Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « fait »
Fait
Sommaire
- Définitions de « fait »
- Étymologie de « fait »
- Phonétique de « fait »
- Fréquence d'apparition du mot « fait » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « fait »
- Citations contenant le mot « fait »
- Images d'illustration du mot « fait »
- Vidéos relatives au mot « fait »
- Traductions du mot « fait »
- Antonymes de « fait »
- Combien de points fait le mot fait au Scrabble ?
Définitions de « fait »
Trésor de la Langue Française informatisé
FAIT, FAITE, part. passé et adj.
FAIT, subst. masc.
Wiktionnaire
Adjectif - français
fait \fɛ\ masculin
-
Réalisé ; construit ; confectionné ; fabriqué ; exécuté.
- Enfin à la nuit faite, des ombres fantômales, s’avançant hardiment vers l’ennemi, commencent à peupler la paix lacustre et mortuaire. — (Marguerite Baulu, La Bataille de l’Yser, Perrin & Cie, Paris, 1918, page 359)
- C’est un grand pas de fait.
- Du travail bien fait, une besogne mal faite.
- Fait à plaisir : Inventé de toutes pièces.
-
(Avec un adverbe de manière ou un comparatif) Constitué, conformé.
- Bien fait : Beau, de bel aspect.
- Bien fait de sa personne ; femme bien faite.
- Un instant après entra mon oncle, le frère de ma mère, jeune homme on ne peut pas mieux fait et on ne peut pas plus agréable et vêtu avec la dernière élégance. — (Stendhal, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 50)
- Je n’étais pas mal fait de ma personne, je me montrais à la fois danseur infatigable et discret érudit. — (Albert Camus, La Chute, 1956, page 1487)
- Fait au moule, à ravir.
- C’est un joli garçon, bien tourné, fait à peindre, bel homme en uniforme, jeune ; il est né peu de temps avant l’émigration. — (Paul-Louis Courier, Collection complète des pamphlets politiques et opuscules littéraires, Bruxelles, 1827)
-
Des cupidons, fraîche couvée,
Me montraient son pied fait au tour ;
Sa jupe semblait relevée
Par le petit doigt de l’amour. — (Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, 1865, page 109) - Jambe bien faite ; taille bien faite.
- Homme mal fait : Mal bâti, disgracieux.
- Se dit dans le même sens de l’esprit, de la pensée.
- Tête bien faite vaut mieux que tête bien pleine. — (Montaigne, Essais, I 25)
- Avoir l’esprit bien fait : Avoir l’esprit juste, qui raisonne bien.
-
(Vieilli) Accoutré, arrangé.
- Madame Lerat […] l’aperçut [Nana] à cette heure, faite comme une souillon. — (Émile Zola, Nana, 1880, page 1321)
- — Comme vous êtes faite, ma chère enfant ! murmura mademoiselle Préfère, avec une douceur maternelle, en lui arrangeant son col. — (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; éditions Le Livre de Poche, 1967, page 150)
-
Achevé, comme ça (et on ne peut le changer).
- Être ainsi fait : Avoir tel caractère, tel comportement.
- Oh !… il n’y aura que toi de grand, de noble dans Paris, et le monde est ainsi fait que l’on oubliera Falleix. — (Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1844, p. 337)
- Au reste, mon esprit fut toujours ainsi fait que je ne mettais pas ma perspective devant moi, mais derrière. — (Maurice Barrès, Mes cahiers, 1896–1923, Plon, 1963)
-
(Avec pour) Apte à, prédisposé à.
- L’homme n’est pas fait pour vivre seul.
- Il faut du merveilleux, un avenir, des espérances à l’homme, parce qu’il se sent fait pour vivre au-delà de notre univers. — (François-René de Chateaubriand, Le Génie du Christianisme, t. 2, 1803, page 170)
- Mal fait pour l’action, plus à l’aise dans l’éternité que dans le temps, son bonheur était de se perdre à loisir dans ses rêves. — (Jean-Jacques Guéhenno, Roman et vérité, 1950, page 22)
-
Convenant à, destiné à.
