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Voler

Définitions de « voler »

Trésor de la Langue Française informatisé

VOLER1, verbe

I. − Empl. intrans.
A. − [Le suj. désigne un animal]
1. Se soutenir dans l'air de manière plus ou moins prolongée et s'y mouvoir grâce à des ailes ou à des organes analogues. Le corbeau ne vole que le jour, le hibou ne vole que la nuit, le cygne vole la nuit et le jour (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 434).La chauve-souris a toujours l'air de voler entre quatre murs (Renard, Journal,1908, p. 1193).
[Avec mention des points de départ et d'arrivée] Le perroquet de la comtesse Michaud ne volait pas de clocher en clocher (A. France, Pt Pierre,1918, p. 164).
Empl. impers. Le ciel était gris de nuages il y volait des oies sauvages qui criaient la mort au passage (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 71).
[Avec un compl. d'obj. interne] La profonde chanson des arbres était chantée par des oiseaux nés d'hier (...). Ils chantaient leur premier chant, ils volaient leur premier vol (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 448).
[P. méton. du suj.] Je vois vers les gibets voler les becs nocturnes Quêtant un noir lambeau (Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 561).
Loc. fig. On entendrait une mouche* voler.
FAUCONN. [Le suj. désigne un oiseau de proie] Voler d'amour. ,,Laisser voler les oiseaux en liberté, afin qu'ils soutiennent les chiens`` (Baudr. Chasses 1834). Voler en coupant. ,,Couper le vent en le traversant`` (Littré). Voler en pointe. ,,Aller d'un vol rapide, soit en s'élevant, soit en s'abaissant`` (d'apr. Baudr., Chasses 1834). Voler en rond. Voler en tournant au-dessus de sa proie (d'apr. Baudr., Chasses 1834). Faire voler en troupe. ,,Jeter plusieurs oiseaux à la fois`` (Ac. Compl. 1842). Voler pour bon. Être bien affaité (d'apr. Littré).
[Le suj. désigne un animal mythol. pourvu d'ailes] La fontaine Pirène (...) coulait encore parmi les lauriers-roses où volait, au temps des muses, le cheval Pégase (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 276).
2. Se soutenir quelques instants dans l'air grâce à des organes adaptés qui ne sont pas des ailes. Des poissons volaient à la surface de la mer, et ils passaient au-dessus de la barque (Montherl., Bestiaires,1926, p. 580).
[Le déplacement est instantané et n'implique pas la possession d'organes particuliers] Le rat au bout de la branche, le chat sur le tronc. Ni l'un ni l'autre ne bouge. Coup de fusil. Le rat tombe. Le chat vole, flaire et s'éloigne, un peu étonné tout de même de sa puissance (Renard, Journal,1899, p. 541).
P. anal. [Le procès se déroule dans l'élément liquide] Ce qui ne se communique pas c'est la transparence, les volumes, les surprises du parc où les poissons volent sans crainte autour de nous (Cocteau, Foyer artistes,1947, p. 52).
3. Courir à grande vitesse; se déplacer très rapidement. J'ai passé ma colère sur ma chevale, que j'ai blessée. Va, ma Péri, vole! Déferle! Que m'entraîne le fleuve chevalin! (Montherl., Encore inst. bonh., 1934, p. 685).
B. − [Le suj. désigne un inanimé]
1. [Le suj. désigne un élément naturel, notamment un végétal] Se soutenir et se déplacer dans l'air, sous l'effet d'un agent extérieur; se déplacer dans l'air d'un endroit à un autre en tirant profit des organes appropriés dont il est pourvu. Leurs semences aigrettées [des herbes] qui volent dans les airs résultent de l'harmonie maternelle (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 87).
[Sans mouvement réel] Les étoiles volaient dans les branches des arbres Comme un essaim d'oiseaux de feu (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 386).
Au fig. ou p. métaph. La semence du mal et du bien vole partout (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1159).
2. [Le suj. désigne un inanimé, naturel ou fabriqué, mû le plus souvent par un agent extérieur]
a) Être transporté dans l'air d'un point à un autre en se maintenant quelque temps en suspension à cause de sa légèreté, avant de toucher le sol. Synon. voleter, voltiger.Au vent orageux volent les feuilles sèches (Leconte de Lisle, Poèmes ant.,1852, p. 270).La neige volait, s'écrasait sur les pèlerines, étoilait les murs (Cocteau, Enfants,1929, p. 14).
Empl. impers. Elle ajouta même: « Il pleut! » (...) C'était vrai, d'ailleurs: il volait des gouttes (H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 10).
b) S'agiter sous l'effet du souffle de l'air ou d'un mouvement. Synon. flotter1.Étoffe qui vole au vent. Dans le Couronnement d'épines, le bourreau de gauche ne se démène pas tant qu'il puisse faire voler autour de sa taille les plis de son vêtement (Green, Journal,1931, p. 41).
3. [Le suj. désigne un objet aérien, un engin de locomotion aérienne, un engin spatial] Effectuer un parcours déterminé par la voie des airs, dans l'espace. L'avion volait à 30 degrés soutenu par un seul moteur (Malraux, Espoir,1937, p. 822).
Rem. Dans la lang. de l'aéronaut., le verbe peut s'employer trans. lorsqu'il est suivi d'un compl. désignant une distance: L'aéroplane Blériot vole 186 mètres (L'Auto, 18 sept. 1907 ds Petiot 1982).
4. [Le suj. désigne un inanimé naturel ou fabriqué] Être projeté, déplacé dans l'air en y passant avec une grande vitesse, de manière autonome ou en étant lancé par la main de l'homme. Qu'une sentinelle tournât le dos, aussitôt un paquet volait par-dessus les barbelés, qui contenait le peu que nous avions (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 169).
[Le mouvement de l'objet, limité dans l'espace, se fait autour d'un axe] Les cloches de l'abbaye ne volaient plus depuis le départ du noviciat et les cent tintements, qui annonçaient la descente à l'église, se taisaient (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 243).
Rare. [Sans mouvement réel] Tolomé i n'a qu'un étage, entre une base énorme et une corniche qui vole (Suarès, Voy. Condottière,t. 3, 1932, p. 193).
[Le suj. désigne un attribut d'un animé] Quand les janissaires brandissaient leurs cimeterres courbes, un gémissement parcourait le désert (...) je faisais voler les têtes à coups de sabre, je naissais dans un fleuve de sang (Sartre, Mots,1964, p. 93).P. métaph. Ulalie rentre à la maison. Le regard de Jaume vole en oblique jusqu'au chignon. Le peigne y est (Giono, Colline,1929, p. 125).
Au fig. Voler en éclats. V. éclat I ex. de De Gaulle.Voler en pièces. V. pièce III B 2 ex. de Erckmann-Chatrian.Voler en l'air, var. Il tirait, les lois volaient en l'air, tu aimeras ton prochain comme toi-même, pan dans cette gueule de con, tu ne tueras point, pan sur le faux jeton d'en face (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 193).
5. [Le suj. désigne une réalité physique] Se déplacer avec une grande rapidité sur le sol, sur l'eau. Il la sollicite, tel que la flamme qui, volant sur le bois sec, le flaire en frémissant (Claudel, Repos 7ejour, 1901, II, p. 826).
Au fig. [Le suj. désigne un attribut de la pers., un inanimé abstr. produit par l'activité hum.] Ma pensée volait en avant du navire forcené qui trouait cette paroi d'encre (...) et, par un mouvement dont je n'étais pas maître, mes mains nerveuses à chaque instant esquissaient le geste de se porter en avant (Gracq, Syrtes,1951, p. -232).
6. [Le suj. désigne une information, un ensemble d'informations fournies sur qqc. ou qqn] Se propager, se communiquer avec rapidité d'un point à un autre. Les nouvelles volent vite; voler de bouche à oreille. À peine Jeanne d'Arc fut-elle partie de Vaucouleurs pour se rendre auprès de Charles VII, que son nom vola de bouche en bouche et rendit courage aux assiégés d'Orléans (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 120).
