La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « refaire »

Refaire

Définitions de « refaire »

Trésor de la Langue Française informatisé

REFAIRE, verbe

I. − Empl. trans. et pronom.
A. − [L'obj. sur lequel porte l'action de refaire préexiste à cette action]
1. Reconstituer ce qui a été défait ou ce qui s'est défait.
a) Empl. trans.
[L'obj. appartient au domaine du concr.] Refaire un pansement; refaire les valises. Quand nous eûmes ouvert ses vêtements et défait, pour le refaire, le bandage qui cachait la blessure (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 158).Le paysan fut admirable d'endurance et de foi. Comme les fourmis qui refont grain à grain leur fourmilière bouleversée, il refit le patrimoine motte à motte (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p. 98).
[L'obj. appartient au domaine de l'abstr.] Refaire l'unité d'un pays. Vous ne voyez rien dans l'avenir qui puisse refaire une position à MmeVigneron ou à ses filles? (Becque,Corbeaux, 1882, iii, 5, p. 179).Rome a juré de refaire son empire sur les ruines de la Révolution française (Clemenceau,Iniquité, 1899, p. 222).
b) Empl. pronom. Les couples, qui se défaisaient et se refaisaient, relayant tantôt le mâle et tantôt la femelle, me constituaient toujours une famille (Arnoux,Zulma, 1960, p. 16).
2.
a) Empl. trans.
Remettre à neuf, réparer. Refaire une maison, un mur, une pièce, les papiers peints, les peintures. Deux fois, Nana avait rêvé de la refaire [la même chambre], la première tout en velours noir, la seconde en satin blanc (Zola,Nana, 1880, p. 1268).L'an prochain, il fera refaire la façade, repeindre l'enseigne (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 53).
Remettre en ordre. Elle s'attarda, refit lentement sa coiffure et, toute droite, sortit (Saint-Exup.,Courr. Sud, 1928, p. 29).Paul circulait tout nu, refaisait son lit, aplatissait le linge (Cocteau,Enfants, 1929, p. 83).
En partic., fam., empl. pronom. réfl. indir. Se refaire une beauté*, la façade* (pop.). Michon, allume-moi une bougie pour chauffer mon rouge. Il faut que je me refasse les lèvres (A. France,Barbe-Bleue, Hist. duchesse de Cicogne, 1909, p. 23).
P. anal. Remettre en bonne condition physique. Rien n'est capable de refaire un malade comme le bon air. Envoyer des chevaux à l'herbe pour les refaire (Ac.). Il était occupé chez le marquis à refaire sa santé, et il la refaisait bien (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 145).Je plongeai mon visage dans l'eau pour le refaire, le rafraîchir (Sagan,Bonjour tristesse, 1954, p. 39).
SPORTS. Refaire le terrain, un handicap. ,,Regagner du terrain, combler un handicap ou un retard sur les concurrents`` (Petiot 1982). La Course des Champions [de cross-country] fut rendue passionnante (...). Baudouin fut lâché deux fois; mais, courageusement, il refit le terrain perdu (L'Œuvre, 27 janv. 1941).
Fam. Refaire une virginité*.
b) Empl. pronom.
Se refaire (une santé). Reconstituer ses forces. Il va à la campagne pour se refaire (Ac.).Sa nourrice, disait-elle, se refaisait le sang à coups de tafia (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Mouche, 1890, p. 1340).
Se refaire de qqc.Se remettre de. Deux joueurs (...) qui mettent à profit le gain du jour pour se refaire de la diète que leur a sans doute imposée la perte de la veille (Jouy,Hermite, t. 3, 1813, p. 95).Je suis à l'hôtel, où je dîne splendidement à crédit et me refais de mes voyages (Nerval,Corresp., 1834, p. 41).
