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Triste

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin triste tristes

Définitions de « triste »

Trésor de la Langue Française informatisé

TRISTE, adj.

A. − [En parlant d'une pers., de son état et, p. méton., d'un de ses attributs; l'adj. généralement postposé caractérise uniquement le subst. sur lequel il porte]
1. Qui est dans un état d'abattement, qui ne peut éprouver de gaieté, de joie en raison d'une douleur particulière, d'une peine, d'une préoccupation. Synon. abattu, affligé, découragé, désespéré, malheureux; anton. gai, réjoui.Tu me racontes qu'à ce bal tu as ri, ri comme une folle. Et tu te plains que tes paroles aient l'air de me faire du mal. Je voudrais ne pas sembler triste, mais j'ai du chagrin, oui, c'est vrai (...). Cette peine que j'ai, méchante, tes yeux la guettaient dans mes yeux (Géraldy, Toi et moi, 1913, p. 65).Ah! mes enfants! le vieux pommier va mourir. C'est même pour cela que je suis triste à pleurer (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 199).
Être triste de. Être affligé, désolé du fait de. Je suis triste de votre ennui. Avec tant de moyens pour passer votre temps agréablement dans ce monde, vous ne jouissez pas des avantages que vous avez sous la main (Delacroix, Journal, 1851, p. 440).
Loc. Être triste comme un lendemain* de fête. Être triste comme une porte de prison. V. porte1II A 2 b.Être triste comme la mort. V. mort1.
2. Qui présente les caractères de cet état, qui paraît sombre, morose. Synon. mélancolique, taciturne; anton. enjoué, gai, joyeux.Il est né triste; on le voit toujours triste; elle est triste de son naturel. Devenu tout à fait un fêtard (...) [il déclare] que les artistes (...) sont des êtres mélancolieux, tristes, embêtants et n'apportant dans leurs relations que du noir, et qu'il veut maintenant autour de lui de la gaîté, de la joie! (Goncourt, Journal, 1894, p. 533).Je n'éprouvais qu'un médiocre plaisir à me trouver avec eux (...). Je devenais triste, maussade et ne fréquentais mes camarades que parce que je ne pouvais faire autrement (Gide, Si le grain, 1924, p. 421).
3. P. méton.
a) [En parlant d'un attribut de la pers.] Qui exprime cet état. Anton. gai, jovial.Avoir l'air triste; avoir un caractère triste; avoir un regard, un sourire, un visage, une figure, une mine triste. Madame Berthereau (...) avait des traits meurtris et tristes, des yeux de soumission, une bouche lasse où passait parfois le secret désespoir du bonheur perdu (Zola, Vérité, 1902, p. 3).La stupeur quitta son visage, où montèrent l'expression de la sévérité, une grimace amère et triste qui n'avait point d'âge (Colette, Blé en herbe, 1923, p. 132).
[Antéposé] Le Chevalier à/de la Triste figure*.
b) En partic. [Parfois antéposé; en parlant de sentiments, d'idées inspirés par cet état] Qui est marqué par cet état. Cœur lourd et triste; idées tristes; tristes propos; avoir la triste impression de vieillir, d'être inutile; abîmé/plongé dans de tristes pensées; se livrer à de tristes réflexions; tomber dans une triste et profonde rêverie. Je suis né (...) au bord d'une mer sombre (...). Les nuages y paraissent sans couleur, et la joie même y est un peu triste (Renan, Souv. enf., 1883, p. 63).On parle de son métier, de ses amours, de ses affaires, avec de la gaieté partout. (...) sans vouloir mentir, on brode un peu: il y a si peu de choses dans notre passé naissant de jeunes gens. Les moins gais n'ont jamais de souvenirs tristes à raconter (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 125).
Loc. verb., au fig. Avoir le vin* triste.
4. Empl. subst. Personne dont la tristesse est un trait dominant de caractère. Jean avoua très simplement l'impression que lui avait faite le suicide d'Alice Doré. « Mais ce n'est pas la même chose dit Caoudal vivement (...). Celle-là, c'était une triste, une molle aux mains tombantes... » (A. Daudet, Sapho, 1884, p. 263).Il me semble, à moi, que vous n'êtes pas un triste: vous n'êtes qu'un homme qui souffre (R. Bazin, Blé, 1907, p. 144).
Au plur. En bon égoïste, il n'aime pas les tristes, et la vue de ce petit visage aminci et sans sourire l'offusquait (Gyp, Passionn., 1891, p. 132).
5. P. anal. [En parlant d'un animal] Les carrioles sales, aux rideaux flottants, accompagnées d'un chien triste, allant, tête basse, entre les roues, s'étaient arrêtées l'une après l'autre (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 230).[P. méton.] [Le poney] qui a le sentiment inné des convenances, ne fringuait plus, allongeait un sabot triste (Arnoux, Solde, 1958, p. 146).
B. − [En parlant d'un inanimé; l'adj. caractérise uniquement le subst. sur lequel il porte; l'antéposition constatée dans certains cas est littér. ou arch.]
