; je connais son point faible :
21. Nous connaissons votre loyalisme. Il vous fera un devoir de ne rien révéler des instructions que vous aurez reçues. Romains, Les Copains,1913, p. 195.
En partic.
1. [Avec une idée de publicité] Connaître qqn; faire connaître qqn; se faire connaître par qqc., de qqn. Synon. être, faire, se faire apprécier, estimer, p. ext., devenir célèbre, acquérir une réputation; anton. méconnaître.La postérité ne connaît d'un acteur que la réputation que lui ont faite ses contemporains (E. Delacroix, Journal,p. 172).Un petit recueil de morceaux choisis, en vue de me faire connaître des bibliophiles illettrés (Bloy, Journal,1901, p. 59).
Péj. Faire connaître qqn (tel qu'il est). Synon. démasquer.Faire connaître le diffamateur, pièces en mains (J. Morienval, Les Créateurs de la grande presse en France,1934, p. 64).
2. [Avec une idée de connaissance approfondie, parfois péj.] Avoir une grande expérience, connaissance ou habitude de quelqu'un et, p. ext., des relations humaines. Tu ne connais pas les Brésiliens. C'est des crânes qui tiennent à s'empaler par le cœur! (Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 378):
22. madame de valrose. − Je connais si bien ce genre de femmes-là. Une personne à la mode, qui leur fait quelques avances, suffit pour leur tourner la tête. Leclercq, Proverbes dram.,Le Bal, 1835, 1, p. 95.
S'y connaître en... :
23. Le maître d'équipage, s'étant approché, tendit la main à Yves. Jadis il avait été, lui aussi, un gabier dur à la peine; il s'y connaissait en hommes courageux et forts. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 13.
Expr. Un officier connaît ses hommes; je connais les (mes) gens; je connais (bien) le (mon) monde. Fam.! Je connais ce monde-là! je connais l' (mon) homme! que vous connaissez peu les femmes (hommes)!
3. [En relation avec la durée de l'existence humaine] Il n'a jamais connu son père (mort trop tôt).
D.− Emploi pronom. réfl. Se connaître.
1. PHILOS. [P. allus. à l'inscription frontale du temple de Delphes dont Socrate avait fait sa devise : Connais-toi toi-même] Socrate. − Se construire, se connaître soi-même, sont-ce deux actes, ou non? (Valéry, Eupalinos,1923, p. 66):
24. ... faut-il avouer que le « connais-toi toi-même » peut devenir une forme du titanisme, quand il n'est pas tempéré par une tenace patience à l'égard de ses propres ténèbres? Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 436.
− Dans un contexte littér.Se connaître et s'accepter, ce n'est pas renoncer à l'effort, au perfectionnement : bien au contraire! (R. Martin du Gard, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 951).
2. P. ext. Ne plus se connaître (cf. supra II E). Sortir des limites du raisonnable. Il [Spiagudry] est aussi lâche que méchant. Quand la peur le prend, il ne se connaît plus (Hugo, Han d'Islande,1823, p. 167).Elle (Mademoiselle Sergent) ne se connaissait plus : « Tu en feras tant que je te tuerai, » qu'elle disait à Aimée (Colette, Claudine à Paris,1901, p. 169).
Rem. On rencontre ds la docum. le verbe trans. con(n)obrer appartenant à la lang. arg. attesté pour la 1refois en 1811 (Le tapis de Montron, chans. arg. ds F. Vidocq, Les Voleurs, p. XLX) puis chez O. Méténier : La fille : j'ai pas connobré un miché de l'an passé (La Lutte pour l'amour, 1891, p. 282). L. Daudet emploie la var. cognobrer : je le cognobre pas, ce Mézut, avec son gourbi de peinture. C'est-il un rupin ou un fauché? (Ariane, 1936, p. 21). Ce verbe est prob. issu en arg., du croisement de connaître (lat. cognoscere) avec l'esp. columbrar « voir de loin, entrevoir » (Cor.); cf. var. arg. colomber (1829 ds Esn.).
Prononc. et Orth. : [kɔnε:tʀ ̥], (je) connais [kɔnε]. -Ai-est la graph. proposée en 1675 par Berain, défendue par Voltaire mais adoptée seulement en 1835 par l'Ac. pour figurer la prononc. en [ε] ouvert de l'anc. diphtongue -oi- [ɔi], [ɔ ε] devenue [wε] qui se réduit à [ε] dans certaines classes de mots (alors que dans d'autres elle se transforme en [wa] cf. aboyer). Dès 1300 dans le peuple de Paris et régulièrement à partir du xvies. (cf. Bourc.-Bourc. 1967, § 54). L'a. fr. connoistre est enregistré ds Ac. 1694 et 1718; connoître avec disparition de s implosif et apparition de l'accent circonflexe ds Ac. 1740-1798; la forme mod. connaître à partir de Ac. 1835 jusqu'à 1932. Les dér. du verbe s'écrivent de même par -oi- de 1694-1798 : connoissable, connoissance, connoissement, connoisseur et par -ai- à partir de 1835. Ds la docum. on rencontre de nombreuses formes en -oi- au début du xixes. notamment chez les écrivains aristocrates et volontiers archaïsants tels que Chateaubriand (cf. p. ex. ds Génie du christianisme, t. 1, 1803, p. 2); mais on relève aussi chez cet aut. des formes en -ai- cf. ds René, 1802, p. 24 : je connaissois-ai- s'explique par dissimilation avec la finale). Pour des formes en -oi- cf. encore J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 518 et Balzac, Annette et le criminel, t. 3, 1824, p. 240. La prononc. [ε] a été traduite aussi par la graph. e comme le démontrent les vedettes connestre, connessance enregistrées à titre hist. ds Ac. Compl. 1842 et ds Lar. 19e. Noter la graph. étymol. (sur le lat. class.) cognoistre ds Ac. 1694 (en tant que vedette de renvoi à connoistre) et avec ses dér. : cognoissance, cognoissant, cognoissement ds Ac. Compl. 1842 qui note également le part. passé cognu et Lar. 19e(à titre hist.). Étymol. et Hist. A. « Savoir que quelqu'un, quelque chose existe, avoir une idée de quelqu'un, quelque chose » 1. ca 1050 conoistre en parlant d'une personne qu'on a pu voir, fréquenter (Vie de Saint Alexis, éd. C. Storey, 360); 2. ca 1170 spéc. connaître une femme (Rois 3el., éd. E. R. Curtius, p. 110); 3. a) 1160-74 « avoir acquis des connaissances dans un domaine » (Wace, Rou, éd. H. Andresen, II, 1119); b) ca 1230 se connaître (d'une personne) (Merlin, fo71 rods Littré); c) 1268 se connaître à ou en qqc. (E. Boileau, Livre des Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, titre LXXV, 10, p. 158); d) 1549 dr. connaître de (Est.); 4. a) ca 1175 « éprouver, ressentir » (Chr. de Troyes, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 457); b) fin du xviies. « avoir, être soumis à » (Bossuet, Pensées, 33 ds Littré). B. « Reconnaître » 1. ca 1050 « reconnaître (quelqu'un ou quelque chose que l'on connaît déjà) » (Vie de Saint-Alexis, éd. C. Storey, 115); 2. a) ca 1100 « reconnaître à quelqu'un une certaine supériorité » (Roland, éd. J. Bédier, 3901); b) 1835 ne connaître que (Ac.); 3. fin du xiies. connaître qqc. de qqc. « distinguer quelque chose d'avec quelque chose » (Flore et Blancheflor, 496 ds T.-L.). Du lat. class. cognoscere « apprendre à connaître, connaître; reconnaître; connaître d'une affaire » et « avoir commerce charnel avec ». Fréq. abs. littér. : 37 999. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 51 273, b) 45 868; xxes. : a) 55 632, b) 59 820. Bbg. Cohen 1946, p. 34. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Mots. t. 1. 1962, p. 284. − Lerat (P.). Le Champ ling. des verbes savoir et connaître. Cah. Lexicol. 1972, no20, pp. 53-63. − Melander (J.). Le Tour fr. « Cet homme, je le connais » St. neophilol. 1943/44, t. 16, pp. 195-200. − Ménage. Connaître; − connaître de... Fr. mod. 1939, t. 7, pp. 257-258. − Rat (M.). Il n'y a pas de synon. Connaître et savoir. Vie Lang. 1966, pp. 103-107. − Sain. Lang. par. 1920, p. 142. − Straka (G.). En relisant Menaud, maître-draveur. In : [Mél. Imbs (P.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1973, t. 11, no1, p. 283.