Se refaire.Rétablir sa fortune (notamment après une perte au jeu). Les secours en argent iront surtout à quelques millionnaires dont l'opulence a été plus ou moins entamée (...) et qui ont besoin de se refaire (Bloy,Journal, 1902, p. 97).
3. Transformer, recréer sur des bases nouvelles.
a) Empl. trans.
Qqn refait qqc.Refaire un devoir bâclé. Tout est aujourd'hui à refaire en politique et en morale (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p. 466).En tout art, drame ou roman, l'artiste doit tout refaire (Alain,Beaux-arts, 1920, p. 259).
Empl. pronom. réfl. indir. [David] eut le courage de réformer toutes ses habitudes (...): il eut le courage de se refaire un talent (Delacroix,Journal, 1860, p. 271).
Au fig. Dans son désespoir, elle refaisait sa propre existence, imaginait Jouques toujours resté au magasin familial (Estaunié,Empreinte, 1896, p. 303).
Loc. verb. Refaire sa vie. Prendre une nouvelle orientation; partager sa vie avec quelqu'un d'autre. J'ai cru que je pouvais refaire ma vie en m'appuyant sur elle (J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, p. 87).
Refaire le monde. Reconstruire, en paroles, la société:
1. [Madame Sophie Gay] avait des aperçus, des idées, et cela sans jamais prétendre, comme tant de femmes, refaire le monde; elle n'aurait voulu refaire que le monde de son beau temps et de sa jeunesse. Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 82.
Qqc. refait qqn.Au fig. Quelques aunes d'indienne refont une autre femme, la voilà redevenue jeune et renouvelée (Michelet,Peuple, 1846, p. 101).
VÉN. Refaire sa tête. [Le suj. désigne un Cervidé] ,,Donner naissance à de nouveaux bois remplaçant ceux qui sont tombés`` (Burn. 1970).
b) Empl. pronom.
Rare, pop. Se transformer physiquement. Vers quinze ans elles [les jeunes filles] se refont (c'est en français vulgaire l'expression des matrones); et celle qui paraissait affreuse naguère reparaît, après ce court travail de transformation, sinon belle, du moins agréable (Sand,Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 55).
Expr. fam. On ne se refait pas. On ne change pas facilement son caractère. Chacun meurt comme il est et (...) l'on ne se « refait » pas (Ricœur,Philos. volonté, 1949, p. 333).
4. Redonner une certaine qualité, un certain caractère à quelque chose ou à quelqu'un.
a) Refaire qqc. de qqc.[Les symbolistes] poursuivront cette révolution, entreprise par le romantisme, qui refit du français un langage apte au lyrisme (Béguin,Âme romant., 1939, p. 388).
b) [Avec un attribut] Ces petits détails intimes et familiers, qui refont vivant l'être disparu (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Veillée, 1882, p. 797).
Empl. pronom. Se refaire beau. Si les voix se refont plus sûres, l'orchestre, les cordes gardent leur inquiétude (Rolland,Beethoven, t. 2, 1937, p. 410).
P. anal. Rousseau et ceux de son école se refaisaient primitifs et « sauvages » (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 130).Il s'est refait enfant pour vivre avec des gamins de dix-sept à vingt ans (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 74).
B. − [L'obj. ne préexiste pas en tant que tel à l'action de refaire]
1.
a) Faire un être, une chose, de même nature, de même type, de même modèle; les reproduire à l'identique.