1. Qui répand cet état, qui rend triste. Synon. austère, lugubre, morne1, sinistre1.Air tendre et triste; chanson mélancolique et triste; note monotone et triste; tristes accents (d'une élé-gie); couleur triste; automne pluvieux et triste; temps triste et gris; triste journée sans soleil; tristes ténèbres; paysage désertique et triste; lieu triste et solitaire; quartier triste; tristes rues de province; ville industrielle sale et triste; bâtiments nus et tristes; masures tristes et délabrées; uniforme/robe triste et sombre. Comme mes lauriers n'ont jamais empêché personne de dormir, des chœurs pourront chanter pendant la triste cérémonie (...) l'ode célèbre (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 223).Le vent soufflait de l'est et chassait devant lui une armée de nuages tristes chargés de neige (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 183).
Empl. attribut, fam. (C'est) pas triste. (C'est) très amusant. La créativité de la gauche, en ce moment, c'est pas triste! (Le Point, 3 oct. 1977, p. 105, col. 2).
Empl. adv., notamment dans le lang. public. D'une manière triste, dans la tristesse. Hier encore, rouler diesel c'était rouler triste. Mais c'était économique (Le Point, 24 nov. 1980, p. 20, col. 1).La vie est trop courte pour s'habiller triste (Le Nouvel Observateur, 23 mars 1981, p. 16).
Il fait triste. Il fait gris et sombre. Il faisait triste dans cette cave, triste comme dans un tombeau (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 158).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, littér. Quelque chose de triste, un je ne sais quoi de triste. Solitude où quelques passants (...); Couleur de demi-deuil planant sur les dimanches, Avec de la fumée en lentes vapeurs blanches Et du triste dans l'air comme un jour de Toussaint. Silence des quartiers monotones (Rodenbach, Règne sil., 1891, p. 198).
2. [L'adj. caractérise non seulement un subst. de l'inanimé, parfois abstr., mais l'effet qu'il produit sur autrui; il est souvent antéposé et en fonction d'épithète]
a) Qui engendre la tristesse, qui est dur à supporter, qui fait souffrir. Synon. affligeant, attristant, cruel, douloureux, grave, pénible, tragique.Triste devoir; faire une triste expérience; c'est une triste compensation; triste accident; quelle triste chose! La guerre a le triste privilège de brasser les hommes et aussi de les forcer à réfléchir à leurs problèmes communs (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p. 73):
Les regards (...) revinrent vers la malade. Une femme forte et courageuse, qui avait toute sa santé et toute sa connaissance cinq jours plus tôt... Sûrement elle n'allait pas mourir aussi vite que cela... Mais, maintenant qu'ils savaient l'issue triste et inévitable, chaque coup d'œil révélait un changement subtil. Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 223.
b) [En fonction d'épithète d'un subst. exprimant la durée, le temps témoin de cet état] Où l'on souffre, où l'on a souffert. Synon. calamiteux, difficile, douloureux, tragique.Évoquer les jours tristes de la guerre, de l'occupation; époques tristes de l'histoire; mener une existence triste et monotone, une vie triste et sans histoires. Les jours furent bien tristes qui suivirent, ces jours mornes dans une maison qui semble vide par l'absence de l'être familier disparu pour toujours (Maupass., Une vie, 1883, p. 175).L'année dernière, le 6 octobre, de même que tous les ans à cette triste date, j'allai déposer des fleurs sur la tombe de M. Georges (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 154).
C. − [L'adj. est antéposé]
1. [En parlant d'un animé]
a) Qui suscite des pensées pénibles, qui fait pitié. Synon. malheureux, pauvre.Triste moribond; tristes enfants du Tiers-Monde; tristes familles désunies; tristes victimes du nazisme, de l'Inquisition. Je vois la triste Phèdre, innocente et coupable (Moréas, Ériphyle, 1894, p. 211).Je suis sûre qu'elle se trouve poétiquement malheureuse, triste fiancée abandonnée, et qu'elle se plaît, toute seule, à prendre des poses nostalgiques (Colette, Cl. école, 1900, p. 244).
b) [Avec une connot. nettement péj., en raison de l'inconduite, des défauts de la pers.] Qui est affligeant, attristant. Synon. médiocre, méprisable, sinistre1.Triste auteur, individu, sire, sujet; tristes petits bourgeois. Ah! le triste chef de famille, sans force pour garder ou défendre le bonheur des siens (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 102).Mes études, sous mes ternes et tristes maîtres, m'avaient fait croire que la science n'est pas amour, que ses fruits sont peut-être utiles, mais son feuillage très épineux, son écorce affreusement rude (Valéry, Variété[I], 1924, p. 125).
2. [En parlant d'un inanimé]
a) Qui suscite des jugements pénibles, qui afflige. Synon. attristant, déplorable, lamentable.Avoir une bien triste fin; triste époque; triste humanité; malade dans un triste état; (avoir une) triste figure/mine (fam.). Au lieu de rechercher l'amour immortel dans les jardins pleins de fleurs, de soleil et de voix, je dirigeais ma course fastidieuse vers les plus tristes lieux de ce monde; vers les forêts croupissantes des contrées baltiques; (...) vers les petits ports anglais, stagnants et crépusculaires; vers certains villages d'Italie, vieux et vides (Milosz, Amour. init., 1910, p. 35).