Wiktionnaire

Verbe - français

connaître \kɔ.nɛtʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (orthographe traditionnelle) (pronominal : se connaître)

  1. Faire ou avoir fait l’expérience permettant une représentation mentale de quelque chose ou quelqu’un, avoir l’idée, la notion d’une personne ou d’une chose.
    • Nous sommes si éloignés de connaître tous les agens de la nature, et leurs divers modes d’action ; qu’il ne serait pas philosophique de nier les phénomènes, uniquement parce qu’ils sont inexplicables dans l’état actuel de nos connaissances. — (Pierre-Simon de Laplace, Essai philosophique sur les probabilités, Mme Ve Courcier, Paris, 1814 (2e édition))
    • On entendait incessamment sur le parc de Neuilly grêler les balles à travers les branches avec ce bruit des orages d'été que nous connaissons si bien. — (Louise Michel, La Commune, Paris : P.-V. Stock, 1898, page 219)
    • Durtal le connaissait ce moment délicieux où l’on reprend haleine, encore abasourdi par ce brusque passage d’une bise cinglante à une caresse veloutée d’air. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • En Franche-Comté, les réfugiés trouvèrent une législation à peu près aussi tracassière que celle qu'ils avaient connu en France. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • La ligne de défense que les Allemands avaient construite au sud des villages de Banogne, Recouvrance, Saint-Fergeux était connue sous le nom de Hundingstellung. — (Jean Julien Weber, Sur les pentes du Golgotha: un prêtre dans les tranchées, Nuée bleue, 2001, page 231)
    • Par là vous pouvez connaître combien il est à redouter.
    • Ce chien connaît bien son maître.
    • Ce cheval connaît le chemin.
    • La plupart des animaux connaissent les plantes qui peuvent leur être nuisibles.
  2. (Figuré) (Dans une forme négative) Prendre en considération ; faire acception.
    • La littérature érotique embrasse plus de réalités psychologiques que la morale bourgeoise ne voulait en connaître, et que le puritanisme n'en tolère. — (Denis de Rougemont, Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l'Amour, Albin Michel, 1961, page 41)
    • Alliant tradition et modernité, la phytothérapie n'est exclusive d'aucune autre thérapeutique. Elle connaît des précautions d'emploi, des contre-indications, des interactions et, nous l'avons vu, un professionnel de la santé est le mieux placé pour la conseiller à chacun, selon ses besoins. — (Eric Lorrain, La phytothérapie, éd. La Boétie, 2013, § 97)
    • Il veut que tous soient également soumis à la discipline et il ne connaît à cet égard ni parents ni amis.
    • Quand il s’agit de ses intérêts, il ne connaît personne.
  3. Avoir une grande pratique, un grand usage, des choses qu’on a étudiées et auxquelles on s’entend bien.
    • Il voudrait tout connaître. — Connaître une langue, une science, un art.
    • Il affrontait tous les temps, bravait toutes les mers et prétendait que la mer et lui se connaissaient trop, depuis longtemps, « pour se faire des méchancetés ». — (Octave Mirbeau, Les eaux muettes )
    • Il connaît les mathématiques, le grec, le latin.
    • Connaître à fond une science, une affaire. — Connaître les livres, les pierreries, les tableaux, etc.
    • Je ne parle point de ce que je ne connais pas. — Il connaît les ruses du métier, ce que l’expérience nous apprend à connaître.
    • (Absolument)Le désir de connaître, de s’instruire, de s’éclairer.
  4. (Par analogie) Avoir une bonne pratique d'une personne ou d'un groupe humain.
    • — Comment sais-tu ?
      Elle soupira, répondit par une phrase qui lui était familière.
      — Je te connais comme si je t’avais fait…
      — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, page 111)
    • Je connais bien cet homme, et je peux compter sur lui.
    • Je le connais pour ce qu’il est. — Il a trompé bien du monde, on ne le connaissait pas.
    • Cet homme gagne à être connu.— Je le connais incapable de mentir.
    • Je connais votre cœur. — Vous me connaissez mal, si vous m’attribuez de telles intentions.
    • Que vous connaissez peu les hommes ! — C’est un homme qui connaît bien le monde.
  5. Être en capacité d’apprécier, de juger, une ou des personnes.
    • Le siècle qui posséda ce grand homme ne le connut pas.
    • On perdit cet écrivain lorsqu’on commençait enfin à le connaître.
    • C’est un homme connu. — Il est connu par son mérite.
  6. Avoir des liaisons, des relations avec quelqu’un.