7. [Le suj. désigne le temps] S'écouler, passer rapidement. Synon. s'enfuir, s'envoler.Je travaille beaucoup et les journées semblent voler (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1853, p. 204).
C. − [Le suj. désigne une pers., un de ses attributs ou un être spirituel]
1. Se déplacer dans l'air et s'y mouvoir à la manière d'un oiseau :
Yvette avait des ailes maintenant. Elle volait la nuit, par une belle nuit claire, au-dessus des bois et des fleuves. Elle volait avec délices, ouvrant les ailes, battant des ailes, portée par le vent comme on serait porté par des caresses Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Yvette, 1884, p. 550.
[Le suj. désigne un être incorporel assimilé à un oiseau] Cette eau bénite, ainsi répandue partout, c'était pour chasser d'abord les mauvais esprits, volant par milliards, invisibles (Zola, Rêve,1888, p. 188).
P. métaph. ou au fig. [Dans le domaine de la vie intellectuelle, morale ou sociale] Comme le héros a des ailes pour voler au faîte de la grandeur, ainsi le plausible s'accommode à la flagrante nouveauté et à la modernité la plus extrême (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 112).
[Le suj. désigne une manifestation de l'esprit hum.] Ça vole bas/haut. Cela atteint un niveau bas ou élevé. Si le troisième acte avait valu les deux premiers, Le Pélican volait haut (Colette, Jumelle,1938, p. 74).
Vouloir voler avant d'avoir des ailes, sans avoir d'ailes; voler de ses propres ailes. V. aile III B 2.
2. Effectuer un déplacement dans un aéronef. Voler de nuit, de Paris à Tombouctou.
a) [En tant que pilote ou membre d'équipage] Il pourra suivre, en compagnie d'un aviateur qui ne vole pas en ce moment, les évolutions d'un pilote exécutant des loopings (Proust, Guermantes 2,1921, p. 400).
Rem. Dans la lang. de l'aéronaut., le verbe peut s'employer trans.: Farman vole 771 mètres (L'Auto, 27 oct. 1907 ds Petiot 1982).
b) [En tant que passager] Le 6 août, alors que je volais vers l'Orient, le Président Benès avait solennellement déclaré à Maurice Dejean « qu'il considérait le Comité national français, sous la direction du général De Gaulle, comme le véritable gouvernement de la France » (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 35).
3. Se déplacer sur le sol vers un lieu donné, avec une grande rapidité, à l'aide d'un véhicule ou par ses propres moyens. Synon. courir, s'élancer, s'envoler, foncer1, se précipiter.Voler au combat, au secours de qqn. S'il regarde un horaire qui est un peu haut sur le mur, un gosse vole détacher l'horaire et le maintient à la hauteur de ses yeux (Montherl., Bestiaires,1926, p. 453).
[Sans indication du lieu choisi comme but] Quand je ne puis courir, je vole, quand je ne puis voler, je cours (Pourrat, Gaspard,1930, p. 183).
P. métaph. [Foch] volait d'instinct à l'essentiel; sa pensée se précipitait à peine formée vers l'acte décisif, concevait aussitôt l'événement de première grandeur (Valéry, Variété IV,1938, p. 85).
Voler au secours de la victoire*. Voler de victoire en victoire*. Voler dans les plumes à/de qqn (pop.). V. plume1I C 3.
4. Ne pas tenir longtemps ses idées, ses sentiments fixés sur un être déterminé, sur une réalité précise. Parfois il ne pourra jamais aimer la femme, pour n'avoir pas franchi le seuil de la mère à la femme, ou bien il exprimera la même impuissance par une instabilité érotique, en volant de femme en femme, toujours insatisfait (Mounier, Traité caract.,1946, p. 98).
5. Disparaître rapidement, tomber vite dans l'oubli sans laisser de traces. La fantaisie de Rabelais imaginant la congélation des paroles dans les airs, n'était pas une chimère, mais une simple anticipation (...). Actuellement, les paroles ne volent plus. Elles sont fixées dans le sillon d'un disque de cire ou à la surface d'un ruban de cellulose (Arts et litt.,1935, p. 88-6).
6. FAUCONN. ,,Aller à la chasse au vol`` (Lep. 1948). Il volait avec des faucons (Ac.1878).
II. − Empl. trans., FAUCONN.
A. − [Le suj. désigne un oiseau de proie] Poursuivre un gibier en volant. Cet oiseau vole la pie, le héron, la perdrix (Ac. 1798-1935).
B. − [Le suj. désigne une pers.] Lancer un oiseau de proie pour le faire poursuivre et atteindre un gibier. Le faucon ne tardait pas à descendre en déchirant quelque oiseau, et revenait se poser sur le gantelet, les deux ailes frémissantes. Julien vola de cette manière le héron, le milan, la corneille et le vautour (Flaub., St Julien l'Hospitalier,1877, p. 91).
REM. 1.
Avoler, verbe intrans.,hapax (empr. à l'anc. lang.). Partir en volant de. Synon. s'envoler.La pensée est une étincelle avolée du foyer universel de l'intelligence: elle y revole et se réunit à son élément, l'esprit (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 621).
2.
Volable, adj.,néol., aéronaut. [En parlant du temps, d'un espace de temps, d'une région] Qui permet le vol des aéronefs dans des conditions de sécurité jugées suffisantes. Une école de pilotage doit bénéficier de 250 jours volables par an (Quillet1965).
3.
Voler, subst. masc.,rare. Synon. de vol1.Le voler des oiseaux frugivores n'est pas seulement destiné à leur faire traverser les airs, mais à les conduire à l'arbre dont ils mangent les fruits (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 89).
4.
Voleur, subst. masc.,fauconn. Oiseau de chasse considéré du point de vue des qualités de son vol. (Dict. xixeet xxes.). Beau voleur (Besch. 1845). Bon, excellent voleur (Lar. 19e).
Prononc. et Orth.: [vɔle], (il) vole [vɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin ixes. « se soutenir et se déplacer dans l'air au moyen d'ailes » (Eulalie, 25 ds Foerster-Koschwitz, col. 52: In-figure de colomb volat a-ciel); ca 1175 inf. subst. (Thomas de Kent, Roman de toute chevalerie, éd. B. Foster et I. Short, 5109: lur voleir); ca 1340 (Batard de Bouillon, éd. R. F. Cook, 3243: li oisiaus [...] le voler en laissa); 2. a) ca 1175 fauconn., le suj. désigne un chasseur « pratiquer la chasse au vol » (Benoît de Ste-Maure, Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 27487: [le duc] Voler les fist [ses fauconniers] e prendre oiseaus); ca 1370 trans. (Chron. normande du XIVes., éd. A. et E. Molinier, p. 85: il s'esbatoit à vouler des oiseaux); b) ca 1340 inf. subst. « action de chasser en volant » (Batard de Bouillon, 1180: oseillon c'on puist prendre au voler); 1349 le suj. désigne un oiseau « chasser en volant » (Guillaume de Machaut, Dit de l'alérion, éd. E. Hoepffner, t. 2, p. 365: pour faire voler); 1393 trans. (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 155: quand il [l'épervier] les avra volez, liez et abatuz [les petits poussins]); 3. 