Loc. verb.
Faire une triste figure. Avoir l'air gêné, se trouver déplacé, mal à l'aise. Je ne reconnaissais personne dans ce bal, j'y faisais une triste figure (Ac.1935).
Faire triste mine. Avoir la mine chagrine. Il venait de perdre beaucoup d'argent, il faisait triste mine (Ac.1935).
Faire triste mine (visage/figure) à qqn/qqc. (Lui) faire mauvais accueil, le recevoir froidement. Tous ces timides qui font voir à l'occasion tant de résolution et de fureur, tous ces gens polis et inquiets feraient triste visage aux coups de poing (Alain, Propos, 1921, p. 255).Essayer sans foi et dire après l'échec; « Je l'aurais parié; c'est bien ma chance ». (...) S'appliquer à déplaire et s'étonner de ne pas plaire. (...) Douter de toute joie; faire à tout triste figure et objection à tout. De l'humeur faire humeur. En cet état, se juger soi-même. (...) Se faire bien laid et se regarder dans la glace. Tels sont les pièges de l'humeur (Alain, Propos, 1921, p. 347).
Empl. attribut. [Dans une tournure impers.] C'est bien triste. C'est dommage. Il est triste de (+ inf.).Il est pénible, fâcheux de. Il est triste de devoir se quitter; il est triste de se voir accusé quand on est innocent, se voir traité de la sorte. [Avec ell. de il est] Si loin que nous fussions des lieux de chute des bombes, la maison en était secouée. (...) j'imagine que la pauvre Chacha a dû croire sa dernière heure sonnée. Triste d'avoir dû l'abandonner dans cette épreuve (Gide, Journal, 1943, p. 227).
b) [Avec une nette connot. péj.] Dont la médiocrité afflige, suscite la réprobation. Synon. déplorable, lamentable, piètre, misérable, mauvais, médiocre, regrettable.Jouer un triste personnage/rôle (dans une affaire); avoir une triste opinion de qqn; avoir une triste réputation; tristes plaisirs de l'ivresse; triste affaire; tristes astuces; c'est la triste vérité. Triste besoin d'injurier, de ravilir son adversaire; besoin commun également aux deux partis et qui fait que j'écoute parfois si péniblement les émissions de la radio, tant celles de Londres et de l'Amérique que de Berlin ou de Paris-Vichy (Gide, Journal, 1943, p. 190).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le triste de l'aventure, le plus triste c'est que... Timbre mouillé qui charme autant qu'il interloque, Son bizarre d'un triste à vous faire pleurer; Voix de surnaturelle amante ventriloque (Rollinat, Névroses, 1883, p. 75).
REM. 1.
Tristolet, -ette, adj.,fam. Qui est un peu triste. Mine, moue (un peu) tristolette; habit tristolet. Et l'on décréta le départ de Marie Mancini (...). On l'enverrait à Brouage, petite ville tristolette (La Varende, Anne d'Autr., 1938, p. 260).
2.
Tristouillet, -ette. -V. -et E 6.
3.
Tristoune, adj.,var. fam. Ils s'en vont et ils nous quittent mais ils reviendront. On est tristounes on est déprimes (Le Nouvel Observateur, 2 août 1976, p. 45, col. 1).
4.
Tristounet, -ette, adj.,var. fam. La grande Chine entretient aussi des tas d'emporia (grands magasins) à Hongkong. On y vend des vêtements un peu tristounets, mais à des prix sans concurrence (Le Monde, 28 août 1979, p. 2, col. 4).
Prononc. et Orth.: [tʀist]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoit. xes. trist (Saint-Léger, éd. J. Linskill, 143); ca 1145 triste (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 469); 1611 Triste comme un bonnet de nuict sans coiffe (Cotgr.); b) 1213 « qui exprime la tristesse » (Vocab. Fet des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 624, 11: Ele se fist mate chiere et triste au plus qu'ele pot); 1690 faire une triste mine « avoir la mine chagrine » (Fur.); 1694 faire triste mine à qqn « lui faire mauvais accueil » (Ac.); 2. ca 1150 tristre (mangier) « misérable, piètre (repas) » (Conte de Floire et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 984); 1683 « qui est insuffisant, médiocre, au-dessous de ce qu'on attend » (Boileau, Lutrin, VI, 175 ds Œuvres compl., éd. Ch.-H. Boudhors, p. 165: Il hesite, il begaye, et le triste Orateur Demeure enfin muet aux yeux du Spectateur); 1879 triste sire « individu de peu de valeur » (Cladel, Ompdrailles, p. 103); 3. ca 1160 « qui inspire la tristesse » tristes pensanz « soucieux, qui a des idées tristes » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 5260). Empr. au lat.tristis « affligé, chagrin » et « fâcheux ». Fréq. abs. littér.: 13 324. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 22 509, b) 23 418; xxes.: a) 20 412, b) 12 631. Bbg. Gamill-scheg (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t. 3, p. 296-297. − Kleiber (G.). Le Mot ire en ac. fr. Paris, 1978, pp. 214-217.