    • […] : un jeune homme que je connaissais à Évian s’est tué sous la fenêtre d’une de mes amies qui avait été coquette avec lui. — (Maurice Rostand, La Solitude passionnée, 1925)
    • Connaissez-vous quelqu’un de mes juges ? — Je n’en connais pas un.
    • Il connaît tout le monde. — Je vous le ferai connaître.
    • Je ne connais point cet homme-là, ni ne veux le connaître. — Nous vous connaissons depuis longtemps.
  7. (Littéraire) (Par euphémisme) Avoir des relations sexuelles avec une personne.
    • À son âge, en nos campagnes, quel garçon n'a pas connu la femme. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 33)
  8. Sentir, éprouver, en parlant tant au sens physique qu’au sens moral.
    • C'est ainsi que la quasi-totalité des prix des grands produits industriels connaissent au XIXe siècle un trend orienté à la baisse. — (Jean-Pierre Rioux, La révolution industrielle : 1780-1880, Éditions du Seuil, 1971, p.84)
    • Il faut souligner que, si les aciers inoxydables ont connu l'extraordinaire développement que nous connaissons, cela est dû à la disponibilité à grande échelle des métaux entrant dans leur composition, […]. — (Pierre-Jean Cunat, Aciers inoxydables : Critères de choix et structure, Éditions Techniques de l'Ingénieur, document M 4 540, non daté, § 1.1, page 2)
    • On ne connaît point l’hiver à la Martinique.
    • Vous êtes heureux de n’avoir jamais connu le mal de dents, le mal de tête.
    • Il n’a jamais connu la haine, la jalousie, etc. — Son cœur allait bientôt connaître l’amour.
    • Il ne connaît point la crainte. — J’ai connu l’infortune.
  9. Pratiquer une chose, l’admettre, s’y conformer, s’y soumettre. — Note : Dans ce sens, il se joint ordinairement avec la négation.
    • En Angleterre, on ne connaît point la loi salique.
    • Cet usage n’est point connu dans tel pays.
    • Ce peuple ne connaît point les raffinements du luxe.
    • Il ne connaît point ces vains ménagements.
    • Sa rage ne connut plus de frein.
    • Sa charité ne connaît point de bornes.
    • On dit dans un sens analogue
    • Ce cheval connaît la bride, les éperons, etc.
  10. Supporter, admettre.
    • Ne point connaître de supérieur, de maître.
    • Je ne connais de maître que vous, que lui, etc.
    • Je ne connais ici d’autre maître que moi, etc.
  11. (Intransitif) (Droit) Avoir autorité et compétence pour juger de certaines matières.
    • Ce juge connaît des matières civiles et criminelles.
    • Il en connaît en première instance. — Il en connaît par appel.
    • Il ne peut pas connaître de cela.
    • Elles admettent que les décisions gouvernementales les plus importantes sont prises pour des motifs qu’on ne peut pas leur exposer, en des formes dont elles n’ont pas à connaître. — (Emmanuel Berl, La Politique et les partis, Les Éditions Rieder, 1932, page 164)
  12. (Pronominal) Prendre une juste idée de soi-même, de ses forces, de sa dignité, etc.
    • L'homme emporté et furieux ne connaît personne, il se connaît à peine lui-même. Il n'est capable de rien entendre; la colère lui fait prononcer une multitude de paroles vagues, dont il perd jusqu'au souvenir; […]. — (« Œuvres oratoires de Jacques-Denis Cochin, curé de Saint-Jacques du Haut-Pas », dans la Collection intégrale et universelle des orateurs chrétiens, publiés par l'Abbé Migne, tome 98 (volume 31 de la 2e série), Paris, chez J.-P. Migne, 1866, p. 587)
    • « Connais-toi toi-même » est une des plus belles maximes de la philosophie antique.
    • Je me connais, à sa vue il me serait impossible de me contenir.
    • Apprenez à mieux vous connaître.
    • Un homme sage et qui sait se connaître.
    • Il ne se connaît plus.
    • Se connaître à quelque chose, en quelque chose : Savoir en bien juger.
    • Il se connaît en mérite, en poésie.
    • Vous connaissez-vous à cela ?
    • Je m’y connais mieux que vous.
    • Il ne s’y connaît point du tout.
  13. (Pronominal) Être réputé, être perçu d’une façon, en parlant des choses.
  14. (Pronominal) Être visible, apparent.
    • Au matin, le ciel se découvrit, les étoiles se remirent à luire, le grand vent en avait éteint si peu que ça ne se connaissait pas. — (Léonce Bourliaguet, Les aventures du petit rat Justin, Société universitaire d’Éditions et de Librairie, 1935, page 108)
  15. (Nouvelle-Calédonie) (Familier) Savoir. Dans une phrase exclamative, marque la surprise ou l'admiration[1].
    • Tu connais faire du porc au sucre ?
    • Tu connais que c'est un costaud lui !
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Littré (1872-1877)