[L'obj. désigne un être vivant] Zanzibar a besoin d'enfants (...) donnez l'alarme Criez au carrefour et sur le boulevard Qu'il faut refaire des enfants à Zanzibar (Apoll.,Tirésias, 1918, i, 8, p. 896).Si elles [les bêtes] tombent, les autres passent et il peut s'en perdre autant que l'on veut, il en restera toujours une de chaque espèce prête à refaire des petits et à reprendre le même chemin avec le même courage, toute pareille à celles qui sont passées avant (Anouilh,Antig., 1946, p. 185).
[L'obj. désigne un inanimé concr.] − (...) Tu as gardé l'insigne de notre couvent? (...) − Mais non; je l'ai fait refaire, c'est une copie mais très exacte (Larbaud,Journal, 1935, p. 354).Je meurs de faim. Refaites-moi une truite au bleu (Giraudoux,Ondine, 1939, i, 4, p. 33).
En partic., empl. pronom. passif. Être à nouveau à la mode. Le jaune se refait cette année.
[L'obj. désigne une action] Si, en refaisant cette opération [l'application du vernis], il arrivait qu'on distinguât des raies sur l'ouvrage, il faudrait de suite remettre un peu d'huile (Nosban,Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 181).Davis refit les additions et les soustractions; elles étaient justes (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 68).[L'obj. désigne une action en la qualifiant] Refais toujours la même lâcheté! (Hugo,Fin Satan, 1885, p. 912).[L'obj. désigne un geste, un mouvement, un déplacement] Ce voyage d'Italie que je refais en imagination (J.-J. Ampère, Corresp., 1826, p. 390).Refaites votre entrée, Suzanne, et marquez l'espèce de frisson que vous donne la présence de Mirabeau (Duhamel,Suzanne, 1941, p. 9).
[P. méton.] [L'obj. désigne une distance] Peut-être qu'ils auront changé les numéros, dit le chauffeur. On va refaire l'avenue dans l'autre sens (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 421).[L'obj. désigne un espace de temps] Prinet perdant la tête à son baccalauréat, se faisant recaler, devant refaire un an d'études (Montherl.,Songe, 1922, p. 83).
JEUX DE CARTES, empl. abs. Redonner les cartes. Vous avez mal donné, il faut refaire (Ac.1878-1935).
b) Redire, répéter. Il refaisait pour son usage le mot de Titus, et disait: « J'ai perdu ma journée. » (Murger,Scènes vie boh., 1851, p. 33).Je refis tant bien que mal à Clémentine le récit de Mocquard (Benoit,Atlant., 1919, p. 214).[En incise] − (...) Où ça? − Ah!... refit Burette, là... (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 67).
2. [Refaire + obj. est l'équivalent d'un verbe d'action itératif]
a) Empl. trans. Faire à nouveau, accomplir à nouveau. Refaire du ski, de la gymnastique, des études; refaire du bruit, du mal. Je vais mieux (...). Et je refais moi-même mon ménage, c'est te dire s'il est bien fait (Colette,Naiss. jour, 1928, p. 18).Il essayait de refaire un peu de latin. Depuis le lycée, ses connaissances s'étaient estompées (Camus,Peste, 1947, p. 1240).
b) Empl. pronom. Se refaire la main. Réapprendre (une technique):
2. Armand conduisit Bastien au second étage de l'hôtel, où il avait disposé une vaste pièce en salle d'armes, car il aimait passionnément l'escrime jadis, et il y prit des fleurets et des masques, disant au vieux soldat: − Refais-toi un peu la main, c'est toujours une bonne précaution à prendre. Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 365.
C. − Pop., fam., empl. trans. Refaire qqn (de qqc.).Duper quelqu'un en lui soutirant ce qu'il a ou en ne lui accordant pas ce à quoi il s'attendait légitimement. Bloy ne demande rien, quoiqu'il ait été refait de huit cents francs (Bloy,Journal, 1893, p. 92).Robert en a donc été pour ses frais. C'est ce qu'il appelle: « être refait » (Gide,École femmes, 1929, p. 1275).Je ne marche pas! Vous tentez de nous refaire sur la commission! (Malraux,Espoir, 1937, p. 681).