1377 « se soutenir quelques instants dans l'air, en planant » (Guillaume de Machaut, Lays, éd. V. Chichmaref, p. 358: les poissons voler verras); 4. a) 1377 expr. (Id., ibid., p. 388: Ne qu'on puet au firmament Sans eles voler); fin xives. (Froissart, Chron., éd. G. Raynaud, t. 11, p. 132: cel evesque de Norduich, qui quidoit voller anchois que il euist elles); 1568 (G. Meurier, Rec. de sentences, fo22 vo: c'est follie de vouloir voler sans ailles); 1606 (Nicot, p. 22b [proverbes à la suite du dict.]: Vouloir voler avant qu'avoir des aisles); 1677 (Miege: on ne peut pas voler sans ailes); b) 1694 voler de ses propres ailes (Ac.); c) 1836 expr. (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 223: on eût entendu [...] voler une mouche dans la salle). B. 1. a) Ca 1100 « être projeté en l'air (en parlant d'un objet) » (Roland, éd. J. Bédier, 723: envers le cel en volent les escicles (= les éclisses d'une lance)); ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 9157: cent mile saietes volent); b) ca 1130 expr. (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 55: la teste en fist voler); ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 12403: la teste [...] li fait [...] voler); 1715 faire voler les têtes « exercer une répression sanglante » (Fénelon, Dialogue des morts, éd. 1819, p. 393); c) ca 1165 expr. (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 23915: en volent haut li esclat [de l'épieu]); 1176-81 (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 532: an pieces vola ma lance); 1604 (Montchrestien, Hector, éd. L. Petit de Julleville, p. 53: le bois vole en esclats); d) α) 1738 fig. en parlant de paroles, injures, menaces, etc. (Piron, Métromanie, éd. J. Troubat, 1883, p. 239: l'effroi, les présages fâcheux volent autour de moi); 1832 (Dumas père, Darlington, I, 5, p. 62: les menaces volent); β) 1853 (Jullien, Lang. vicieux corr., s.v. volée: les coups volaient); 1957 (Pt Simonin ill., p. 276: les coups de lattes dans l'oignon qui volaient bas); γ) 1969 voler bas fig. (J. L. Curtis, Le Roseau pensant, p. 22 ds Rob. 1985, s.v. bas: la facétie volait bas); 2. 1155 fig. « se propager » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 4561: Renumee ki par tut vole); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 16515: Mes parole une foiz volee Ne peut puis estre rapelee); 3. a) 1178 « se déplacer en l'air au lieu de tomber, rester quelque temps en suspension (en parlant de choses légères) » (Renart, éd. M. Roques, branche II, 3674: amont en volent li flocon); b) 1839 (M. de Guérin, Poèmes, p. 11: la semence qui vole); 4. a) ca 1283 « être transporté en l'air » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, p. 424: les denrees ne volerent pas de lieu en autre); b) 1306 « se déplacer avec une grande vitesse (bateau, véhicule, etc.) » (Joinville, Vie de St Louis, éd. N. L. Corbett,159: il sembloit que la galie volast); 5. a) 1384-89 fig. « s'écouler très vite (en parlant du temps) » (Hist. de Griseldis, trad. de Phil. de Mézières, éd. E. Golenistcheff-Koutouzoff, p. 158: les jours passent en volant sans jamais retourner); b) 1690 la parole vole, mais l'écriture demeure (Fur.); 6. 1400 « s'agiter au souffle de l'air » (Christine de Pisan, Mutacion de fortune, éd. S. Solente, t. 3, p. 145: les banieres volent au vent); 7. 1784 aéron. « suivre un parcours en l'air » (J. pol. de Bruxelles, no2, p. 80, 10 janv. ds Zastrow, p. 469: ce ballon [...] voleroit au dessus des mers). C. 1. 1155 « se soutenir et se déplacer dans l'air à la façon d'un oiseau (en parlant d'êtres humains) » (Wace, op. cit., 1650: Eles fist si s'apareilla Voler vout e voler quida); 2. a) 1170-83 « être précipité avec une grande rapidité » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 5220: Mult en veïssiez desroter E trebuchier e fors voler); b) 1552 fig. (Ronsard, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 4, p. 63: je volle apres l'espoyr); c) α) 1584 expr. voler au secours de qqn (Id., ibid., t. 18, p. 53: Volez en troupe à mon secours); 1922 expr. voler au secours de la victoire, v. victoire; β) 1946 voler dans les plumes à qqn (Prévert, Paroles, p. 269); 3. ca 1210 « être inconstant, volage » (Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 1898: li vostre cuers vole); 1555 (Ronsard, op. cit., t. 8, p. 70: Çà et là voleroient les espritz des humains); 1684 (La Fontaine, Épîtres, Discours à Mmede La Sablière ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 9, p. 186: je suis chose légère, et vole à tout sujet); 4. a) 1655 aéron. (Cyrano de Bergerac, Estats et Empires du soleil, éd. F. Lachèvre, p. 136: cet ingénieur polonais qui s'en sert maintenant à voler); 1686 (Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes, 2esoir, p. 106: l'art de voler ne fait encore que de naistre); 1783 (Joly de Saint-Valier, Lettre à Mmela Princesse de ***, p. 6 ds Zastrow, p. 470: dans deux ans d'ici on pourra voler); 1863 (G. de La Landelle, Aviation, p. 7, ibid., p. 380: voler dans les airs); b) 1916 spéc. « se trouver comme passager dans un appareil volant » (Barrès, Cahiers, t. 11, p. 182); c) 1928 « effectuer des vols (comme pilote ou membre d'équipage) » (Saint-Exup., Courr. Sud, p. 55: voler de nuit). Du lat. volare « voler »; au fig. « aller rapidement (en parlant de chars, de traits, de lettres, du temps, des paroles, de la renommée, etc.) ».
DÉR. 1.
Volateur, subst. masc.a) Zool. Oiseau doué d'une grande force physique pour effectuer ses déplacements dans l'air. Parfois, quelque grand oiseau, albatros ou frégate, passait à portée de fusil, et Gédéon Spilett se demandait si ce n'était pas à l'un de ces puissants volateurs qu'il avait confié sa dernière chronique adressée au New-York Herald (Verne, Île myst.,1874, p. 339).En appos. avec valeur d'adj. Le plumage de l'autruche adulte ressemble au duvet que l'on voit aux poussins des oiseaux volateurs (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 67).b) Aéronaut. Appareil de locomotion aérienne effectuant ses vols à l'aide d'un moteur. (Ds Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., t. 2, 1890, p. 437). Anton. planeur. [vɔlatø:ʀ]. 1resattest. a) 1784 « aérostier, aviateur » (L. G. Gérard, Essai sur l'art du vol aérien, p. 51 ds Zastrow 1963, p. 386: le volateur est assis au milieu de son vaisseau); 1850 (Dupuis-Delcourt, Nouv. manuel complet d'aérostation, p. 21, ibid., p. 387: de volateur il [Blanchard] se fit aéronaute); b) 1864 adj. appareil volateur « appareil volant » (La Landelle, Rapport de 1864, p. 23 ds Guilb. Aviat., p. 706 b); 1865 subst. « appareil volant » (Saveney ds R. des Deux Mondes, 15 sept., p. 321, ibid., p. 422 a [ici, sens incertain]); 1880 (De Louvrié ds L'Aéronaute, mars, p. 56, ibid., p. 706 a: des volateurs artificiels); c) 1865 « oiseau, animal volant » (Nadar, Le Droit au vol, p. 15 ds Zastrow, p. 385); 1865 ([De Lucy ds] La Presse sc. t. 2, p. 581 ds Littré: ces échassiers [les grues d'Australie] sont d'excellents volateurs); 1865 adj. (Nadar, op. cit., p. 24 ds Guilb. Aviat., p. 706 b: les animaux volateurs); de voler1, suff. -(at)eur2*.
2.
Volier, subst. masc.Ensemble d'oiseaux d'eau en vol. Il s'arrêta pour regarder des oies sauvages qui migraient. Le volier avait la forme d'un long ruban naviguant très bas (...), onduleux et tout d'une pièce comme un tapis volant des Mille et Une Nuits (Montherl., Célibataires,1934, p. 901). [vɔlje]. 1resattest. 1773 (Bougainville, Voyage autour du monde, t. 1, p. 100), attest. isolée, à nouv. 1934 (Montherl., loc. cit.); mot région. (Normandie, Sologne, Canada: 1887 Moisy, Dict. du pat. norm., 1892 A. Thibault, Gloss. du pays blaisois, 1932 Hubert-Fillay et Ruitton-Daget, Gloss. du pays de Sologne, FEW, t. 14, p. 602 a), de voler1, suff. -ier*, cf. m. fr. volier « volaille, volatile » (1remoit. xves. Jean de Stavelot, Chron., éd. A. Borgnet, p. 155: ne volier, ne venison), « treille » (1454, A. Lecoy de La Marche, Comptes du roi René, p. 85 ds Gdf.: tonnelles ou volliers), « volière » (1478, Douët d'Arcq, Comptes de l'Hôtel des rois de France, p. 356: un volier de fil de fer).
BBG.Hilty (G.). L'État actuel de la sém. dans le domaine rom. Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974.15.20 avr. Naples; Amsterdam, 1978, t. 1, pp. 119-121; Sém. et form. des mots. Colloque sur la Néologie et la Form. des mots. Actes... Neuchâtel, 1983, p. 86. − Quem. DDL t. 27, 36.