Wiktionnaire

Adjectif - français

triste \tʁist\ masculin et féminin identiques

  1. Qui est affligé, qui éprouve du chagrin.
    • Il est triste de la mort de son ami.
    • triste à mourir.
    • Il marchait devant lui au hasard, rasant de près les maisons comme un homme humilié et triste. — (Victor Hugo, Les misérables, 1862)
    • « Depuis que je sais que je ne reverrai plus ton frère, je suis très malheureuse, mais je ne suis pas si triste que cela. » — (José Cabanis, Les cartes du temps, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de Poche », 1962, p. 122)
  2. Qui est mélancolique ; qui n’a pas de gaieté.
    • La difficulté, la longueur des voyages d’autrefois donnaient quelque chose de solennellement triste aux séparations. — (René Vallery-Radot, La vie de Pasteur, Hachette, 1900, Flammarion, 1941, p. 16)
    • Il est né triste, je l’ai toujours vu triste. Cet animal est triste.
  3. (Figuré) et (Familier),
    • Cet homme est triste comme un bonnet de nuit, Il est chagrin et mélancolique.
  4. Qui marque de la tristesse, du chagrin, de la mélancolie.
    • (…) ; on eût dit que son regard, triste et lointain comme le regard des hommes qui ont longtemps vécu sur la mer ou dans les solitudes immenses, gardait comme un reflet de l’infini. — (Octave Mirbeau, Les eaux muettes)
  5. (Familier)
    • Avoir une triste figure, une triste mine, Avoir mauvaise mine.
    • Faire une triste figure quelque part, Y avoir l’air gêné, s’y trouver déplacé, mal à l’aise.
    • Je ne connaissais personne dans ce bal, j’y faisais une triste figure.
    • Faire triste mine, Avoir la mine chagrine.
    • Il venait de perdre beaucoup d’argent, il faisait triste mine.
    • Faire triste mine à quelqu’un, Lui faire un mauvais accueil; le recevoir froidement.
    • Cet homme a le vin triste, Lorsqu’il a bu, il est triste et chagrin.
  6. Se dit également de ce qui est inspiré par le chagrin ou par la mélancolie.
    • Qu'il s'agisse de sensualité ou d'expériences préconjugales, les supporters traditionnels du poujadisme ont un comportement absolument prévisible, triste et réactionnaire, là comme ailleurs. — (Emmanuel Todd, Le Fou et le Prolétaire, 1979, réédition revue et augmentée, Paris, Le Livre de Poche, 1980, page 163)
    • Se livrer à de tristes réflexions.
    • Tomber dans une triste et profonde rêverie.
  7. Qui est affligeant ou chagrinant ; qui inspire de la mélancolie.
    • Nous reçûmes l'ordre de côtoyer en le remontant le ruisseau de la Tourbe, qui arrose la plus triste vallée du monde, entre des collines basses, sans arbres et sans buissons. — (Goethe, Campagne de France, 1822 ; traduction française de Jacques Porchat, Paris, Hachette, 1889, p. 52)
    • Un triste souvenir.
    • Un triste événement.
    • Ces lieux sont tristes.
    • Tout le monde s’en va, c’est une chose triste de demeurer ici.
    • Il faut chasser ces idées tristes.
    • Ce sont là de tristes vérités.
    • Voilà le côté le plus triste de cette affaire.
    • Faire un triste repas, Faire un repas où l’on ne se réjouit point.
    • Cette expression signifie aussi Faire mauvaise chère.
  8. Qui est obscur, sombre, morose.
    • Cette chambre, cet appartement, cette maison est triste.
    • Ce jardin est triste.
    • Cette étoffe est d’une couleur triste.
    • Le temps est triste, Il est obscur, bas, couvert.
  9. Qui est pénible, fâcheux, difficile à supporter; dans cette acception, il ne s’emploie guère qu’avec le verbe être pris impersonnellement.
    • Il est triste de se voir traiter de la sorte après avoir bien servi.
  10. Qui est malheureux, funeste.
    • Cet homme a fait une triste fin.
    • Est-il une destinée plus triste que la sienne ?
  11. Qui est piètre, regrettable, déplorable; en ce sens, il précède toujours le nom.
    • Il devinait les rires moqueurs des autres étudiants, leurs plaisanteries grasses à son encontre. Il haussa les épaules, fataliste : oui, il était dans un triste état, mais il n'était pas le seul ! Ils avaient tous bu comme des trous... car il fallait bien s'amuser entre amis, foi de faluchard ! — (Jean-Luc Bizien, La chambre mortuaire , vol. 1, éd. 12/21, 2013, chap. 28)
    • Cet auteur a choisi un triste sujet de poème.
    • triste consolation.
    • triste divertissement.
    • triste ressource.
    • C’est un triste écrivain.
    • Il joue un triste personnage.
    • Il fait un triste métier.
    • Il est dans un triste état.
    • Je n’espère rien de ce jeune homme, c’est un triste sujet.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TRISTE. adj. des deux genres
. Qui est affligé, qui éprouve du chagrin. Il est triste de la mort de son ami. Triste à mourir. Il signifie aussi Qui est mélancolique, qui n'a point de gaieté. Il est triste de son naturel. Il est né triste. Je l'ai toujours vu triste. Cet animal est triste. Fig. et fam., Cet homme est triste comme un bonnet de nuit, Il est chagrin et mélancolique.