- Non, non, Victor, cesse de t’abuser ; ce bonheur n’est pas fait pour toi. — (René Charles Guilbert de Pixerécourt, Victor, ou L’Enfant de la forêt, I, 1, 1798, p. 4)
- Le rêve conté hier est bien fait pour tuer à jamais le sommeil. — (Jules Michelet, Journal, 1848, page 617)
- Parce qu’un piano est fait pour qu’on y joue de la musique, il serait fou de croire que tous ceux qui y poseront les mains joueront bien. Le langage humain est comme un piano : si vous le faites sonner à coups de poing, il n’en sortira aucune combinaison qui mérite d’être retenue. — (Alain, Propos, 1913)
-
Recommandé à tel ou tel usage.
- Le savon est fait pour qu’on s’en serve.
- Je passais mon chemin, un chemin est fait pour qu’on y passe. — (Stendhal, Concordances de Lamiel, 1842, page 48)
- Cela n’est pas fait pour les chiens.
- Mais c’est fait pour ! : C’est prévu pour cet usage précis.
-
Maquillé, fardé, vernis, soigné.
- Yeux faits : Yeux maquillés, fardés.
- Ongles faits : Ongles limés (et vernis).
-
Adulte, qui est parvenu à maturité.
- Homme fait : Homme pleinement adulte, d’âge mûr.
- Mais maintenant, il lui fallait s’avouer qu’il était un homme fait : les jeunes gens le traitaient en aîné, les adultes comme un des leurs, et certains lui témoignaient même de la considération. Fait, limité, fini, lui et pas un autre, rien d’autre que lui : qui ? — (Simone de Beauvoir, Mandarins, 1954, page 137)
- Femme faite : Femme pleinement formée, développée.
- Et je m’enfuis, abandonnant la place à ces deux bambines qui avaient des gaietés et des regards étranges de femmes faites. — (Émile Zola, Nouveaux contes à Ninon, 1874, page 95)
-
Mûr, faisandé, parvenu à un certain degré de maturation.
- Vin fait.
- Viande faite : Viande mûrie.
- Fromage fait : Fromage qui a atteint un degré de maturation où le cœur est amolli.
- Fromage pas trop fait, fait à cœur.
- Fromage trop fait : Qui n’est plus propre à la consommation.
- Après une attente gratinée sous un soleil au beurre noir, je finis par monter dans un autobus pistache où grouillaient les clients comme asticots dans un fromage trop fait. Parmi ce tas de nouilles, je remarquai une grande allumette avec un cou long comme un jour sans pain et une galette sur la tête qu’entourait une sorte de fil à couper le beurre. — (Raymond Queneau, Exercices de style, 1947, page 172)
-
(Argot) Ivre.
- Autour de minuit, minuit et demi, continua-t-elle, il est aussi fait qu’un amiral polonais. Alors le vieux machin se grabate et bonne nuit la marine ! — (Tito Topin, Shanghai Skipper, Série noire, Gallimard, 1986, page 45)
- Mitia, tu es complètement fait, a dit le cousin Ivan d’une voix posée, à croire que sa murge s'était dissipée d’un coup. — (Juan Bas, Vade retro Dimitri, traduction de Karine Louesdon et José-Maria Ruiz-Funes Torres, éditions du Rouergue, 2013)
Nom commun - français
fait \fɛ\ ou \fɛt\ masculin
- Ce que quelqu’un fait, a fait ou fera, action.
- Il nie le fait.
- On lui impute des faits graves.
- C’est par des faits que je veux lui prouver mon attachement.
- Ses faits ne répondent pas à ses promesses.
- Se vanter ainsi ne peut être que le fait d’un fanfaron.
- Par le fait d’autrui.
- Toute chose qui arrive, qui a lieu, qui a eu lieu.
- Même alors, son esprit n’en fut pas autrement frappé. Ce n’était qu’un fait de plus au milieu d’une innombrable quantité de faits extraordinaires et inévitables. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 249 de l’édition de 1921)
- Faute de pouvoir faire toute la lumière désirable sur ce fait énigmatique, nous réunirons ici le faisceau de vraisemblances et de témoignages qui peuvent seuls nous éclairer pour le moment. — (Robert Triomphe, Joseph de Maistre, Droz, 1968, page 67)
- Fait curieux, la belle-mère ne renchérit pas. Dans la querelle familiale, elle pencherait au contraire pour la gendresse. — (Michel Jeury, Les beaux jours du Docteur Nicolas, Robert Laffont, 2010, chapitre 7)
- Ces faits ne laissent aucun doute sur sa culpabilité.