VOLER2, verbe trans.

I. − [Le procès a pour but de s'approprier une chose, un être animé]
A. − S'emparer frauduleusement et quel que soit le procédé utilisé, de ce qui appartient à autrui, avec l'intention de le faire sien. Synon. dérober, prendre, soustraire, subtiliser; fam., pop. barboter, carotter, faucher, piquer; anton. rendre.Voler de l'argent, une lettre, une montre; voler du pain, des poules. Zidore, dans la boutique, volait des outils ou des hardes qu'il allait revendre (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 50).
Empl. abs. Voler avec effraction, à l'étalage, à main armée. Celui qui a faim? Il souffre, vole ou tue, mais il ne fait pas de phrases (Renard, Journal, 1897, p. 387).V. larcin ex. de Faral.
Voler à l'abecquage*.
Au passif impers. Celui qui a perdu ou auquel il a été volé une chose, peut la revendiquer pendant trois ans, à compter du jour de la perte ou du vol, contre celui dans les mains duquel il la trouve (Code civil, 1804, art. 2279, p. 416).
Voler un enfant. Enlever un enfant et le tenir caché dans un endroit secret, souvent en vue d'obtenir une rançon. Synon. kidnapper, ravir.Le Père Sagoma (...) volait les enfants, leur jetant un capuchon sur la figure et les ligotant comme saucisson, les fourrant dans son bissac, sous sa robe (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 154).
Empl. pronom.
Empl. pronom. à sens passif. N'as-tu pas reçu une lettre de moi te demandant des renseignements sur la solvabilité (...) d'un M. Guerrier (...)? Dis-le moi afin que je sache si les lettres se perdent ou se volent (Lamart., Corresp., 1831, p. 122).
Empl. pronom. réfl. indir. Se voler à elle-même cet objet, qu'elle choisira précieux, le fourrer dans ma cachette et, aussitôt, porter plainte (...) Tel est son plan (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 259).
Empl. pronom. réciproque. Ils se volent leurs femmes, se pillent leurs troupeaux, ou s'injurient (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 563).
[La chose dérobée présente un aspect intellectuel; le sujet désigne un inanimé] Synon. emporter, enlever.J'essayais d'écouter la conversation entre Philippe et Solange et (...) le rythme du train m'en volait la moitié (Maurois, Climats, 1928, p. 200).
P. exagér. [La chose que l'on veut faire sienne fait partie intégrante de la pers. concernée] Le médecin:Encore un peu, je croirais que vous voulez me voler votre dernière maladie et mourir d'une autre main que de la mienne (Balzac, Double fam., 1830, p. 298).
Proverbes. Bien volé ne profite pas, ne profite jamais. ,,On le dissipe, ou bien il est repris`` (Ac. 1798-1878). Qui vole un œuf, vole un bœuf*.
B. − S'emparer, le plus souvent sans droit, de ce qui peut être considéré comme appartenant à autrui, à une autre réalité, à une autre activité d'ordre moral, social ou culturel. Synon. prendre, usurper.Voler la vedette à qqn. Un Chamery-Chameroy (...) épouser cette fille perdue! Elle a dû être bien heureuse de trouver un homme qui lui donne enfin le nom qu'elle avait volé (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 96).Pas question non plus que cette besogne accessoire vole du temps à mon travail proprement dit (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 17).
Empl. pronom. à sens passif. Rien ne se vole plus aisément que la (une bonne) renommée (Boiste 1834; ds Lar. 19e-20e).
[La chose dont on s'empare fait partie intégrante de la pers. concernée] Synon. s'approprier.Un être a le pouvoir (...) d'endormir, par la force de sa volonté, un autre être, et, pendant qu'il dort, de lui voler sa pensée comme on volerait une bourse. Il lui vole sa pensée, c'est-à-dire son âme, l'âme, ce sanctuaire, ce secret du moi (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Fou, 1884, p. 972).J'aurais plus franchement mis ces hommes, à qui on allait voler leur vie, devant la vérité (...). C'était en mars 1915, dans un fond de vallée boueux (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 190).
− Dans le domaine des relations soc., amoureuses.Voler la femme de son ami. On ne nous laissait rien ignorer (...) du shah de Perse, de passage à Paris où il vendait la Perse à l'Angleterre, qui voulait en échange sous le nom de M. Téhéran, voler la plus belle danseuse de l'Opéra à M. Sanchez y Tolédo (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 15).V. priver B 1 ex. de Lenormand:
Les pères ordinaires, c'est gagner de l'argent, ou l'importance, ou la belote, qui les vole à leurs enfants. Moi, c'est mon œuvre qui m'a volé à l'amour et à l'éducation de mon enfant, qui m'a fait trahir mon enfant. Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1458.
Empl. pronom. réciproque. Il fallait voir le succès du Tarasconnais dans les salons. On se l'arrachait, on se le disputait, on se l'empruntait, on se le volait (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 37).
SPORTS. Voler le départ. Dans une course cycliste, hippique ou à pied, prendre le départ avant que le signal n'en soit donné, pour gagner de l'espace à l'arrivée. (Ds Petiot 1982). Absol. Un troisième faux départ,et toujours à cause de lui! Pasquet le fait venir. Je sais ce qu'il lui dit: que, s'il vole une fois encore, il sera déclassé (Montherl., Olymp., 1924, p. 314).
HIPP. [En bonne part] Voler une course. La gagner par surprise, en employant des moyens légaux (d'apr. Pearson 1872).
[Le procès, loin d'entraîner une réprobation, est conforme à l'ordre moral] Voler aux désirs leur énergie en leur enlevant leur orientation dans le temps. Nos désirs sont (...) limités par l'énergie dont ils procèdent. C'est pourquoi, avec le secours de la grâce, on peut les dominer et, en les usant, les détruire (S. Weil, Pesanteur, 1943, p. 122).
C. − Prendre à l'improviste, sans que la personne concernée donne son consentement à l'action effectuée. Voler des baisers. Par une dérision sacrilège, la bouche immonde pressa la sienne et lui vola son souffle (...).Tu as reçu le baiser d'un ami, dit tranquillement le maquignon (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 174).
D. − S'approprier des idées, des types d'expression rencontrées dans l'œuvre d'un autre écrivain, d'un autre artiste et les présenter comme sien(ne)s. La soirée se termine par un éreintement terrible de Coppée, éreintement de ses côtés bourgeois et peu originaux, fait (...) avec (...) les paroles cruelles de Rodenbach, lui reprochant d'avoir volé sa poésie à tout le monde, son théâtre à Dennery, ses chroniques à Joseph Prudhomme, sa voix à Banville, son écriture à Leconte de Lisle (Goncourt, Journal, 1896, p. 970).
Empl. abs. Si quelquefois poète vole, Bien plus souvent il est volé! C'est le même Pierre Véron qui appelait Pline le Jeune: Monsieur de Sévigné (Civilis. écr., 1939, p. 42-13).
E. − Obtenir fortuitement une chose que l'on n'a pas méritée, attribuer à une chose une caractéristique qui n'est pas justifiée. Voler l'amitié, l'estime de qqn; ne pas voler son argent. Un homme, qui a un petit ruban vert ou violet, me tire un grand coup de chapeau (...). Je devrais boiter ou porter un bras en écharpe. Ça devient gênant. Ils croient que j'ai sauvé la France; il me semble que j'ai volé ma croix (Renard, Journal, 1902, p. 792).Quand il aura l'une de ces dernières en main [une Blennie] il sera parfaitement convaincu que le nom de « Bavarelle » que lui donnent les Provençaux n'est vraiment pas volé (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 135).
Au fig., fam. Ne pas l'avoir volé. Avoir pleinement mérité le désagrément qui survient, la sanction infligée ou, au contraire, la récompense reçue. On conçoit que Voltaire soit immortel; il ne l'a certes pas volé! (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 10, 1866, p. 403).Je commence à croire que nous n'avons pas volé le châtiment que le Sauveur nous inflige (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 210).
II. − [Le procès a pour but de priver qqn ou qqc. de qqc.]
A. − Déposséder une personne, un animal, une réalité de ce qui lui appartient, en faisant usage de la ruse le plus souvent. Synon. dépouiller, détrousser, escroquer.V. vol2A 2 ex. de Balzac.