Être refait au même. Je lui ai catégoriquement démontré qu'il était dindonné, ce que nous appelons refait au même (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 287).
[P. méton. de l'obj.] Voler, dérober. Le Fridolin se plaint qu'on lui ait fait les poches et qu'on lui ait refait jusqu'à son tabac (Cendrars,Main coupée, 1946, p. 197).Je croyais que tu ne mettais plus les pieds dans ce bouge depuis qu'ils t'ont refait ton portefeuille, dit Henri (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 249).
II. − [Auxil. à valeur factitive, suivi d'un inf.] Être à nouveau cause de quelque chose. Tu vas refaire aux cieux flamboyer l'anathème (Dierx,Lèvres closes, 1867, p. 149).
III. − [Substitut d'un autre verbe ou d'une loc. verb.] Tu demandes si je suis bien aise d'être mariée? Oh! oui, j'en suis bien aise! et ce serait à refaire que, certainement, je le referais! (Dumas père, Demois. de St-Cyr, 1843, ii, 6, p. 132).
Si c'était à refaire. Ce mariage entrait dans un certain ordre des choses qu'il ne m'appartenait pas de renverser. Aujourd'hui encore, ce sentiment, si féminin, est en moi: si c'était à refaire, je le referais (Daniel-Rops,Mort, 1934, p. 231).
REM. 1.
Refaiseur, -euse, subst.,rare. Celui, celle qui refait. Au fig. Je trouve risible ces efforts pour tâcher de redonner du mystère à des choses qui n'en ont plus. Nous sommes comme des refaiseurs de virginités mortes (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1891, p. 121).Cette Séverine me semble, dans ce moment, une refaiseuse de pucelage pour femmes et pour hommes (Goncourt,Journal, 1893, p. 454).
2.
Réfecteur, subst. masc.,rare. Ce qui refait les forces. Du jus de viande, ou tout autre réfecteur, réparateur (Goncourt,Ch. Demailly, 1860, p. 280).
3.
Réfectible, adj.,rare. Qui peut être refait. Le jeune ministre Hanotaux avait-il réfléchi à cela? Ce qu'il détruisait sans pitié n'était pas réfectible (Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p. 36).
Prononc. et Orth.: [ʀ əfε:ʀ], (il) refait [-fε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1120 être refait d'une pers. « être reposé, remis, avoir retrouvé sa vigueur » (Benedeit, St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 705); b) ca 1170 se refaire (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1470); 2. 1130-40 « faire faire à nouveau (quelque chose à quelqu'un) » (Wace, Ste Marguerite, éd. A. Francis, 538); 3. 1155 « remettre en état » (Id., Brut, éd. I. Arnold, 13547); 4. 1160-74 « faire à son tour » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, 3328); 5. 1377 part. passé subst. vén. refait (Gace de La Buigne, Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 11307); 6. 1700 « duper » (d'apr. Esn.); ca 1800 « voler » (ibid.); 1820-40 (ms. Jacquinot, cité ds Larch. Nouv. Suppl. 1889: il est refait comme un Claude « il s'est laissé tromper comme un niais »); 7. av. 1720 se refaire terme de jeu (MmeDu Noyer citée ds Trév. 1752). Dér. de faire*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 1 751. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 399, b) 2 984; xxes.: a) 3 074, b) 2 803. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 246. − Quem. DDL t. 25.