TRISTE se dit aussi des Choses et signifie Qui marque de la tristesse, du chagrin, de la mélancolie. Un visage triste. Avoir l'air triste. Une voix triste. Un regard triste. Fam., Avoir une triste figure, une triste mine, Avoir mauvaise mine. Faire une triste figure quelque part, Y avoir l'air gêné, s'y trouver déplacé, mal à l'aise. Je ne connaissais personne dans ce bal, j'y faisais une triste figure. Faire triste mine, Avoir la mine chagrine. Il venait de perdre beaucoup d'argent, il faisait triste mine. Faire triste mine à quelqu'un, Lui faire un mauvais accueil; le recevoir froidement. Cet homme a le vin triste, Lorsqu'il a bu, il est triste et chagrin.

TRISTE se dit également de Ce qui est inspiré par le chagrin, par la mélancolie. Dire un triste adieu. Se livrer à de tristes réflexions. Tomber dans une triste et profonde rêverie. Il signifie encore Qui est affligeant, chagrinant, qui inspire de la mélancolie. Un triste souvenir. Un triste événement. Un triste spectacle. Un chant triste. Il mène une triste vie. Une triste nouvelle. Ces lieux sont tristes. Tout le monde s'en va, c'est une chose triste de demeurer ici. Il faut chasser ces idées tristes. Ce sont là de tristes vérités. Voilà le côté le plus triste de cette affaire. Faire un triste repas, Faire un repas où l'on ne se réjouit point. Cette expression signifie aussi Faire mauvaise chère.

TRISTE signifie encore Qui est obscur, sombre, morose. Cette chambre, cet appartement, cette maison est triste. Ce jardin est triste. Cette étoffe est d'une couleur triste. Le temps est triste, Il est obscur, bas, couvert.