- Les faits seuls réfutent cette calomnie.
- Donnée observable de l’expérience, souvent invoquée, en vertu de son objectivité, comme preuve indiscutable. En particulier en droit et dans la jurisprudence.
- Il procédait par l’observation, analysant et classant des faits (instantiæ Naturæ, comme on les désignait assez pédantesquement), et les transformant en lois générales. — (Edgar Poe, Eureka, 1848, traduction de Charles Baudelaire, 1864)
- L’utopie est, au contraire, le produit d’un travail intellectuel ; elle est l’œuvre de théoriciens qui, après avoir observé et discuté les faits, cherchent à établir un modèle auquel on puisse comparer les sociétés existantes pour mesurer le bien et le mal qu’elles renferment […] — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, page 39)
- Ne regardons donc plus comme des principes absolus des faits n’ayant jamais existé que dans l’imagination de ceux qui les ont conçus […] — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
- Dans tous les articles, les auteurs s’attachent scrupuleusement aux faits, aux données brutes et concrètes : pas de bavardage, pas d’interprétations oiseuses, mais des informations précises étayées par des citations sourcées. — (Bulletin critique du livre français, n° 666-669, Association pour la diffusion de la pensée française, 2005, page 5)
- La capitale de l'Alberta, Edmonton, semble avoir du mal à dépoussiérer son image de marque, […]. Le fait est que les gens persistent à n'y voir qu'une ville champignon pourvue d’un gigantesque centre commercial. — (Ouest Canadien : le plaisir de mieux voyager, Montréal (Québec) : Guides de voyages Ulysse, 2013)
-
(Journalisme) Information brute dénuée de commentaire.
- Vous lirez cela dans la rubrique Faits Divers.
-
(En particulier) (Droit) Événement ou cas d’espèce dont il s’agit. — Note : Il s’emploie surtout dans les discussions, les contestations ou les plaidoiries.
- Indépendamment de la précision avec laquelle l’hypothèse du fait non infractionnel est prévue et l'absence de faute, exigée, ce Code est également très clair en n’accordant d’indemnité qu'au condamné reconnu innocent. — (Adolphe Berlet, De la réparation des erreurs judiciaires: étude de la loi du 8 juin 1895 avec un tableau comparatif du texte de cette loi et des projets du gouvernement et des commissions parlementaires, Paris : Éditions A. Rousseau, 1896, page 45)
- D'autres seront déportés pour fait de résistance : Benoît Jean, Bombardier Gabriel, Vouaux Jean. Souvent, dans un état de délabrement physique à leur retour, ils retrouveront leur village meurtri, par l’occupation et les luttes qui y eurent lieu. — (Jean Laurain, Brû, l'histoire de mon village, Remiremont : chez G. Louis, 1997)
-
(Droit) Qui n’a pas fait l’objet d’un acte juridique ; par opposition au droit.
- Moyens de fait et de droit.
- Possession de fait, possession de droit.
- Un gouvernement de fait : Un pouvoir récent qui n’existe en vertu d’aucun droit reconnu.
- (Philosophie) Qui établit l’existence de telle ou telle donnée constatable, contrairement à la question de droit qui en établit la légitimité.
Littré (1872-1877)
-
1Formé, exécuté. L'homme fait à l'image de Dieu. Un tertre fait de main d'homme. Ce tailleur vend des habits tout faits.
Familièrement. Ce n'est ni fait ni à faire, se dit d'un travail mal fait, et, particulièrement, d'un travail littéraire, d'une rédaction, etc.
Fig.
Suivez le roi, seigneur, votre ambassade est faite
, Corneille, Nicom. III, 2.Je pourrais décider, car ce droit m'appartient ; Mais rapportons-nous-en. - Soit fait, dit le reptile
, La Fontaine, Fabl. X, 2.C'est une nouvelle, une histoire, un conte fait à plaisir, la nouvelle, l'histoire est controuvée, le conte n'a rien de vrai.
C'est un grand pas de fait, on a beaucoup avancé ce dont il s'agit.