Voler qqc. sur qqc.Prélever malhonnêtement sur un ensemble. Par l'enquête, les états-majors étaient forcés de rendre des deux et trois cent mille livres volées sur la soupe et les légumes des pauvres soldats (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 292).V. fourgat rem. s.v. fourgue ex. de Vidocq.
Voler qqn de qqc.[Le procès mérite ou ne mérite pas la réprobation] Était-ce chrétien de sauver un homme de la mer, pour le voler de ses vêtements et l'abandonner sur une grève? (Queffélec, Recteur, 1944, p. 27).
Empl. pronom. réfl. Il commet un vol de quarante mille francs au préjudice de la maison Furet, et, aussitôt, il dénonce au juge d'instruction M. Furet comme s'étant volé lui-même (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 57).
Empl. pronom. réciproque. [Les matelots] se querellaient, se battaient, se volaient et s'entre-tuaient avec frénésie (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 130).
Fam. Se faire voler comme dans un bois, au coin d'un bois. Se faire totalement dépouiller de ce qu'on possède. Ma mère vient de découvrir que son jardinier la vole comme dans un bois. Nous seuls n'avons pas de légumes dans le village, parce que le village vit un peu à nos dépens (Flaub., Corresp., 1853, p. 265).
[Le compl. désigne un lieu où sont déposés de l'argent, des richesses] Emporter les biens d'autrui qui s'y trouvent, en faisant parfois ou au besoin usage de violence. Synon. cambrioler, dévaliser, piller.Si le Général n'avait pas été là, électrisant les troupes, ce n'est pas le trésor qu'on aurait volé, mais la banque même! (Ghelderode, Pantagleize, 1934, iii, 9, p. 124).
Fam., au passif ou au part. passé. [En constr. affirm. ou nég.] (Ne pas) être déçu par rapport aux promesses que l'on a reçues, aux résultats que l'on a escomptés. « Monsieur, me dit-elle, je suis prête à faire ce que vous ordonnerez. Je me tuerai si vous le désirez » (...). Et je m'aperçus bientôt que je n'étais pas volé. Voilà cinq ans que je suis marié. Je ne le regrette nullement encore (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Ma femme, 1882, p. 673).
B. − [Dans une transaction comm.] Léser sciemment une personne dans ses intérêts pécuniaires, en prenant sur elle un bénéfice excessif ou en ne lui donnant pas tout ce qui lui est dû. Synon. escroquer, gruger, tondre (pop., fam.).Cette idée d'avoir de la marchandise à perte fouettait en elles l'âpreté de la femme, dont la jouissance d'acheteuse est doublée, quand elle croit voler le marchand (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 465).
Absol. Jacques Lamberdesc était le fils d'un petit boutiquier de Bordeaux qui avait volé sur le poids des bonbons pendant toute sa vie pour envoyer son unique rejeton au lycée, puis à Paris étudier la médecine (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 35).
C. − Déposséder un écrivain du fruit de son activité intellectuelle en s'appropriant ses idées, ses créations, en en revendiquant la paternité. Synon. copier, plagier.Le docte et ingénieux auteur se garda bien de me reprocher d'avoir volé Byron; il étoit trop fort pour cela sur le synchronisme des livres (...) mais, après avoir fait justice de cette polémique (...) il me déclara voleur, en sa qualité de jury-critique. Il n'y avoit que le nom du volé de changé (Nodier, J. Sbogar, 1818, p. 83).
REM.
Volant, part. prés. en empl. adj.,hapax. [Les voleurs] marchent aussi avec leur siècle (...) Le monde volant n'a pas d'académie, que je sache, cependant il a, comme le monde littéraire, ses classiques et ses romantiques (Vidocq, Mém., t. 4, 1828-29, p. 9).
Prononc. et Orth.: [vɔle], (il) vole [vɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Voler qqn 1. 1539 « déposséder une personne de ce qui lui appartient » (Est.: Voler aucung, Peculatum facere, Expilare aliquem); 1732 part. passé adj. et subst. (Lesage, Hist. de Guzman d'Alfarache, éd. 1825, t. 2, p. 119: ils furent les volés, et non pas les voleurs; p. 133: les personnes volées); 2. 1637 « abuser, tromper, frustrer » (Peiresc, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 7, p. 194: d'avoir esté depuis volée, sur le point de la maladie extreme de son mary); 1818 (Capelle, Contes ds Larchey, Excentr. lang., 1862: je suis volé!); 3. 1654 « causer sciemment un dommage (dans une transaction commerciale) » (Cyrano de Bergerac, Pédant joué, p. 176: si je vole, c'est en financier); 1690 (Fur.: Vendre à faux poids et à fausse mesure, c'est voler. Les Hosteliers de Hollande [...] volent tous les étrangers); 4. 1669 « déposséder quelqu'un du fruit de son travail intellectuel » (La Mothe Le Vayer, Lettre, 139 ds Œuvres, t. 12, p. 261: voler ceux [les auteurs] de son siecle en s'appropriant leurs pensées et leurs productions). B. Voler qqc. 1. a) α) 1549 « s'emparer du bien d'autrui » (Est.: voler le bien d'ung homme, Involare in rem alienam); 1610 absol. (Béroalde de Verville, Le Moyen de parvenir, Paris, Garnier, 1879, p. 185: celuy qui vole, c'est pour s'accommoder); 1656 (Pascal, Provinciales, 12elettre ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, p. 425b); 1830 objets volés (Fourier, Nouv. monde industr., p. 10); β) 1830 expr. n'avoir pas volé qqc. « mériter quelque chose » (Brazier et Carmouche, Oh! qu' nenni, 22 [Riga] ds Quem. DDL t. 38: il ne l'a pas volé!); 1876 qui vole un œuf vole un bœuf (Lar. 19e); b) α) 1785 enfant volé (Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, III, 16, éd. M. Allem, p. 329); 1832 (Hugo, N.-D. Paris, p. 245: elle me volerait mon enfant!); β) 1834 voler qqn à qqn (Kock, Pucelle, p. 113: il semblait qu'on allait le lui voler [son cousin]); 1883 (Maupass., Une Vie, p. 218: cette maîtresse qui lui volait son fils); 2. 1580 « s'approprier une chose à laquelle on n'a pas droit » (Garnier, Antigone, 313, éd. W. Foerster, t. 3, p. 16: Polynice se plaint que son frere luy vole Son droit); 3. 1625 « donner comme sien ce qui est emprunté (idées, livre, etc.) » (Th. de Viau, Œuvres poét., 3epart., éd. J. Streicher, p. 112: un flatteur [...] Qui vous a volé tant d'escrits Qui sont deus à vostre merite); 4. 1720 « prendre à l'improviste (un baiser, une faveur, etc.) » (Hamilton, Hist. de Fleur d'Épine ds Le Cabinet des Fées, t. 20, 1786, p. 244: de surprendre ou de voler des faveurs); 1741 (Favart, La Chercheuse d'esprit, p. 42: si ma bouche vole un baiser sur ton menton); 5. a) 1902 sports voler le départ « partir avant le signal » (L'Auto-Vélo, 26 mai ds Petiot 1982: départs volés [lors d'une course à pied]); b) 1964 jeux voler un point (Rob.). De voler1*, dans son empl. comme terme de fauconn. (cf. voleur). Voler a supplanté rober « dérober par force », usuel jusqu'au xvies. et embler « dérober par ruse », usuel jusqu'au xviies.
STAT.Voler1 et 2. Fréq. abs. littér.: 4 008. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 602, b) 6 557; xxes.: a) 6 057, b) 4 254.
DÉR.
Volable, adj.,rare. Qui peut être volé. a) [Corresp. à supra I A] Des effets volables (Ac.1798-1878).b) [Corresp. à supra II A] C'est un homme riche (...) volé depuis qu'il est au monde, volable s'il en fut (Sand, Valentine, 1832, p. 76). [vɔlabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1668 « à qui l'on peut dérober quelque chose » (Molière, Avare, I, 3: estes-vous un Homme volable), b) 1686 « que l'on peut voler » (Second factum pour Messire A. Furetière contre quelques-uns de l'Academie Françoise, Amsterdam, H. Desbordes, p. 76: [dans le dictionnaire de l'Académie] des mots nouveaux [...] qui n'ont rien de volable); de voler2*, suff. -able*.
BBG.Bäcker 1975, p. 307. − Baldinger (K.). Zum Wortschatz des Anne d'Urfé. Z. rom. Philol. 1978, t. 94, p. 360. − Benveniste (E.). Probl. de ling. gén. Paris, 1966, t. 1, pp. 290-291. − Grad (A.). Encore une rem. sur le verbe voler: dérober. Linguistica. 1965, t. 7, pp. 77-83. − Hilty (G.). Der distinktive und der referentielle Charakter semantischer Komponenten. Zur Semantik des Frz. Wiesbaden, 1983, pp. 30-39. − Koch (P.). Verb, Valenz, Verfügung... Heidelberg, 1981, p. 184, 192, 196, 247, 279, 305, 335, 349, 362, 364. − Quem. DDL t. 38. − Spence (N.C.W.). A Note on French voler: « to steal ». R. Ling. rom. 1965, t. 29, pp. 289-294.