Wiktionnaire

Verbe - français

refaire \ʁə.fɛʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se refaire)

  1. Faire de nouveau ce qu’on a déjà fait.
    • Mais le Firecrest faisait toujours un peu d'eau, et je décidai de le remettre une nouvelle fois à terre et de terminer par là où j'aurais dû commencer en enlevant complétement le doublage en cuivre et en refaisant le calfatage de la coque. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Refaire un voyage, un ouvrage, un discours.
    • C’est un homme qui passe sa vie à faire, défaire et refaire.
    • Tout ce qu’il a fait est à refaire.
  2. Faire une chose pour la première fois, mais à l’imitation de quelqu’un qui l’a déjà faite.
    • Cet auteur ne doute de rien, il a voulu refaire un Misanthrope, une Esther.
  3. Réparer, raccommoder, rajuster une chose ruinée ou abîmée.
    • Avec les sous que nous allons recevoir du Pape, nous pourrons refaire la grange, repaver l’écurie et reblanchir la cuisine. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Soucis d’argent, de santé, calculs de l’ambition et de la jalousie, tout était là, devant elle, comme ces devoirs d’écolier où le maître a écrit : à refaire. — (François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 110)
    • Moins timides, les merlesses se refaisaient en hâte un brin de toilette sur leur branche et regardaient passer le jeune homme d’un œil frais. — (Raymond Dumay, Le raisin de maïs, Gallimard, 1947, page 105)
    • Refaire un vêtement. — Se refaire une beauté. — Refaire son maquillage.
  4. Recommencer.
    • Mermoz allait dans son bureau contempler la carte. Il faisait et refaisait les calculs. Oui, selon la direction et la force des vents, il mettrait de vingt à vingt-quatre heures pour aller de Dakar à Natal en avion. — (Joseph Kessel, Mermoz, illustré par Roger Parry, Gallimard, 1939, page 129)
  5. Remettre en vigueur et en bon état.
    • Rien n’est capable de refaire un malade comme le bon air.
    • Envoyer des chevaux à l’herbe pour les refaire.
    • Il va à la campagne pour se refaire.
    • Ce cheval s’est bien refait depuis peu.
    • Cette armée s’est refaite dans ses quartiers d’hiver.
    • Un loup chasse encore à trois cents pas à peine de la maison… Bonne chance ! frère ! tue et refais-toi. Puis, dors tout le jour, bien au chaud, sur ton lit de feuilles sèches !… — (Maurice Constantin-Weyer, Un homme se penche sur son passé, 1928, réédition Nelson, page 88)
  6. (Spécialement) Réapprovisionner.
    • Le train ne s’arrêtera aux stations secondaires de la ligne que le temps de refaire son eau et son combustible. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre V, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
  7. (Populaire) Tromper, duper.
    • Le Foirond a été refait et comment. J'ai payé les trois premières traites et j'ai laissé protester les autres, sous prétexte que le pinard tournait. Aujourd'hui je n'ai pas encore payé et je ne payerai point. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 15)
    • Il s’est déshonoré, le mec ! Pas être foutu de refaire une poule sans se faire paumer par la garde ! Et se faire allonger par un tringlot, un gars du Royal Cambouis ! C’est ça qui dépasse tout ! — (Roger Vercel, Capitaine Conan, Albin Michel, 1934, réédition Le Livre de Poche, page 56)
  8. (Jeu de cartes) Redonner les cartes.
    • Vous avez mal donné, il faut refaire.
  9. (Pronominal) (Figuré) Rétablir sa fortune, se récupérer de ses pertes.
    • Commencer à se refaire.
    1. (En particulier) (Jeux) Regagner ce qu’on avait perdu.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

REFAIRE. (Il se conjugue comme FAIRE.) v. tr.
Faire encore ce qu'on a déjà fait. Refaire un voyage. Refaire un ouvrage, un discours. C'est un homme qui passe sa vie à faire, défaire et refaire. Tout ce qu'il a fait est à refaire. Il signifie aussi Faire une chose pour la première fois, mais à l'imitation de quelqu'un qui l'a déjà faite. Cet auteur ne doute de rien, il a voulu refaire un Misanthrope, une Esther. Il signifie aussi Réparer, raccommoder, rajuster une chose ruinée ou abîmée. Refaire une muraille. Refaire une vieille maison. Il y a beaucoup à refaire à cet ouvrage. Refaire un vêtement. Fam., On ne se refait pas, On ne change pas son caractère comme on veut.

REFAIRE signifie aussi Recommencer. Si c'était à refaire, je le referais. Il signifie aussi Remettre en vigueur et en bon état. Rien n'est capable de refaire un malade comme le bon air. Envoyer des chevaux à l'herbe pour les refaire. Il va à la campagne pour se refaire. Ce cheval s'est bien refait depuis peu. Cette armée s'est refaite dans ses quartiers d'hiver. Fig., Commencer à se refaire, Rétablir sa fortune, se récupérer de ses pertes. Il signifie particulièrement, en termes de Jeu, Commencer à regagner ce qu'on avait perdu.

REFAIRE s'emploie, dans le langage populaire, au sens de Tromper, duper. Je me suis laissé refaire. J'ai été refait. En termes de jeux de Cartes, il signifie Redonner les cartes. Vous avez mal donné, il faut refaire.

Littré (1872-1877)

REFAIRE (re-fê-r') v. a.

Il se conjugue comme faire.