CONNAÎTRE (ko-nê-tr'), je connais, tu connais, il connaît, nous connaissons ; je connaissais ; je connus, nous connûmes ; je connaîtrai ; connais, connaissons ; que je connaisse, que nous connaissions ; que je connusse, que nous connussions ; connaissant ; connu v. a.
  • 1Savoir ce qu'est une personne ou une chose. Le loup qui la connaît, malin et défiant, Régnier, Sat. III. Si vous m'aviez connu, vous l'auriez su prévoir, Corneille, Sertor. V, 6. Après qu'on eut bien contesté, Répliqué, crié, tempêté, Le juge, instruit de leur malice, Leur dit : Je vous connais de longtemps, mes amis, La Fontaine, Fab. II, 3. Elle confesse humblement que, de ce jour seulement, elle commence à connaître Dieu, n'appelant pas le connaître que de regarder encore tant soit peu le monde, Bossuet, Duch. d'Orl. Heureuse de connaître et d'aimer celui qui se connaît et s'aime éternellement [Dieu], l'âme a voulu, comme lui, faire elle-même sa félicité, Bossuet, la Vallière. … Pour un enfant qu'ils ne connaissent pas, Racine, Athal. III, 3. Nourri dans le sérail, j'en connais les détours, Racine, Baj. IV, 7. Ne connaissez-vous pas la voix de votre époux ? Racine, Esth. II, 7. Si, dès mes premiers ans, heurtant tous les mortels, L'encre a toujours pour moi coulé sur tes autels [de la chicane], Daigne encor me connaître en ma saison dernière, Boileau, Lutr. V. Je lui dirais bientôt : je connais tous vos pères, Je sais qu'ils ont brillé dans ce fameux combat Où sous l'un des Valois Enghien sauva l'État, Boileau, Sat. X. Je ne le connais plus que pour votre assassin, Racine, Iph. III, 6. Il devait me connaître, Il devait respecter un cœur tel que le mien, Voltaire, Tancr. IV, 5. Un vieux conteur de voyage, Qui vous dit d'un air ingénu Ce qu'on n'a ni vu ni connu, Voltaire, Goût.

    Se faire connaître, dire son nom, dire qui on est. Si le mari ne s'était fait connaître, Elle en allait enfiler encor plus, La Fontaine, Mari confess. La première fois que je vis M. Rebours, je me fis connaître à lui… je lui demandai permission de le revoir de temps en temps, Pascal, Lettre à sa sœur, 26 janv. 1648.

    Se faire connaître, appeler sur soi l'attention, montrer de quoi l'on est capable. Mes pareils à deux fois ne se font point connaître Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître, Corneille, Cid, II, 2.