TRISTE signifie également Qui est pénible, fâcheux, difficile à supporter; dans cette acception, il ne s'emploie guère qu'avec le verbe Être pris impersonnellement. Il est triste de se voir traiter de la sorte après avoir bien servi. Il signifie aussi Qui est malheureux, funeste. Cet homme a fait une triste fin. Est-il une destinée plus triste que la sienne? Il signifie en outre Qui est piètre, regrettable, déplorable; en ce sens, il précède toujours le nom. Cet auteur a choisi un triste sujet de poème. Triste consolation. Triste divertissement. Triste ressource. C'est un triste écrivain. Il joue un triste personnage. Il fait un triste métier. Il est dans un triste état. Je n'espère rien de ce jeune homme, c'est un triste sujet.

Littré (1872-1877)

TRISTE (tri-st') adj.
  • 1Qui a du chagrin, de l'affliction. Je l'ai trouvé tantôt tout triste de je ne sais quoi que vous lui avez dit, Molière, Scapin, II, 11. Quoique vous soyez tous tristes, c'est un soulagement que l'être ensemble, Sévigné, 22 janv. 1690. Captive, toujours triste, importune à moi-même, Racine, Andr. I, 4. Et la triste Italie, encor toute fumante Des feux qu'a rallumés sa liberté mourante, Racine, Mithr. III, 1. Ils voudraient être tristes et ne sont qu'ennuyeux ; ils voudraient toucher le cœur et ne font qu'affliger les oreilles, Rousseau, Lett. sur la mus. franç.

    Triste de. Il est triste de la mort de son ami. Il était triste de quitter son pays, et de renoncer à une vie pleine d'agréments, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 22, dans POUGENS.

    Triste de quelqu'un, affligé à cause de lui. Je suis toute triste de vous ; ah ! le moyen d'être autrement ? deux ans sans le revenu de votre charge, et tout ce que vous avez à soutenir, Sévigné, 22 janv. 1690.

  • 2Qui est sans gaieté. Montrez un œil plus triste, Corneille, Cid, IV, 4. Mais pourquoi ce front triste et ces regards sévères ? Corneille, Hor. II, 2. Il se déguise en vain : je lis sur son visage Des fiers Domitius l'humeur triste et sauvage, Racine, Brit. I, 1.

    Il se dit aussi des animaux. Parmi les chiens, les lévriers sont tristes. L'un [l'aigle] jura foi de roi, l'autre foi de hibou, Qu'ils ne se goberaient leurs petits peu ni prou ; Connaissez-vous les miens, dit l'oiseau de Minerve ; Non, dit l'aigle ; tant pis, reprit le triste oiseau, La Fontaine, Fabl. v, 18.

    Fig. Cet homme est triste comme un bonnet de nuit, il est chagrin et mélancolique.

    Avoir une triste figure, une triste mine, avoir un visage défait, et aussi avoir mauvaise mine.

    Le chevalier de la triste figure, Don Quichotte.

    Faire une triste figure quelque part, y avoir l'air gêné, s'y trouver mal à l'aise.

    Faire triste mine, avoir la mine chagrine.

    Faire triste mine à quelqu'un, lui faire un mauvais accueil.

    Cet homme a le vin triste, quand il a bu, il est triste et chagrin.

  • 3Sévère. Luther triomphait de vive voix ; mais la plume de Calvin était plus correcte, surtout en latin ; et son style, qui était plus triste, était aussi plus suivi et plus châtié, Bossuet, Variat. IX. Je ne suis pas pourtant de ces tristes esprits, Qui, bannissant l'amour de tous chastes écrits, D'un si riche ornement veulent priver la scène, Traitent d'empoisonneurs et Rodrigue et Chimène…, Boileau, Art p. IV. Ah ! quittez d'un censeur la triste diligence, Racine, Brit. I, 2. Le sérail d'un soudan, sa triste austérité, Voltaire, Zaïre, I, 1.
  • 4Qui a le caractère de la tristesse, de la mélancolie. Les affections tristes. Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle, Et les tristes discours Que te met en l'esprit l'amitié paternelle L'augmenteront toujours, Malherbe, VI, 18. Ces tristes vêtements où je lis mon malheur Sont les premiers effets qu'ait produits sa valeur [de Rodrigue], Corneille, Cid, IV, 1. Elle fut contrainte de se séparer d'avec le roi, qui était presque assiégé dans Oxford, et il se dirent un adieu bien triste, quoiqu'ils ne sussent pas que c'était le dernier, Bossuet, Reine d'Anglet. Ma triste voix était donc destinée à ce déplorable ministère, Bossuet, Duch. d'Orl. Moi, je meurs ; et mon âme, au moment qu'elle expire, S'exhale comme un son triste et mélodieux, Lamartine, Méd. I, 29.
  • 5Qui cause de l'affliction, de la mélancolie. Une triste perspective. Des idées tristes. Parlez à mon esprit de mon triste devoir, Corneille, Cid, IV, 1. Pauline : Voilà quel est mon songe. - Stratonice : Il est vrai qu'il est triste, Corneille, Poly. I, 3. Une admirable, mais triste mort, Bossuet, Duch. d'Orl. Triste messager d'un événement si funeste [la mort d'un fils de Louis XIV], Bossuet, Mar.-Thér. Pleurez sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros, Bossuet, Louis de Bourbon. Je voudrais vous cacher une triste nouvelle, Madame ; mais il faut que je vous la révèle, Racine, Phèdre, I, 4. Et le tombeau, seigneur, est moins triste pour moi Que le lit d'un époux qui m'a fait cet outrage, Racine, Mithr. IV, 4. Une triste expérience me défendait du charme attaché à cette passion délicieuse et cruelle, Riccoboni, Œuv. t. VI, p. 189, dans POUGENS.

