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Jamais

[ʒamɛ]
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Définitions de « jamais »

Jamais - Adverbe

  • (Littéraire, au sens affirmatif) À un moment futur ou hypothétique.

    Carmen est morte, l’innocente et plaintive Carmen. Mais la chanson est plus vivante que jamais, plus impitoyable que jamais, plus torturante que jamais.
    — Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882)
  • (Vieilli) De tout temps; pour toujours.

    Là, tous ces amis, qui avaient été si étroitement attachés les uns aux autres par le danger commun, allaient se séparer pour jamais, peut-être !
    — Jules Verne, Le Pays des fourrures
  • (En négation) En aucun temps; pas en tout temps.

    jamais beuf fa tête cornue ne mettrait en jouc de charrue
    — Le Romman de la Rose nouvellement imprimé à Paris, Guillaume de Lorris

Jamais - Interjection

  • Exprime une négation absolue, un refus ou une opposition sans équivoque.

    Résolu et imperturbable, il déclara devant toute la rédaction : 'Je n'écrirai jamais une ligne qui contredit mes convictions, jamais!'
    (Citation fictive)
  • Signifie l'absence totale de quelque chose sur toute la durée.

    Dans l'histoire de l'humanité, jamais une guerre n'a apporté la paix éternelle.
    (Citation fictive)

Expressions liées

  • Adieu pour jamais
  • Au grand jamais (à aucun moment.)
    Au grand jamais je n'irai là. Au grand jamais je ne ferai cela
  • C'est le moment ou jamais (c'est le moment le plus propice pour entreprendre quelque chose.)
    Cette affaire vaudra de l'or, dit enfin Santini. C'est le moment ou jamais d'y entrer. Il faudra quelques travaux, un peu de frime dans le décor et après... passez la monnaie
    — L. Durand, Le Caïd, s. d.
  • Cela est moins vrai que jamais
  • Il court plus vite que jamais
  • Jamais de jamais (absolument jamais.)
    − Ce n'est pas à monsieur l'abbé Poiré que vous vous confesserez, c'est au révérend père Jaxel... − Au père Jaxel!... Jamais de jamais!
    — Gyp, Souvenirs d'une petite fille
  • Jamais de la vie (absolument jamais, en aucun cas.)
    Panisse : Ô Félix! La torpille t'a pété dans la main! Pan!... Mais non, ce n'est pas vrai, Félix! Escartefigue, inquiet : Vous l'avez entendu dire, monsieur Brun? M. Brun : Mais jamais de la vie! Et je suis bien sûr que ce n'est pas vrai!
    — Pagnol, Fanny
  • Jamais encore (en aucun temps jusqu'au moment considéré.)
    Jamais encore Jean n'avait embrassé Henriette
    — Émile Zola, La Débâcle
  • Jamais ne plus
    Si tu pouvais savoir comme je désirais te quitter! Jamais, jamais ne plus te revoir! Il le fallait
    — Claudel, Échange
  • Jamais plus ne
  • Je n'en ai jamais entendu parler
  • Mieux vaut maintenant que jamais
  • Mieux vaut tard que jamais
    Audrey Gloaguen : Cela va dans le bon sens mais je regrette que cela arrive 5 ans après le documentaire qu'on a réalisé. Mais mieux vaut tard que jamais. C'est complètement dingue que des femmes utilisent des tampons sans savoir exactement ce qu'elles mettent dans leur corps. Quelques marques ont fait des efforts en indiquant des compositions mais c'est loin d'être le cas de tous les fabricants.
    — Franceinfo, Connaître les compositions des protections périodiques : "Mieux vaut tard que jamais mais il faudrait aussi des analyses en sortie d'usine"
  • Ne jamais plus
    Le progrès avait parcouru la terre à une allure invincible, croyait-on, pour ne jamais plus à présent trouver le repos. Pendant plus de trois siècles, la longue diastole, régulièrement accélérée, de la civilisation occidentale s’était étendue de toutes parts à travers le globe.
    — H. G. Wells, La Guerre dans les airs
  • Ne plus jamais
    Qu'il est beau! Olivier, qui croyait ne plus jamais rougir, rougit
    — André Gide, Faux-monnayeurs
  • On ne sait jamais
    Comme je craignais qu'elle ne me faussât compagnie, − on ne sait jamais ce qui peut arriver
    — Maupassant, Contes et nouvelles, Ermite
  • Pour jamais (pour tout le temps à venir.)
    Alors il dit : « Madame, voici la clef de tous mes biens, je pars pour jamais »
    — Jacob, Cornet dés
  • Sait-on jamais? (s'emploie pour indiquer que ce qu'on exprime sous la forme d'une supposition peut se réaliser soudainement)
    « Écoute », dit-il; sa voix, qui muait, prit une sonorité basse, solennelle : « Je pense à l'avenir. Sait-on jamais? Nous pouvons être séparés l'un de l'autre
    — Martin du Gard, Thibault, Cahiers du soir
  • Si jamais (au cas où.)
    Mes parents me défendaient de répondre aux avances de cette dame et me menaçaient de leur plus noir ressentiment si jamais je franchissais le seuil de l'appartement turc
    — France, Petit Pierre
  • À tout jamais (dans tout le temps à venir sans qu'il y ait interruption ou fin.)
    La mort les a réunis à jamais. Je serai à vous à tout jamais