C'est judicieusement fait à lui, il a agi judicieusement.
C'est fort bien fait à vous
, Molière, le Fest. I, 2.Tout est fait, rien autre n'est nécessaire.
Dans toutes les assemblées qui s'étaient tenues jusqu'alors dans le parti, dès que Luther y était et qu'il avait parlé, Mélanchthon nous apprend lui-même que les autres n'avaient qu'à se taire, et tout était fait
, Bossuet, Var. IV, § 33.On croit que tout est fait quand on a rempli ce devoir
, Massillon, Carême, Culte.Voilà qui est fait, la chose est décidée.
Voilà qui est fait, votre frère va nous quitter
, Sévigné, 63.Oh ! voilà qui est fait ; je renonce à toutes les femmes et à tous les trésors du monde
, Marivaux, Surpr. de l'amour, I, 2.Voilà qui est fait, je n'aimerai plus d'impératrice de ma vie
, Voltaire, Lett. à Catherine, 138.Cela vaut fait, c'est comme si la chose était faite.
Il suffit que le mort soit venu m'en instruire ; Cela vaut fait…
, Hauteroche, le Deuil, sc. 5.On dit de même. Tenez cela pour fait.
Aussitôt dit, aussitôt fait, se dit pour exprimer que l'action suit aussitôt la parole.
Familièrement. C'est fait pour moi, cela semble fait pour moi, n'est fait que pour moi, cela n'arrive qu'à moi, en parlant de désagréments, de malheurs.
On dit de même : C'est un fait exprès, c'est comme un fait exprès.
Se pourrait-il… elle aussi… c'est donc un fait exprès
, Picard, Trois quartiers, II, 13.C'est une affaire faite, exprime que la chose est terminée, et aussi qu'il n'y a plus à revenir là-dessus.
Est-ce fait ? se dit communément pour demander si une chose est achevée.
C'est fait, se dit pour avertir que la chose est achevée.
Est-ce fait ? se dit dans les jeux des enfants pour demander si celui qui doit chercher peut commencer ; en cas d'affirmation, on répond : fait.
-
2Bien fait, mal fait, ayant le corps bien ou mal proportionné.
Si pour toucher son cœur j'étais assez bien faite
, Corneille, Agésil. II, 7.Il est noble chez lui, bien fait de sa personne
, Molière, Tart. II, 3.Bien fait de corps
, La Fontaine, Mandr.Cela serait plaisant que votre fille ne fût pas bien faite
, Sévigné, 19.Fait à peindre, dont le corps est tellement bien fait qu'il mériterait de servir de modèle à un peintre.
C'était une grande fille faite à peindre, qui se mettait bien, qui marchait comme une déesse
, Hamilton, Gramm. ch. 9.On dit dans le même sens : fait à plaisir, fait à ravir, fait au tour ou au moule.
Avoir la taille bien faite, mal faite, avoir une belle taille, une vilaine taille. Avoir la jambe bien faite, mal faite, bien, mal conformée.
Ironiquement. Cela lui rend la jambe bien faite, se dit de quelque chose dont on tire avantage, mais qui ne peut être d'aucune utilité.
-
3Constitué, disposé.
Je ne sais pas comme sont faites vos beautés d'Asie, mais je vous assure que cinq ou six des plus belles personnes de l'Europe sont devenues amoureuses de vous
, Voiture, Lett. 121.Des Parthes le mieux fait d'esprit et de courage
, Corneille, Suréna, I, 1.Le sort avait raison, tous gens sont ainsi faits ; Notre condition jamais ne nous contente
, La Fontaine, Fabl. VI, 11.Dire d'un, puis d'un autre, est-ce ainsi que l'on traite Les gens faits comme moi ? me prend-on pour un sot ?