Wiktionnaire

Verbe 2 - français

voler \vɔ.le\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. S’approprier le bien d’autrui ; prendre quelque chose à quelqu’un sans son accord ; dérober.
    • Sans rien dire, je découvris ma boîte de biscuit, et je constatai la disparition de plusieurs galettes… Mon factotum n'avait pu résister à la tentation et m'en avait volé cinq ou six. — (Camille Habert de Ginestet, Au Soudan: Excursion dans l'ouest africain, Paris : chez Delagrave, 1798, page 168)
    • Il s’en alla ; puis il rouvrit la porte, et dit encore d’une voix impérieuse :
      — Surtout, défiez-vous d’Aristide, c’est un brouillon qui gâterait tout. Je l’ai assez étudié pour être certain qu’il retombera toujours sur ses pieds. Ne vous apitoyez pas ; car, si nous faisons fortune, il saura nous voler sa part.
      — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 101)
    • Surprenant un homme qui volait la ration d’un camarade, il l’invectiva et le frappa à la face. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 272 de l’édition de 1921)
    • La politique du Japon rappelle le caractère de ses habitants : aimable et pleine de sollicitude à la face du monde, elle opprime, vole et massacre de l’autre côté du décor. — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 14)
  2. Prendre à l’improviste, sans que la personne concernée donne son consentement à l’action effectuée.
    • Et elle lui vola un baiser. — (Benoit Herbet, Rouge baiser, Éditions Ex Aequo, 2017)
  3. Plagier.
    • Si c'est la gauche, il peut alléguer que les hommes du drapeau rouge lui ont volé ses idées de progrès social dans la concorde nationale. Il est vital pour La Rocque de préserver son image de prophète de la fraternisation entre les classes sociales. — (Albert Kechichian, Les Croix-de-feu à l'âge des fascismes: Travail, famille, patrie, éc. Champ Vallon, 2014)
  4. Usurper.
    • Rémy avait, au Petit-Villemongin, une marraine, la mère Barbou, qui n’avait pas volé son nom. Elle était épicière ambulante et passait dans les villages avec sa voiture à grande bâche, où pendillait je ne sais tout quoi. — (Georges Lubin, « Une jolie attelée », dans Les Œuvres libres, 1949, n° 42, p. 182)
    • Il avait beau s'investir dans la vie du service, rappeler ses résultats au concours prouvant qu'il n’avait pas volé sa place, sa lutte était perdue d'avance. Comment pouvait-il combattre le scepticisme de ses collègues ? — (Rafaël Dupont, Comment je n'ai jamais travaillé avec Steven Spielberg, chez l'auteur/Lulu.com, 2015, page 21)
  5. Ne pas mériter un désagrément qui survient, une sanction infligée ou, au contraire, une récompense reçue. Généralement en négation.
    • Ne pas l’avoir volé.
    • On conçoit que Voltaire soit immortel ; il ne l’a certes pas volé ! — (Charles-Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, tome X, 1866, page 403)
    • Je commence à croire que nous n’avons pas volé le châtiment que le Sauveur nous inflige. — (Joris-Karl Huysmans, L’Oblat, tome 2, 1903, page 210)
  6. (Commerce) Léser sciemment une personne dans ses intérêts pécuniaires, en prenant un bénéfice excessif ou en ne lui donnant pas tout ce qui lui est dû, escroquer ; gruger ; tondre.
    • Cette idée d’avoir de la marchandise à perte fouettait en elles l’âpreté de la femme, dont la jouissance d’acheteuse est doublée, quand elle croit voler le marchand. — (Émile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883, page 465)
  7. (Fauconnerie) Poursuivre en volant, chasser d’autres oiseaux ou du gibier.
    • Le faucon, l’autour, le lanier apprennent facilement à voler d’autres oiseaux.
    • Cet oiseau vole la pie, vole le héron, vole la perdrix.
    • Julien vola de cette manière le héron, le milan, la corneille et le vautour. — (Gustave Flaubert, Trois Contes : La Légende de Saint Julien l’Hospitalier, 1877)

Verbe 1 - français

voler \vɔ.le\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Se maintenir dans les airs en battant des ailes.
    • Il est vrai que les hannetons et les chauves-souris, par exemple, ont une façon de voler qui nous semble déraisonnable ; mais elle ne le semble ainsi qu’à nous autres dont ce n’est pas la fonction de voler. — (Franc-Nohain, Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)
    • En avril 1872, les mouches de la Saint-Marc envahirent Paris et sa région. Elles volaient en abondance et venaient s’abattre sur les passants. — (Vincent Albouy, Des insectes en ville, Éditions Quae, 2017, page 33)
  2. Se mouvoir dans l’air, en parlant des aéronefs.
    • Ils virent d’étranges aéronats qui volaient vers l’est, dans la direction des Açores. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 419 de l’édition de 1921)
  3. (Aviation) Piloter un avion.
    • On volait certes, et dans des machines plus lourdes que l’air, mais il y avait aussi les chutes où parfois le moteur se brisait et parfois l’aéronaute, souvent les deux à la fois. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 17 de l’édition de 1921)
    • Tout était oublié : nous volions et seule la marche du moteur m’intéressait. […] Notre existence d’aviateur est ainsi faite. — (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • Cet aviateur a volé près de deux cents heures.
  4. Se mouvoir dans l’air avec une grande vitesse.
    • Les flèches volaient.
    • Le vent faisait voler les tuiles.
    • La bourrasque faisait voler la poussière.
  5. Envoyer en l’air.
    • Faire voler la tête de quelqu’un : La lui abattre d’un seul coup.
  6. (Par extension) Courir avec une grande vitesse.
    • Il ne court pas, il vole.
    • La Cibot monta, vola, pour être exact, de la loge à l’appartement de ses deux messieurs, et se montra le visage masqué de tendresse, sur le seuil de la chambre où gémissaient Pons et Schmucke. — (Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847, chapitre XXX, page 116 de l'édition Garnier)
    • Voyant les attaques dont Marie était la victime, Pierre décida de voler à son secours.
    • (Figuré) Le temps vole.
    • (En particulier) Le bruit de ses hauts faits vole par toute la terre.
    • (En particulier) Sa renommée volait partout.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

VOLER. v. intr.
Se soutenir, se mouvoir en l'air par le moyen des ailes, en parlant des Oiseaux et de certains animaux. C'est le propre des oiseaux de voler. Un oiseau qui vole bas, qui vole haut. Cet oiseau vole à tire-d'aile, vole rapidement. Il y a des insectes, des poissons qui volent. Fig., Vouloir voler avant d'avoir des ailes, Faire de la dépense avant d'avoir de quoi la soutenir; Entreprendre quelque chose sans avoir les fonds et les moyens nécessaires pour y réussir. Fig., Voler de ses propres ailes, Agir par soi-même, sans le secours d'autrui.