Étymologie de « jamais »

Du français ancien ja mais (« pas déjà ») au XIe siècle. Composé de et mais dans le sens de plus. Également présent dans d'autres langues romanes comme le bourguignon jaimoi, le nivernais jaimas, le provençal et le portugais jamais, le catalan jamay, l'espagnol jamas et l'italien giammai.

Usage du mot « jamais »

Évolution historique de l’usage du mot « jamais » depuis 1800

Fréquence d'apparition du mot « jamais » dans le journal Le Monde depuis 1945

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Synonymes de « jamais »

Antonymes de « jamais »

Citations contenant le mot « jamais »

  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • Facilité, dis-je, me voilà ramené droit à Eluard. En effet, des mots de cette ardente langue française, qui jamais ne fut aussi femme que lorsque c’était lui qui la couchait sur le papier, il en est peu qui lui appartiennent autant que celui-là sous la forme de l’adjectif dérivé.
    André Pieyre de Mandiargues — Préface de Capitale de la douleur
  • Toujours et jamais, c'est aussi long l'un que l'autre.
    Elsa Triolet — Proverbes d'Elsa, Les Éditeurs français réunis
  • Car, on avait bien vu dernièrement un lieutenant de louveterie (il était venu avec l’ingénieur des mines de La Mûre et un chocolatier de Grenoble, soi-disant pour une battue aux sangliers qui s’était transformée finalement en partie de miroir aux alouettes suivie d’un dîner de garçon) mais on n’avait jamais vu de commandant.
    Jean Giono — Un roi sans divertissement
  • Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance. Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d’une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les montres et j’entendais monter de l’autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d’un sacré soleil vénérien.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l’intransigeance affole nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d’une seule misère, je n’ai jamais su laquelle, qu’une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d’une Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • Je ne me suis même jamais senti tellement vivant et tellement batailleur qu’en ce moment. Il se peut que ma situation soit redressée et même devienne brillante avant l’automne ; mais la vie m’a appris à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
    Roger Vailland — Lettres à sa famille
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone

Traductions du mot « jamais »

Langue Traduction
Anglais never
Espagnol nunca
Italien mai
Allemand noch nie
Chinois 决不
Arabe أبدا
Portugais nunca
Russe никогда
Japonais 決して
Basque inoiz ez
Corse mai
Source : Google Translate API


Sources et ressources complémentaires

SOMMAIRE

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.