    Se faire connaître, venir à la connaissance, en parlant des choses. Mais si la vérité par toi se fait connaître, Voltaire, Zaïre, V, 10.

    Ne vouloir pas être connu, garder l'incognito.

    Familièrement. Ne connaître ni Dieu, ni diable, n'avoir point de religion.

    Absolument. Ô âme, vous connaissez et vous aimez, c'est là ce que vous avez de plus essentiel, et c'est par là que vous ressemblez à votre auteur, qui n'est que connaissance et qu'amour, Bossuet, la Vallière.

  • 2Avoir des relations d'affaires ou de société avec quelqu'un. Connaissez-vous beaucoup de monde en cette ville ?

    Familièrement. Je ne le connais ni d'Ève ni d'Adam, je ne le connais aucunement.

    Je ne connais autre, c'est l'homme que je connais le plus.

    Ne plus connaître quelqu'un, ne plus vouloir l'aborder ou en être abordé. Il ne me connaît plus depuis que je suis dans l'adversité. Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. - Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue, Corneille, Hor. II, 3.

  • 3 Terme de l'Écriture. Connaître une femme, avoir avec elle un commerce charnel. Joseph n'avait point connu Marie quand elle enfanta son fils premier-né, Nouveau Test. St Matthieu, ch. I. Nicoclès faisait gloire de n'avoir jamais connu d'autre femme que la sienne pendant tout le temps de son règne, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. V, p. 456, dans POUGENS. Adam connut sa femme ève, qui conçut et enfanta Caïn, Voltaire, Phil. IV, 21.

    On dit aussi connaître charnellement.

  • 4Savoir, avoir appris, s'apercevoir. Je n'ai pas connu cet accident. Vous connaissez mon malheur, mes peines. Surpris de cette réponse, je connus bien que…, Pascal, Prov. 1. J'ai connu que notre nature…, Pascal, dans COUSIN. Ils connaissent que la gloire ne peut s'accorder qu'avec le mérite, Bossuet, Hist. Préf. Les pilotes connaissaient que l'île était inaccessible, Fénelon, Tél. VII. Je connais que ces mages sont très utiles, Voltaire, Babouc.
  • 5Être devenu habile en. Il connaît les mathématiques, le grec, le latin. Il connaît toutes les ruses du métier. C'est un homme qui connaît bien la guerre. Je ne parle point de ce que je ne connais pas. Racine, c'est-à-dire l'homme qui après Virgile, a le mieux connu l'art des vers, Voltaire, Mariamne, préface.

    Familièrement. C'est un homme qui ne connaît rien, c'est un ignorant, il est étranger à tout.

    Absolument. S'instruire, s'éclairer. Le désir de connaître.

    Terme de manége. Connaître les éperons, les jambes, la bride, etc. se dit d'un cheval qui comprend les divers mouvements de son cavalier.

  • 6Discerner. Connaître le bien et le mal. Il ne connaît pas sa main droite de sa main gauche. À connaître un pourpoint d'avec un haut-de-chausse, Molière, Femmes sav. II, 7.

    Fig. Le fer ne connaîtra ni le sexe ni l'âge, Racine, Esth. I, 3.

  • 7Distinguer, reconnaître. Il me connut à la voix. Je ne l'ai vu qu'une fois, mais je le connaîtrais entre mille. Le chien connaît bien son maître. Si c'était lui-même, il pourrait me connaître, Corneille, le Menteur, III, 3.

    Absolument. Votre enfant embellit ; elle rit, elle connaît, Sévigné, 21.

    Fig. Je ne le connais plus, ce n'est plus le même homme. Vous avez fait d'Idoménée le plus sage des rois, je ne le connais plus ni lui ni son peuple, Fénelon, Tél. XXII. Ami, depuis deux jours je ne la connais plus, Racine, Athal. III, 3.

  • 8Apprécier, juger. Je vous connaissais mal, Corneille, Rodog. II, 2. J'ai mal connu César…, Corneille, Pomp. IV, 1. Mon bras… Ingrat, va me punir de t'avoir mal connu, Voltaire, Brutus, IV, 3. J'ai mal connu les dieux ; j'ai mal connu les hommes, J'en attendais justice, ils la refusent tous, Voltaire, Mérope, II, 3.

    Connaître son monde, bien juger les gens à qui l'on a affaire.

  • 9Admettre. Ils ne connaissent de bonheur que dans la vertu. Mais ici mon pouvoir ne connaît pas le sien, Racine, Mithr. I, 1.
  • 10Ressentir, être sujet à. On ne connaît point l'hiver à la Martinique. Au sortir du berceau, j'ai connu les revers, Voltaire, Tancr. I, 4. Antoine, tu le sais, ne connaît point l'envie, Voltaire, Mort de Cés. I, 1. Les dieux qui vengent le parjure, Sont témoins si ma bouche a connu l'imposture, Voltaire, Mérope, III, 4.
  • 11Se soumettre. L'Angleterre ne connaît point la loi salique. Une armée romaine ne connaissait que la discipline. Il connaîtra des supérieurs. Je ne connais de maître que vous. Une liberté qui ne connaît aucune règle, Bossuet, Pensées, 33.