VOLER se dit aussi des Appareils plus lourds que l'air qui servent à s'élever et à se mouvoir dans l'air, ainsi que de Ceux qui montent dans ces appareils. Cet avion vole très bas. Les avions volent plus vite que les oiseaux. Cet aviateur a volé près de deux cents heures. Il se dit également des Choses qui sont poussées dans l'air avec une grande vitesse. Les flèches volaient. Le vent faisait voler les tuiles. La bourrasque faisait voler la poussière. Cette feuille disparue aura volé au vent. Fig., Faire voler la tête de quelqu'un, La lui abattre d'un seul coup.

VOLER signifie, par extension, Courir avec une grande vitesse. Ce cheval vole. Il ne court pas, il vole. Voler au secours de son ami. Il s'emploie figurément dans le même sens. Tous les cœurs volaient au-devant de lui. Le temps vole. Il se dit, particulièrement, des Bruits et de la renommée. Le bruit de ses hauts faits vole par toute la terre. Sa renommée volait partout.

VOLER s'emploie comme verbe transitif en termes de Fauconnerie et signifie Poursuivre en volant; il se dit de Certains oiseaux de proie qui sont dressés à chasser, à poursuivre d'autres oiseaux ou quelque autre sorte de gibier. Le faucon, l'autour, le lanier apprennent facilement à voler d'autres oiseaux. Cet oiseau vole la pie, vole le héron, vole la perdrix.

Littré (1872-1877)

VOLER (vo-lé) v. n.
  • 1Se soutenir, se mouvoir en l'air par le moyen des ailes. Ô Dieu, que la gloire couronne, Dieu, que la lumière environne, Qui voles sur l'aile des vents, Et dont le trône est porté par les anges, Racine, Esth. I, 5. Buratini, maître de la monnaie du roi de Pologne, apporta en France, dans le XVIIe siècle, le modèle d'une machine pour voler, Richelet. L'art de voler ne fait encore que de naître, il se perfectionne, et quelque jour on ira jusqu'à la lune, Fontenelle, Mond. 2e soir. Les aigles, en général, volent beaucoup mieux que les vautours, Buffon, Ois. t. I, p. 245. Les oiseaux qui ne peuvent voler se réduisent à sept ou huit espèces ; les quadrupèdes qui volent, à cinq ou six, Buffon, ib. t. II, p. 210. Il [le merle vert de la Caroline] vole les pieds étendus en arrière, comme font ceux de nos oiseaux qui ont la queue très courte, Buffon, ib. t. VI, p. 97. Vers l'an 65, sous Néron, Simon, étant à Rome, entreprit de voler, et vola, dit-on, quelques moments ; mais, saint Pierre et saint Paul s'étant mis en prière, il fut précipité et mourut de sa chute ; ce fait est encore bien suspect, Condillac, Hist. anc. XV, 5.

    Fig. [Toi] Qui par tant de succès viens de te signaler Jusqu'où notre aigle encor n'avait osé voler, Rotrou, Bélis. I, 6.

    Tirer un oiseau en volant, le tirer pendant qu'il vole. Ô Dieu ! la belle proie à tirer en volant !…, Molière, l'Ét. I, 6.

    Fig. Il le faut tirer en volant, se dit d'un homme à qui on ne peut parler qu'en passant, à la hâte.

    Fig. Attraper en volant, saisir une chose, pendant qu'on ne fait qu'aller çà et là. C'était une folie de prétendre attraper vos lettres, en volant, par les villes où je ne suis qu'un moment, Sévigné, 11 mai 1680.

    Fig. Voler de ses propres ailes, agir sans le secours d'autrui.

    Il ne faut pas voler avant d'avoir des ailes, il ne faut pas tenter quelque chose, avant d'avoir les moyens de réussir.

  • 2Il se dit de ce qui flotte et semble voler. Ce char semblait voler sur la face des eaux paisibles, Fénelon, Tél. IV. L'appareil, inouï pour ces mortels nouveaux, De nos châteaux ailés qui volaient sur les eaux, Voltaire, Alz I, 1.
  • 3Il se dit des choses qui sont poussées dans l'air avec une grande vitesse comme les traits, les pierres, etc. Il mit l'épée à la main, et en moins de rien il fit voler à terre deux épées, Scarron, Roman com. I, 3. Quand la force attaque la grimace, quand un simple soldat prend le bonnet carré d'un premier président et le fait voler par la fenêtre, Pascal, Pensées diverses, 182, édit. FAUGÈRE. Le plomb vole à l'instant, Et pleut de toutes parts sur l'escadron flottant, Boileau, Épître IV. L'intrépide Hippolyte Voit voler en éclats tout son char fracassé, Racine, Phèdre, v, 6. Le jeu devint orageux ; les cartes volèrent par la chambre, Hamilton, Gram. 3.

    Faire voler la tête de quelqu'un, l'abattre. Et du haut d'un balcon, pour calmer la tempête, Sur ses nouveaux sujets faisons voler sa tête, Corneille, Nicom. v, 5. Elle [Élisabeth d'Angleterre] savait se faire craindre et faire voler les têtes, Fénelon, Dial. des morts mod. Dial. 16.

  • 4Courir avec une grande vitesse. Ce cheval vole. Va, cours, vole et nous venge, Corneille, Cid, I, 8. Le voyez-vous comme il vole ou à la victoire ou à la mort ? Bossuet, Louis de Bourbon. Marchez, courez, volez où l'honneur vous appelle, Boileau, Lutr. III. On vous voit moins souvent… Tantôt faire voler un char sur le rivage…, Racine, Phèdre, I, 1. Le peuple cependant, que ce spectacle étonne, Vole de toutes parts, se presse, l'environne, Racine, Brit. v, 8. Seigneur, vous entendez : quelque prix qu'il en coûte, Il veut voler à Troie et poursuivre sa route, Racine, Iphig. I, 3. Cet ordre redoubla encore ma reconnaissance pour elle ; je n'allai pas, je volai, Marivaux, Pays. parv. 1re part.

    Fig. En vain les services d'un illustre frère, le mérite et le crédit d'un neveu, qui vole si rapidement à la gloire et aux honneurs, lui laissent entrevoir des espérances toujours fatales à l'honneur du sacerdoce, Massillon, Or. fun. Villars.

    Fig. et poétiquement. Faire voler le trépas, répandre au loin la mort. Ses anges devant lui font voler le trépas, Lamartine, Méd. I, 23.

  • 5 Fig. Changer souvent, rapidement, ne pas s'attacher. Je suis chose légère et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur et d'objet en objet, La Fontaine, Poésies mêlées, LXIX. Il [un protégé du duc de Richelieu] vole d'objet en objet, sans s'arrêter à aucun, Voltaire, Lett. Richelieu, 25 avril 1767.
  • 6Il se dit des bruits et de la renommée. La renommée la fait voler [cette nouvelle] de bouche en bouche dans toute la grande ville de Tyr, Fénelon, Tél. VIII. Du retour de son roi la nouvelle semée, Volant de bouche en bouche, a changé les esprits, Voltaire, Mérope, v, 8.
  • 7 Fig. Il se dit des mouvements qui entraînent l'âme fortement et rapidement. Et mon cœur tout entier vole à votre secours, Corneille, Héracl. I, 4. J'écrirais jusqu'à demain ; mes pensées, ma plume, mon encre, tout vole, Sévigné, 25 fév. 1689. Je vois voler partout les cœurs à mon passage, Racine, Brit. IV, 3. Mon cœur pour le chercher volait loin devant moi, Racine, Iphig. II, 3. Vous voyez déjà tous les cœurs voler après vous, Sire, Massillon, Pet. carême, Grand. de J. C. Un vain peuple, qui vole après la nouveauté, Voltaire, Mérope, IV, 5. Que notre âme épurée Vole à ces vérités dont elle est éclairée, Voltaire, Épît. XLIV. Pouvez-vous former un désir qu'il soit en mon pouvoir de satisfaire, sans que mon cœur vole au-devant de vos vœux ? Riccoboni, Œuvr. t. II, p. 55, dans POUGENS.
  • 8Passer rapidement, en parlant du temps. Le temps vole, et bientôt amènera le jour Où le nom des Hébreux doit périr sans retour, Racine, Esth. I, 3.
  • 9 Fig. Il se dit de ce qu'on personnifie pour le représenter comme volant. Les Parthes… tantôt vainqueurs, tantôt presque enfoncés, Sur l'une et l'autre armée également heureuse, Virent longtemps voler la victoire douteuse, Corneille, Rodog. I, 6. Si la victoire volait devant lui [le roi], les vœux de la reine avaient volé devant la victoire, Fléchier, Mar.-Thér. Quelqu'un a dit que la gloire réside au haut d'une montagne ; les aigles y volent, et les reptiles s'y traînent, Voltaire, Lett. la Harpe, 19 oct. 1765.
  • 10 Fig. S'élever dans l'ordre moral, intellectuel. Miton voit bien que la nature est corrompue, et que les hommes sont contraires à l'honnêteté ; mais il ne sait pas pourquoi ils ne peuvent voler plus haut, Pascal, Pens. XXV, 92 bis, éd. HAVET.
  • 11 V. a. Terme de fauconnerie. Il se dit de certains oiseaux de proie qu'on dresse à poursuivre et à prendre d'autres oiseaux ou quelque autre sorte de gibier. Cet oiseau vole la perdrix.