  • 1Faire ce qui a déjà été fait. Refaire un travail, un voyage. Il est vrai que nous ne voyons point qu'on jette par terre toutes les maisons d'une ville pour le seul dessein de les refaire d'autre façon, et d'en rendre les rues plus belles, Descartes, Méth. II, 2. Je n'ai jamais donné cet ouvrage [la Sophonisbe] que comme celui de Mairet, un peu retouché, pour engager les jeunes gens à refaire les belles pièces de Corneille, comme Attila, Agésilas, Pertharite…, Voltaire, Lett. d'Argental, 31 janv. 1774. Je me souviens qu'après la bataille de Zorndorf, où Votre Majesté avait assommé 30000 Russes, un grand Danois me disait froidement : Il n'y a pas de mal, il est si aisé à Dieu de refaire des Russes, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 14 févr. 1774. Il [Locke] l'entreprit [son livre sur l'Entendement] par occasion, et le continua de même ; et, quoiqu'il prévît qu'un ouvrage composé de la sorte ne pouvait manquer de lui attirer des reproches, il n'eut, comme il le dit, ni le courage ni le loisir de le refaire, Condillac, Conn. hum. Introduct. Voyez-le [l'homme] se créer des dieux de fantaisie ; Ses malheurs, ses succès, sa haine, son amour, Font, défont et refont ces déités d'un jour, Delille, 1mag. VIII.

    Absolument. Pour contracter une habitude, il suffit de faire et de refaire à plusieurs reprises ; et pour la perdre il suffit de ne plus faire, Condillac, Log. I, 6.

  • 2Faire, même pour la première fois, une chose analogue à une chose qui a déjà été faite. Et tu pourras à Paphos et Cythère De cette Iris refaire une Vénus, La Fontaine, Imitat. d'Anacréon. Un homme d'esprit qui lit avec réflexion les ouvrages de Richardson, refait la plupart des sentences des moralistes, et avec toutes ces sentences il ne referait pas une page de Richardson, Diderot, Élog. de Richards.
  • 3Remplacer un ami perdu par un nouvel ami. Le petit Dubois [employé à la poste] est parti… et je m'aperçois déjà de son absence ; je passai hier à la poste pour tâcher d'y refaire des amis, Sévigné, 20 avr. 1672. Il prétend qu'on refait aussi aisément un ami perdu, que Phidias une statue brisée ; je n'en crois rien, Diderot, Cl. et Nér. II, 1. Je perds tous les jours quelque ami, et on n'en refait plus à mon âge, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 3 juill. 1778.
  • 4Réparer, raccommoder une chose gâtée, ruinée. Refaire un habit. Vous dites de celui qui travaille une poutre : il est charpentier ; et de celui qui refait un mur : il est maçon, La Bruyère, XII. Il n'y a qu'un moyen de remettre l'ordre dans la faculté de penser ; c'est d'oublier tout ce que nous avons appris, de reprendre nos idées à leur origine, d'en suivre la génération, et de refaire, comme dit Bacon, l'entendement humain, Condillac, Log. II, 1. Cette Aglaure que vous refaisiez sans cesse et qui était toujours à refaire, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 313, dans POUGENS.
  • 5 Terme de cuisine. Refaire de la viande, l'accommoder en la faisant revenir sur la braise ou dans l'eau chaude.
  • 6Reproduire, en parlant des dents, des plumes. Ces huppes… à demi engourdies, vivant de peu, et pouvant à peine refaire les plumes que la mue leur avait fait perdre, Buffon, Ois. t. XII, p. 139. Lorsqu'ils ont refait leurs premières dents, qui tombent à six mois, et lorsqu'ils ont acquis de la force, des armes et des talents pour la rapine, Buffon, Quadrup. t. II, p. 194.

    Terme de vénerie. Refaire sa tête, se dit du cerf, du daim ou du chevreuil, quand ces animaux se retirent pour reproduire tranquillement leur bois.

  • 7Redonner de la vigueur, remettre en bon état. Refaire un malade par un bon régime. L'exercice, la bonne nourriture le refirent.

    Refaire des troupes, les délasser, les rafraîchir.