La Fontaine, ib. IV, 16.On est faite d'un air, je pense, à pouvoir dire Qu'on n'a pas pour un cœur soumis à son empire
, Molière, Femmes sav. II, 3.Il ajoute qu'il est fait ainsi et qu'il dit ce qu'il pense
, La Bruyère, V.Voyez, mon cher Télémaque, comme les hommes sont faits ! vous voilà tout désolé parce que vous avez vu votre père sans le reconnaître
, Fénelon, Tél. XXIV.Les hommes sont faits de façon qu'ils veulent bien commettre le mal, mais ils ne veulent pas qu'on le leur prêche
, Voltaire, Dict. phil. Fraude.Les ennuyeux et les pervers Composent ce vaste univers ; Le monde est fait comme la France
, Voltaire, Épît. 92.Messieurs les Parisiens s'imaginent toujours que le reste de la terre est fait comme le faubourg Saint-Germain et le quartier du Palais-Royal
, Voltaire, Lett. Thibouville, 11 janv. 1776.Mon cher et respectable ami, comment donc sont faits les grands hommes, si celui-là [le roi de Prusse] n'en est pas un ?
Voltaire, Lett. d'Argental, 1 sep. 1750.Il faut avouer que, s'il y a eu de la raison dans sa conduite, cette raison n'était pas faite comme celle des autres hommes
, Voltaire, Russie, II, 1.Esprit bien fait, mal fait, personne dont la raison est, n'est pas saine et droite.
C'est aux rois, c'est aux grands, c'est aux esprits bien faits…
, Corneille, Hor. v, 3.Les choses les plus simples ne se font pas d'elles-mêmes, et elles se font toujours mal par les esprits mal faits
, Fénelon, Éduc. des filles, 13.Je sais que tous les lieux sont égaux pour les esprits bien faits, mais il n'en est pas de même quand les esprits bien faits ont des cœurs sensibles
, Voltaire, Lett. Chauvelin, 25 août 1763.On dit dans un sens analogue, avoir le cœur bien fait.
Consultez-vous, et soyez mes témoins, Ô mes lecteurs ! ou consultez du moins Ces cœurs bien faits, où la vertu sincère Ne fut jamais une plante étrangère
, Malfilâtre, Narcisse, ch. I.Avoir la tête mal faite, être bizarre, déraisonnable.
-
4Constitué en une certaine dignité.
Les princes à faire ne peuvent se passer de ces gens-là [les bons conseillers], et les princes faits en ont grand besoin
, Guez de Balzac, De la cour, 1er disc. -
5Habitué.
Mais votre bras au crime est plus fait que le mien
, Corneille, Rodog. V, 4.Car les femmes y sont faites à coqueter
, Molière, Éc. des f. I, 6.Il y a soixante ans que j'y suis accoutumé [à la calomnie], mais je n'y suis pas encore entièrement fait
, Voltaire, Lett. à d'Alembert, 108. -
6Être fait pour, être propre à, capable de. Cet homme n'est pas fait pour un pareil emploi.
Une duchesse de Berry était faite pour lui céder ses dames [à la duchesse de Bourgogne], quand il lui plairait de les vouloir prendre
, Saint-Simon, 269, 136.Cette manière d'écrire n'est pas faite pour aller à la postérité
, Voltaire, Phil. III, 107.Un homme que la perte trouble… un homme avare ne sont pas plus faits pour jouer, que ceux qui ne peuvent atteindre à l'esprit de combinaison
, Vauvenargues, Du jeu. -
7Destiné.
Qui de l'âne ou du maître est fait pour se lasser
, La Fontaine, Fab. III, 1.Ses maximes [du duc de Bourgogne] étaient que les rois sont faits pour les sujets, et non les sujets pour les rois
, Duclos, Règne de Louis XIV, Œuvres, t. V, p. 51, dans POUGENS.Non, non le consulat n'est point fait pour son âge
, Voltaire, Brutus, II, 4.De ce bonheur qui semblait fait pour tous, Le beau Narcisse, Écho, sa belle amante, Sont privés seuls par un pouvoir jaloux
, Malfilâtre, Narcisse, ch. II.N'être fait que pour, être destiné seulement à.
Ce que je vous dis là au reste n'est fait que pour vous, mademoiselle ; vous le sentez bien
, Marivaux, Marianne, IIe part. -
8Habillé, arrangé.
Suis-je fait en voleur ou bien en assassin ?
Corneille, Suite du Ment. 1, 1.Je suis dehors, faite comme un loup-garou
, Sévigné, 231.La véritable reine reprenait un teint frais et vermeil ; mais elle était crasseuse, court-vêtue et faite comme un petit torchon qu'on a traîné dans les cendres
, Fénelon, t. XIX, p. 5.Comme le voilà fait ! se dit de quelqu'un plus mal vêtu, plus mal arrangé que d'ordinaire, et aussi de quelqu'un qui n'a pas aussi bon visage que d'habitude.