    Voler en long, voler en droite ligne.

    Voler en coupant, couper le vent en le traversant.

    Voler en pointe, s'élever rapidement ou descendre de même.

    Voler pour bon, se dit des oiseaux de proie qui sont bien affaités.

    Il se dit aussi des personnes qui se servent de ces oiseaux pour chasser. Voler la corneille, le héron. Les meutes et les chasses à courre sont inconnues en Espagne ; mais tirer, voler, et des battues aux grandes bêtes sont les chasses ordinaires, Saint-Simon, 89, 165. Sur une route, je rencontrai un de leurs chefs qui volait avec des faucons, Legrand D'Aussy, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. v, p. 525.

HISTORIQUE

Xe s. In figure de colomb volat [elle vole] à ciel, Eulalie.

XIe s. Plus est isnels [rapide] que n'est oisel ki volet, Ch. de Rol. CXXI. Cuntre le ciel volet li fous [étincelle] touz clairs, ib. CCLXXXVI.

XIIe s. Pierres et flors en volent [du casque] en sablon [sur le sable], Ronc. p. 88. Le primerain [il] fiert si de l'espée d'acier, La teste en fait voler à tout le henapier, Sax. X. E nostre sires muntad sur cherubin et volad, Rois, p. 206.

XIIIe s. De grans festes dient pluseurs helas, Et des deliz de chacier ensement, Et de voler et de tournoiement, Lai de l'ombre. Mais parole une fois volée Ne puet [peut] plus estre rapelée, la Rose, 16 747. On pot bien savoir que les denrées ne volerent pas d'un lieu en autre…, Beaumanoir, XXIX, 18. Endementiers que [tandis que] il venoient, il sembloit que la galie volast par les nageurs qui la contreingnoient aus avirons, Joinville, 215. Une grant route [troupe] de Turs vint hurter à nous, et me porterent à terre, et alerent par desus moy, et volerent [firent voler] mon escu de mon col, Joinville, 225.

XIVe s. Jehan le croit trop de legier ; Trop pou savoit du bas voler, Et par ce fut il habusé, Liv. du bon Jeh. 667. Si, après le baing, tu trouves l'esprevier en bon coraige, tu en pues [peux] bien voler l'endemain au vespre, Modus, f° XCIX, verso. Tu scez, sire, que les jours passent en volant sans jamais retourner, Ménagier, I, 6.

XVe s. Le roi [anglais] issit de son vaissel, et du premier pied qu'il mit à terre, il chey si roidement que le sang lui vola hors du nez, Froissart, I, I, 266. Vous avez ouvré de votre volonté et cru cet evesque de Norduich qui cuidoit voler ainçois qu'il ait des ailes, Froissart, II, II, 212.

XVIe s. En y allant la corneille esvolée (Pour sçavoir tout) après luy est volée, Marot, IV, 84. Les lances rumpues, meirent la main aux espées, et soy chamaillerent l'ung l'aultre, si brusquement que leurs espées volerent en pieces, Rabelais, Sciomachie. Uses donques hardiment des verbes et participes, qui de leur nature n'ont point d'infinitifs après eux, avec des infinitifs, comme tremblant de mourir, et volant d'y aller, pour craignant de mourir, et se hastant d'y aller, Du Bellay, J. I, 32, verso. Je vy l'oiseau, qui le soleil contemple, D'un faible vol au ciel s'avanturer… Je le vy croistre, et d'un voler plus ample Des plus hauts monts la hauteur mesurer, Du Bellay, J. VI, 62, recto. Les Gaulois haïssoient ces armes traistresses et volantes, Montaigne, I, 363. Ce prince faisoit voller des cailles à un emerillon dans sa chambre, D'Aubigné, Hist. II, 184. Leve plus haut ta veue, Je veux faire voler ton esprit sur la nue, D'Aubigné, Tragiques, éd. LALANNE, p. 123. Et elle ne croyoit pas du commencement que vos desseins volassent si haut, Sat. Mén. Disc. de d'Aubray. Ton ame, volée au troisieme ciel, puisse reluire entre les estoiles, Yver, p. 593. Tel pense voler qui ne sauroit bouger, Cotgrave

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Étymologie de « voler »

(verbe 1) Du latin volare (« voler dans l’air »). (881) volat (« vola »).
(verbe 2) Du précédent, avec spécialisation du sens transitif en termes de fauconnerie. Il a supplanté rober (« dérober par force »), usuel jusqu’au XVIe siècle et embler (« dérober par la ruse »), usuel jusqu’au XVIIe siècle.
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Wallon, volé ; provenç. et espagn. volar ; ital. volare ; du lat. volare.

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Phonétique du mot « voler »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
voler vɔle

Fréquence d'apparition du mot « voler » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « voler »

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Citations contenant le mot « voler »

  • Quand un voleur ne trouve plus l'occasion de voler, il se croit honnête homme.
    Le Talmud
  • Mieux vaut s'asseoir avec le hibou que voler avec le faucon.
    Proverbe allemand
  • Qui vole un oeuf, ferait mieux de voler un boeuf.
    Francis Blanche — Mon oursin et moi
  • Donner, c’est donner ; reprendre, c’est voler.
    Proverbe français
  • Pour pouvoir voler vous devez croire à l’invisible.
    Richard Bach — Interview télévisée
  • Âgés de 15 et 16 ans, ils les ont menacés avec la lame d’un cutter pour voler à l’une des filles, son téléphone portable et à l’un des garçons, sa trottinette. Le groupe s’est rebellé et les deux individus ont fini par abandonner les objets dérobés puis s'en sont allés.
    Faits-divers - Justice | Roanne: ils brandissent un cutter pour voler un téléphone et une trottinette
  • Gouverner, c’est voler, tout le monde sait ça.
    Albert Camus — Caligula
  • Les adieux ressemblent à des oiseaux qui apprennent à voler.
    Dominique Sampiero — La Petite Présence
  • Pauvreté n’oblige pas à voler, ni richesse n’empêche.
    Proverbe scandinave
  • Voler le gouvernement n'est pas un péché. Le gouvernement c'est nous et comment pourrions-nous nous voler nous-mêmes ?
    Charles Soucy — Chroniques des saisons gaspésiennes
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Traductions du mot « voler »

Langue Traduction
Anglais steal
Espagnol robar
Italien rubare
Allemand stehlen
Chinois
Arabe طيران
Portugais roubar
Russe украсть
Japonais スチール
Basque lapurtu
Corse furtà
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Synonymes de « voler »

Source : synonymes de voler sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « voler »

Combien de points fait le mot voler au Scrabble ?

Nombre de points du mot voler au scrabble : 8 points

Voler

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