    Triste à. Il n'y a rien de si fâcheux à de si bons cœurs, ni, en soi, rien de plus triste à la nature, que d'être haï, Bossuet, Méd. sur l'Év. 2e partie, 15e jour.

    Il se joint quelquefois, par antithèse, à un mot qui exprime bien, bonheur. Je veux toujours le voir, cet ingrat qui me tue, Non pour le triste bien de jouir de sa vue…, Corneille, Sur. III, 3. Un de ses plaisirs, dit-elle, c'est qu'elle n'aimera personne en ce pays-là ; voilà un triste plaisir, Sévigné, 305. Et je suis plus heureux dans ma captivité Que je ne le fus de ma vie Dans le triste bonheur dont j'étais enchanté, Rousseau J.-B. Cant. 3.

    Faire un triste repas, faire un repas où l'on ne se réjouit point.

  • 6Malheureux, déplorable. Cet homme a fait une triste fin. Les tristes dépouilles des vaincus. …La crainte Dont en ce triste jour tu me vois l'âme atteinte, Corneille, Poly. I, 3. Des voleurs qui chez eux pleins d'espérance entrèrent De cette triste vie enfin les délivrèrent, Boileau, Sat. x. Plût au ciel… Qu'il ne m'eût pas donné par ce triste attentat Un gage trop certain des malheurs de l'État, Racine, Brit. v, 7. Ils [les Césars] n'imaginèrent pas les tristes lois qu'ils firent, Montesquieu, Esp. XII, 16. Cette triste promesse est - elle enfin remplie ? Voltaire, Fanat. IV, 4. Si je pouvais, dans mon triste état [84 ans], faire un voyage à Paris, mon plus grand désir serait que le panégyriste de la Pitié en eût un peu pour moi, Voltaire, Lett. Delaunay auteur du Panégyrique de la pitié, 8 déc. 1777.
  • 7Fâcheux, pénible, ennuyeux. Une triste vie. Malgré la triste paix que vous avez jurée, Corneille, Suréna, III, 2. Il est triste d'être entre des espiègles et de beaux esprits, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, t. VI, p. 123, dans POUGENS. Vers son triste penchant [l'avarice] son naturel guidé Le fit dans une avare et sordide famille Chercher un monstre affreux sous l'habit d'une fille, Boileau, Sat. x. Il arriva une chose assez triste à Martorillo le Calabrois, que nous nommons saint François de Paule… le saint ne guérit pas le roi [Louis XI, apoplectique], et le roi ne guérit point le saint [il avait les écrouelles], Voltaire, Dict. phil. Écrouelles. Rien n'est si triste que d'être avec soi-même sans occupation, Voltaire, Lett. à Mme du Deffant, 11 déc. 1769. Quel triste hiver je viens de passer ! Genlis, Ad. et Th. t. II, p. 255, dans POUGENS.

    Il est triste que, avec le subjonctif. Il est triste que Clovis, étant à peine catéchumène, fît tuer Syagrius, que les Visigoths lui avaient remis entre les mains, Voltaire, Pol. et lég. Comm. espr. des lois, Clovis. Il est triste, à mon gré, pour le genre humain, qu'un homme comme Pascal ait été un fanatique, Voltaire, Lett. Vaines, 4 juin 1777.

  • 8Obscur, sombre. Appartement triste. Maison triste. Ce jardin est triste.

    Cette maison a des vues tristes, ou, simplement, est triste, elle n'a que des vues peu agréables.