    Il ne connaît plus rien, sa passion l'emporte. Quand il s'agit de ses intérêts, il ne connaît ni parents ni amis, il n'a pas plus de considération pour eux que s'ils lui étaient étrangers.

  • 12Ne connaître que, ne considérer que, tenir exclusivement à. Ne connaître que son devoir, que la règle. Ne connaître que ses intérêts. Je ne connais qu'une chose, c'est d'agir franchement.

    Familièrement. Je ne connais que cela, c'est la seule chose à faire. Il faut que vous obéissiez, je ne connais que cela.

  • 13 V. n. Terme de procédure. Connaître de, avoir caractère pour juger ou faire des actes d'instruction en certaines causes. Ce tribunal, ce juge connaît des matières civiles, criminelles. Le roi voulut connaître de l'affaire, Vaugelas, Q. C. liv. X, dans RICHELET. Quelque bruit que fît le nonce d'abord, de ce qu'on ne prenait pas des ecclésiastiques pour connaître d'une matière ecclésiastique, Pascal, Prov. XIX, Lettre d'un avocat à un de ses amis. Ils obtinrent un arrêt du conseil, qui défendit au parlement de connaître de cette affaire, Pascal, ib. Le préteur qui connaissait des crimes dont on l'accusait [Pison], Perrot D'Ablancourt, Tac. 123.

    Par extension. S'il s'agit enfin d'un point de fait, nous en croirons les sens, auxquels il appartient naturellement d'en connaître, Pascal, Prov. 18. L'autorité y est inutile ; la raison seule a lieu d'en connaître, Pascal, Vide.

  • 14Se connaître, v. réfl. Savoir qui on est. De tous trois ce désordre en un jour me fait naître Pour me faire mourir enfin sans me connaître, Corneille, Héracl. V, 6. De grâce, dites-moi, vous connaissez-vous bien ? Corneille, D. Sanche, IV, 3. Vos destins sont comblés, vous allez vous connaître, Voltaire, Œdipe, III, 4.

    Fig. … Si jeune encor se connaît-il lui-même ? D'un regard enchanteur connaît-il le poison ? Racine, Brit. II, 2.

  • 15Se connaître, avoir la connaissance de ce qu'on est, de ses penchants, de ses forces. Connais-toi toi-même. Sous lui [Louis XIV] la France apprit à se connaître ; elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas, Bossuet, Marie-Thér. Je crains de me connaître en l'état où je suis ; De tout ce que tu vois, tâche de ne rien croire ; Crois que je n'aime plus ; vante-moi ma victoire, Racine, Andr. II, 1. Je ne me suis connu qu'au bout de ma carrière, Voltaire, Alz. V, 7.

    Ce malade ne se connaît plus, il n'a plus sa connaissance.

    Ne plus se connaître, être hors de soi, s'abandonner sans frein à son emportement. Guide-moi, Dieu puissant, je ne me connais pas, Voltaire, Zaïre, V, 10. Alors cette femme ne se connaît plus ; elle se répand en invectives, en menaces, Diderot, Ess. s. Claude.

    Ne pas se connaître, méconnaître sa condition, élever trop haut ses visées. Martian se connaîtrait si peu Que d'oser…, Corneille, Othon, IV, 1.

  • 16Se connaître, être de connaissance, être lié. Ils se connaissent l'un l'autre depuis longtemps.

    Fig. Adieu, monde fuyant, nature, humanité, Vaine forme de l'être, ombre d'un météore, Nous nous connaissons trop pour nous tromper encore, Lamartine, Harm. IV, 11.

  • 17Se connaître à ou en, pouvoir bien juger d'une matière. Il se connaît en livres, en tableaux. Je vois bien que je ne me connais guère en péché, Pascal, Prov. 9. Je ne me connais pas trop mal en amitié, Sévigné, 3. … Je suis quelque peu du métier, à me devoir connaître en un pareil gibier, Molière, l'Étour. III, 2. Jupiter qui sans doute en plaisirs se connaît, Molière, Prol. Amph. Ceux qui se connaissent en hommes, Fénelon, Tél. XXII. Les femmes se connaissent plus finement à bien faire les choses, parce que l'avantage de plaire leur est naturel, Le Chevalier de Méré, dans RICHELET. La suite des paroles de M. Jurieu fera bien voir qu'il ne se connaît pas mieux en morale qu'en christianisme, Bossuet, Variations, X. Le héros [de la satire de Boileau sur la noblesse] était bien choisi et par sa naissance et par sa réputation de se connaître en vers, et par son inclination à favoriser le mérite, Fontenelle, Dangeau. Moi, j'en crois ceux qui s'y connaissent, Les anciens préjugés renaissent, Béranger, Vieux habits.
  • 18En parlant des choses, être jugé, apprécié. L'arbre se connaît à ses fruits.

    Impersonnellement, il se connaît, on connaît, on voit. Que sa façon est brave et sa mine assurée ! Qu'elle a fait richement son armure étoffer ! Et qu'il se connaît bien, à la voir si parée, Que tu vas triompher ! Malherbe, II, 12.

REMARQUE

Se connaître à, pour dire être habile dans, ne peut s'expliquer par connaître soi-même. C'est une locution qui a une autre explication ; connaître est ici verbe neutre, signifiant être habile, entendu, et le pronom réfléchi y est joint comme dans plusieurs verbes neutres. Voy. au mot APERCEVOIR, Remarque 1, où cela est expliqué. On trouve des exemples de se connaître à dès le XIIIe siècle.