  • 8 Populairement, tromper, duper. On l'a refait, il s'est laissé refaire.
  • 9 V. n. Recommencer. Je serais bien fâché que ce fût à refaire, Racine, Plaid. II, 3. Glocester : Buckingham vit, Tyrrel. - Tyrrel : Il s'est bien défendu. - Glocester : Tu l'as mal attaqué. - Tyrrel : J'affirme le contraire ; Mais après tout, milord, coup nul : c'est à refaire, Delavigne, Enfants d'Éd. III, 4.

    Familièrement. Avec cet homme-là on n'a jamais fini, c'est toujours à refaire.

    Au jeu de cartes, redonner des cartes. Je donne, il en prend six et demande à refaire, Molière, Fâch. II, 2.

  • 10Se refaire, v. réfl. Être refait, reproduit. Quoi ! l'homme à qui je confierai mes pensées les plus secrètes… cet homme se refait en un jour, en un mois, en un an ! eh ! malheureusement la durée de la vie y suffit à peine, Diderot, Claude et Nér. II, 2.
  • 11Réparer ses forces, reprendre sa vigueur. Ils trouvèrent abondance de vivres, et se refirent après les misères qu'ils avaient souffertes, Vaugelas, Q. C. VII, 3. L'armée y passa deux jours à se reposer et à se refaire de ses fatigues, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 395, dans POUGENS. Je me refis si bien dans cette maison…, Lesage, Gil Blas, VIII, 1. Il y avait longtemps que je faisais mauvaise chère, j'avais besoin de me refaire, Rousseau, Conf. IV.

    Fig. Il est en voie de se refaire, de rétablir sa fortune, de regagner ce qu'il a perdu.

  • 12Se donner un nouveau caractère. Que voulez-vous, mon oncle ? je ne me referai point, Fagan, Pupille, sc. 11.

    PROVERBE

    À une femme et à une vieille maison il y a toujours à refaire.

HISTORIQUE

XIIe s. E tuit li regne d'envirum, Par poi [presque] senz habitatiun, Comencerent à restorer, E à refaire e à pupler, Benoit de Sainte-Maure, I, V. 2063. Montons ore por neteer le temple e refaire, Machab. I, 4. Or me refait Amors à li entendre, Couci, v. Au jour du jugement… Or ont li pecheor grant gaaing de lor fais ; Qui ce pourra conquerre, gariz iert [sera] et refais, Sax. X. Bien savez qu'il nus ad fait vos leis [lois] confermer, E or nos volt refaire trestuz deslealer [être déloyaux], Th. le mart. 42.

XIIIe s. Il refisent les murs de Jherusalem, et retornerent Israel en son premier estat, Latini, Trésor, p. 61. …Dont li chaïrent [tombèrent] aus piés tout en plorant ; et li marchis refist tout autretel, et dist que moult le fera volontiers, Villehardouin, XXVII. Si refont [répondent] li baron : Nous loons que…, Villehardouin, XLVIII. Je sai bien que de cest afaire Vourroies [tu voudrais] qu'il fust à refaire, Bl. et Jeh. 1225.

XIVe s. Li tribuns furent refaiz et continuez, Bercheure, f° 58, recto. [Des coquillages] lavés très bien, et eschaudés, et puis refais en eaue froide, Ménagier, II, 5.

XVe s. Il n'est chose qu'argent ne face, Et ne desface, et ne refasce, Froissart, Le dit dou florin. Tout est rompu, c'est à reffaire, Orléans, Ball. 65.

XVIe s. Il logea son armée ès garnisons pour la refreschir et refaire, Amyot, P. Aem. 46. Ce qui fut se refait ; tout coule comme une eau, Et rien dessous le ciel ne se voit de nouveau, Ronsard, Hymmes, II, 9. Il maintenoit que les huitres, desquelles on rejettoit la coquille en la mer, se refaisoient comme auparavant, D'Aubigné, Faen. III, 6. Chasteau abattu est à demy refaict, Cotgrave Robbe refaict moult l'homme, Cotgrave

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « refaire »