    Temps triste, temps couvert.

    Terme de botanique. Se dit des plantes dont le feuillage est sombre ; dont les fleurs sont d'une teinte sombre ou comme passée ; dont les sommités sont noires.

    Se dit de différents animaux dans la couleur desquels il entre plus ou moins de noir.

  • 9Qui est insuffisant, médiocre, au-dessous de ce qu'on attend, en parlant soit des personnes, soit des choses. Vous faites là un triste personnage. Cet auteur a choisi un triste sujet de poëme. Et le triste orateur Demeure enfin muet aux yeux du spectateur, Boileau, Lutr. VI. L'un était le marquis de Flamarin, triste objet des tristes élégies de la comtesse de la Suze, Hamilton, Gram. 9. En rompant le triste mariage qu'il va conclure plus par désespoir que par intérêt, Marivaux, le Legs, sc. 23. Ma triste voix chantait d'un gosier sec Le vin mousseux, le frontignan, le grec, Buvant de l'eau dans un vieux pot à bière, Voltaire, le Pauvre diable. C'est un triste métier que celui d'homme de lettres ; mais il y a quelque chose de plus dangereux, c'est d'aimer la vérité, Voltaire, Lett. Damilaville, 21 juill. 1764. Énée est un froid et triste personnage auprès du majestueux Adam, Chateaubriand, Génie, II, IV, 10.

    Faire un triste repas, faire mauvaise chère.

  • 10 S. m. pl. Les Tristes d'Ovide, recueil de pièces élégiaques qu'Ovide écrivit de son exil à ses amis de Rome et à l'empereur Auguste.

HISTORIQUE

XIIe s. Charles chevauche, tristes de mautalent, Ronc. p. 86.

XIIIe s. Delez lui Blanchefleurs, qui cuer ot triste et noir, Berte, LXV.

XVIe s. Des tristes tristeur [il] destournoit, Et l'homme aise en aise tenoit, Marot, III, 232. Demourer en la cogitation des fortunes adverses et tristes, Amyot, De la tranq. d'âme, 14. Triste comme un bonnet de nuit sans coiffe, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TRISTE. Ajoutez :
11Arbre triste, le nyctanthes arbor tristis, L. ; BAILLON, Dict. de botan. p. 248.
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Étymologie de « triste »

Wallon, triss ; provenç. trist, triste ; espagn. triste ; ital. tristo ; du lat. tristis. Le XVIe siècle avait le verbe trister, et la langue plus ancienne tristoyer.

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Du latin tristis.
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Phonétique du mot « triste »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
triste trist

Fréquence d'apparition du mot « triste » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « triste »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « triste »

  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • Ce qui est beau devient vite triste.
  • Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
    Jean Anouilh —  Antigone
  • Triste, on hait le joyeux ; folâtre, on hait le triste.
    Horace
  • « Kalidou est une personne formidable, je serais terriblement triste de le perdre. Mais il y a un temps pour tout, même pour s’éloigner. Mais les 90 millions d’euros ne sont pas sur la table et il faut donc être deux pour conclure un accord. », propos relayés par Goal.
    Galsenfoot — De Laurentiis: "je serais triste de perdre Koulibaly" - Galsenfoot
  • Qui sait si la vérité n’est pas triste.
    Ernest Renan
  • « Il était dans un état triste à voir… Il avait une ficelle attachée au bout de la queue, dont une partie était arrachée. Je suppose qu’il a été attaché à un arbre ou un piquet durant un certain temps et qu’il est parvenu à s’échapper en se mutilant », détaille Claude Dorin. « En tous les cas, dès qu’il est revenu, il a tout de suite bu et mangé », preuve que personne n’a veillé sur lui pendant ces quatre longs jours.
    Insolite | Son chat, torturé pendant quatre jours, revient dans un « triste état »
  • Un coeur patient est un coeur triste.
    Laure Conan — La sève immortelle
  • Un saint triste est un triste saint.
    Saint François de Sales
  • La vie est trop courte pour travailler triste.
    Jacques Séguéla
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Traductions du mot « triste »

Langue Traduction
Anglais sad
Espagnol triste
Italien triste
Allemand traurig
Chinois 伤心
Arabe حزين
Portugais triste
Russe печальный
Japonais 悲しい
Basque triste
Corse tristu
Source : Google Translate API

Synonymes de « triste »

Source : synonymes de triste sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « triste »

Combien de points fait le mot triste au Scrabble ?

Nombre de points du mot triste au scrabble : 6 points

Triste

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