HISTORIQUE

XIe s. Si home occit altre et il seit conusaunt…, Lois de Guill. 8. N'est hom qui l'veit et conuistre le sait, Qui ce ne die, Ch. de Rol. XXXIX. Au fier visage [il] le connut veirement, ib. CXXIII. [Je] bien le conuis, gueredon [je] vous en dei, ib. CCXLVIII. L'un conuist l'autre as hautes voiz et claires, ib. CCLX. De vasselage te conoissent ti pair, ib. CCLXXXVI.

XIIe s. Bien conoisez quels est ses fier talens, Ronc. p. 35. Bien le conuit Rolant li niés [neveu] Charlon As garniments qu'il ot et au dragon, ib. p. 47. En tant estor as esté coneüz, ib. p. 75. De pitié plore li vassaus coneüz [renommé], ib. p. 81. Et dit au roi : cist cors [ce cor] est conoissanz [se fait connaître], ib. p. 84. Ne coneit il negun home charnel, ib. p. 91. S'il ce conoit [avoue] que ci [je] vous oi [ouïs] conter, ib. p. 180. Connissiez [connaissez] donc la folie, Couci, III. Ele voit bien et conoist et entent Qu'il n'en est plus qui si aimt [aime] leaument, ib. V. Et bien [je] connoiz que [je] n'i puis avenir [arriver], ib. VIII. Dont li torz est conneüs et prouvés, ib. XI. Tel blasme amors qui en toute sa vie Leal amor ne bonne ne connut, Quesnes, Romancero, p. 86. Du servir est drois ; Maintenir le devons ; ce [je] tesmoign et connois, Sax. XVIII. … Habraam à qui Deus comanda Que de sa terre eissist ; e li bers s'en ala, Guerpi ses conissanz, sa feme od sei mena, Th. le mart. 65.

XIIIe s. Mais, espoir [sans doute], ce m'a grevé Qu'on ne connoit boin servise Tant qu'on ait autre esprouvé, Aub. de Sezanne, Romancero, p. 127. N'est nus [nul] qui la connoisse, qui forment ne la prise, Berte, VI. Et peut on clairement connoistre leur afaire, ib. LXIX. [Je] bien sai que par mes piés conneües [nous] serons, ib. LXXVII. À ce qu'il a oy (oy avec un y bref), [il] connoist la tricherie, ib. X. La traïson [elle] connoist [avoue], tout ainsi faitement Comme elle l'arréa, ib. XCV. Ele m'a conneü [avoué] qu'ele est Berte apelée, ib. CXV. Vous ne me cognoissiez ? je sui le roi Pepin, ib. CXX. Tantost [elle] connut [reconnut] sa mere, as piés lui est alée, ib. CXXVI. Li rois regarde et vit Blondiel et pensa coment il se feroit à lui conoistre, Chr. de Rains, p. 55. Ceus qui connoissent [avouent] aussi bien come ceus qui nient, Liv. des mét. p. 13. L'en ne doit pas metre fil ne coton avecques soie, pour ce que c'est decevance à ceus qui ne s'i connoissent, ib. 193. À ce sunt cil bien cognoissant Qui vont les dames traïssant, la Rose, 2563. Et se tu es bien congnoissans, Et vois que Diex est tous poissans, ib. 6331. Je me fais apeler oiseuse, Dist-ele, à tous mes congnoissans ; Si sui riche fame et poissans, ib. 583. Acoustumance est trop poissans ; Et se bien la sui congnoissans, Mainte chose desplet novele Qui par acoustumance est bele, ib. 7178. Je vos connois bien [je reconnais] qu'il a cinq ans que je voz convenenchai à asseïr dix livrées de terre sor mon heritage, Beaumanoir, IX, 7. L'uitisme vertu [du bailli] si est que il soit très bien connissans, Beaumanoir, IX, 23. Vous gardez que vous ne faites ne ne dites rien à vostre escient nulle riens, que se tout le monde le savoit, que vous ne peussiez congnoistre, Joinville, 194. Il [Dieu] conoist miauz [mieux] les gens que il ne se connoissent, Merlin, f° 71, recto. Maistres, qu'est che chi qui me lieve ? Vous connissiez vous en cest mal ? Théâtre français, p. 62. Sires, fait ele, or m'esbahis De ce qu'ainçois ne vos connui, Je vos en ai fait grant ennui ; Je me tieng ore molt por fole ; Or vous connois à la parole, Fabliaux mss. p. 365, dans LACURNE.

XIVe s. Et pour ce quierent ilz et desirent ilz estre honerez des saiges et entre ceulx de qui il sont congneuz et en bien et en vertu, Oresme, Eth. V, 9. Et vous devez faire semblant devant vos gens que vous y congnoissiez et que vous l'avez à cuer, Ménagier, II, 3.