(Date à préciser) Mot dérivé de faire, avec le préfixe re-.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Re…, et faire ; picard, erfoère, refaire, duper ; wallon, rifé ; provenç. refar ; catal. refer ; espagn. rehacer ; ital. rifare.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « refaire »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
refaire rœfɛr

Fréquence d'apparition du mot « refaire » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « refaire »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « refaire »

  • En amour, tout s’annule au fur et à mesure. Tout est à refaire à chaque instant.
    Georges Perros — Notes
  • Il se trouve qu’il y a quelques jours, j’ai rencontré des locataires d’un logement de la ville qui est dans un état absolument déplorable. Ils ne comprenaient pas pourquoi la Ville, qui dégage autant d’argent en excédent, ne les utilise pas pour refaire un minimum des logements qui sont complètement délabrés ou pour s’occuper de voirie. Comment expliquer qu’on est un tel excédent et qu’on ait un tel déficit en termes d’entretien de la ville ? 
    Trouville-sur-Mer : au conseil municipal, l’opposition s’inquiète pour l’état de la voirie et des logements | Le Pays d'Auge
  • Chaque poème à lire ou à relire est un poème à refaire.
    Macha Séry — Jacques Roubaud - Le Monde de l'éducation - Janvier 2001
  • On n'a jamais le temps de bien faire mais toujours le temps pour refaire.
    Walter Roland — Clément
  • La France est à refaire, mais elle sera toujours refaite.
    Aurélien Scholl
  • "Les médecins m'ont informé que le test s'était mal passé et que nous devions le refaire", a-t-il expliqué, avant d'être invité à préciser ce qu'il entendait par "mal".
    Coronavirus : Vinicius doit refaire un test | Goal.com
  • Se refaire soi-même, c'est refaire le monde.
    Louis Fortin
  • Le confinement a été dur pour les restaurateurs qui ont du mal à relancer leur commerce. Le restaurant Le Looping, à l'aérodrome de Tallard en a profité pour refaire des rénovations durant cette crise sanitaire.
    D!CI TV & Radio — Hautes-Alpes: Le restaurant Le Looping, à l'aérodrome de Tallard se refait une beauté | D!CI TV & Radio
  • Sur ce chantier la dizaine d'ouvriers mobilisé s'atèle à changer l'ensemble de la voie ferrée : les rails, le ballaste, les traverses, il faudra aussi refaire le bitume de ce passage à niveau très fréquenté notamment par les poids lourds. Pour autant il est impossible d'aménager les horaires des ouvriers en fonction des coups de chaud, les travaux sont encadrés par les heures de passage des trains explique Brice Loyau employé à la SNCF : "Le train passe le matin à 8h30 et le soir à 17h30, cela veut dire qu'entre deux nous sommes obligés de remettre la voie en état, nous n'avons pas le choix"
    France Bleu — Avec des températures égales ou supérieures à 35° c'est le coup de chaud sur les chantiers en Touraine
  • Révolutionnaire pour une ancienne place Royale ! Dans une vingtaine de mois, les habitants de Montauban découvriront la place Nationale totalement repensée. Doublement classé aux Monuments historiques, pour ses façades de brique à partir de 1912-1913, puis ses sols en 1939, ce joyau du patrimoine tarn-et-garonnais qui a vu le jour au lendemain de la fondation de la ville, en 1144, avant d’être plusieurs fois remanié au fil des siècles, va se refaire une beauté.
    ladepeche.fr — Montauban : découvrez à quoi va ressembler la future place Nationale - ladepeche.fr
Voir toutes les citations du mot « refaire » →

Traductions du mot « refaire »

Langue Traduction
Anglais remake
Espagnol rehacer
Italien remake
Allemand remake
Chinois 翻拍
Arabe طبعة جديدة
Portugais refazer
Russe переделка
Japonais 作り直す
Basque remake
Corse rimpiccà
Source : Google Translate API

Synonymes de « refaire »

Source : synonymes de refaire sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « refaire »

Combien de points fait le mot refaire au Scrabble ?

Nombre de points du mot refaire au scrabble : 10 points

Refaire

Retour au sommaire ➦