XVe s. Et ne trouvoit on medecin qui se connust en sa maladie, Froissart, III, IV, 82. Lesquels ils ne vouloient mie connoistre [faire connaître] à ceux qui leur en demandoient, Froissart, I, I, 63. Je ne me connois mais à l'estat de France, Froissart, II, II, 229. Le roi d'Angleterre, qui ouït et entendit messire Godefroy parler, connut assez qu'il disoit verité, Froissart, I, I, 272. Et s'ils [les princes] le [un sage homme] connoissent, si ne leur en chaut-il, et departent leur auctorité à ceulx qui plus leur sont agreables, Commines, I, 12. Un legat du pape envoyé pour pacifier et pour congnoistre du different de l'evesque et du peuple, Commines, II, 10. … Et print suspection, le regarda au visage et le congneut [reconnut], Commines, IV, 1. Comment le roy estoit allé en Bourbonnoys, congnoissant que tous les seigneurs du royaulme se declairoient contre luy…, Commines, I, 2. Il faut que ayez homme qui se congnoisse bien en chevaulx, Jehan de Saintré, ch. 15.

XVIe s. Compte de tes cognoissants [connaissances] combien il en est mort, Montaigne, I, 73. Il avoit cogneu longtemps un marchand à Toulouse, Montaigne, I, 100. Je me cognois assez aux ouvrages d'aultruy, Montaigne, III, 34. Ceste prophetie luy defendoit de toucher et cognoistre femme, qu'il ne fust de retour à Athenes, Amyot, Thés. 4. Il les mesla parmy les autres filles, sans que personne y cogneust rien, Amyot, ib. 27. Il donna aux nobles la charge de cognoistre des choses appartenantes au faict de la religion, Amyot, ib. 29. Ilz l'avoient envoyé querir pour cognoistre, composer et pacifier leurs differents, Amyot, Pélop. 48.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CONNAÎTRE. - REM. Ajoutez :

2. Au XVIe s. cognoistre se prononçait conoistre, le g ne se faisant pas sentir (voy. LIVET, la Gramm. franç. p. 168).

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Étymologie de « connaître »

(1050) Du moyen français connoistre, de l’ancien français conoistre, du latin cognoscĕre (« fréquenter, apprendre à connaître »), infinitif présent actif de cognosco.
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Wallon, kinohe ; namurois, conoche, conèche ; rouchi, conoitre ; Berry, conneûtre, couneûtre ; bourguig. cônay, connaître, queneussu, connu ; provenç. conoscer, conoiscer, conoisser ; catal. conexer ; espagn. conocer ; portug. conhecer ; ital. conoscere ; du latin cognoscere, de cum, et gnoscere, connaître (voy. GNOSE). Le participe coneü dans l'ancien français suppose un suffixe bas-latin ūtus, cogne-utus, italien conosci-uto, attendu que dans coneü (dont connu est une contraction), eü représente deux syllabes. Palsgrave, p. 61, qui écrit je cognois, dit qu'on prononce conoi. L'orthographe de Voltaire appliquée à ce verbe ne permet plus de reconnaître pourquoi il y a un u dans je connus (cognovi), et elle brise les relations avec les mots de même origine : notion, notoire, etc.

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Phonétique du mot « connaître »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
connaître kɔnaitr

Fréquence d'apparition du mot « connaître » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « connaître »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « connaître »

  • En apprenant à connaître les maux de la nature, on méprise la mort ; en apprenant à connaître ceux de la société, on méprise la vie.
    Chamfort
  • Connaître les autres, c'est sagesse. Se connaître soi-même, c'est sagesse supérieure.
    Lao-Tseu
  • Connaître autrui n'est que science ; se connaître soi-même, c'est intelligence.
    Proverbe chinois
  • Connaître une langue à fond cela signifie connaître à fond le peuple qui la parle.
    Georg Christoph Lichtenberg
  • La plus grande caractéristique de la civilisation orientale est de connaître le contentement, alors que celle de l'Occident est de ne le pas connaître.
    Hu-Shih
  • Mieux connaître Dieu, ce n'est que mieux comprendre combien il nous est impossible de le jamais connaître. Je ne saurais dire lequel des deux est le plus puéril, de le nier ou d'essayer de le définir.
    Samuel Butler — Carnets
  • Il est plus aisé de connaître l'homme en général que de connaître un homme en particulier.
    François de La Rochefoucauld
  • Tu ne peux jamais connaître quelque chose sans connaître son contraire.
    Anonyme
  • En plus de pouvoir se vanter d’avoir une aura argentée avec des reflets roses (il n’y a pas d’aura à paillettes à notre connaissance, désolée) connaître la couleur de son aura permettrait de mieux se connaître ou de mettre des mots sur ses maux. Selon Laura Styler dans « Soigner son aura », lorsque la couleur d’une aura paraît fade ou délavée, ce serait signe qu’il y a un souci quelque part. Évidemment, les pratiques spirituelles, dont la lecture de l’aura, ne remplacent pas un suivi chez un professionnel de la santé.
    Comment connaître la couleur de son aura et sa signification ? - Elle
  • Si vous voulez être connu sans connaître, vivez dans un village ; si vous voulez connaître sans être connu, vivez à la ville.
    Charles Caleb Colton
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Synonymes de « connaître »

Source : synonymes de connaître sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « connaître »

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Nombre de points du mot connaître au scrabble : 10 points

Connaître

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