Dieu, comme êtes-vous fait !
Régnier, Sat. X.Comme le voilà fait ! Débraillé, mal peigné, l'œil hagard…
, Regnard, Joueur, I, 7.On dit de même : être fait comme un voleur.
Être fait comme il plaît à Dieu, se dit d'une personne dont les vêtements sont en désordre.
-
9Accompli.
On n'a jamais pris le deuil des enfants de la reine quand ils n'avaient pas sept ans faits
, Saint-Simon, 299, 73.Homme fait, homme arrivé à la force de l'âge.
Il [le peuple] ne se perd que lorsque les hommes faits sont déjà corrompus
, Montesquieu, Esp. IV, 5.En vérité, je suis presque amoureux Non d'une jeune enfant, mais d'une femme faite
, Collin D'Harleville, Vieux célib. IV, 2.C'est déjà un homme fait, en parlant d'un jeune garçon qui grandit, qui devient sage, capable.
Je me croyais déjà un homme fait
, Fénelon, Tél. III.Terme de manége. Cheval fait, qui n'est plus jeune et qui est dressé.
Il se dit aussi des choses qui ont atteint leur plus haut point.
Votre style est devenu comme on peut le souhaiter ; il est fait et parfait
, Sévigné, 145.Quelques gens de lettres dont la réputation soit faite et dont le témoignage ait du poids
, Genlis, Veillées du château t. III, p. 105, dans POUGENS. - 10Qui est à point pour être mangé. De la viande faite. Le fromage est fait.
-
11 Terme de marine. Vent fait, vent qui a déjà soufflé quelque temps dans un certain rumb et qu'on croit devoir durer.
On dit de même : temps fait. Le flot, le jusant sont faits, lorsque le courant en a atteint sa vitesse moyenne.
-
12Phrase faite, phrase consacrée dans sa construction et dans laquelle on ne peut rien changer. Les idiotismes sont des phrases faites.
Il y a un certain nombre de phrases toutes faites que l'on prend comme dans un magasin et dont l'on se sert pour se féliciter les uns les autres sur les événements
, La Bruyère, VIII.Mot fait, mot autorisé par l'usage. Ce mot est fait, n'est pas fait.
-
13À prix fait, à prix convenu.
Les impudicités les plus monstrueuses avaient leur prix fait
, Voltaire, Mœurs, 127. -
14Toutes charges faites, toutes charges payées.
La Silésie, laquelle vaut par an à son vainqueur quatre millions sept cent mille écus d'Allemagne, toutes charges faites
, Voltaire, Lett. Thiriot, 9 oct. 1742. -
15C'en est fait, la chose est accomplie.
Mais puisque c'en est fait, le mal est sans remède
, Corneille, Cid, II, 1.C'en est fait : on dira que Phèdre trop coupable De son époux trahi fuit l'aspect redoutable
, Racine, Phèd. III, 3.C'en est fait, se dit aussi pour indiquer une résolution irrévocablement prise. C'en est fait, je m'expatrie.
-
16C'est fait de moi, je suis perdu.
C'est fait de votre vie et je vous le promets
, Corneille, Nicom. v, 7.S'il m'échappait un mot, c'est fait de votre vie
, Racine, Bajaz. II, 1.Mentor m'abandonne, c'est fait de moi
, Fénelon, Tél. VII.On trouve aussi : C'en est fait de.
Nous sommes tous perdus, c'en est fait d'Israël
, Racine, Esth. I, 3.C'en était fait de lui et de son armée, si sa bonne fortune ne lui eût envoyé Varron
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 433, dans POUGENS.La locution c'en est fait de… n'est pas grammaticalement explicable ; on oublie le rapport exprimé par en, et on l'exprime de nouveau par de ; il y a pléonasme vicieux ; et, bien que Racine et Rollin s'en soient servis, il ne faut pas les imiter.
- 17 Terme de beaux-arts. Le bien fait, le mal fait, l'exécution bonne ou mauvaise d'un tableau, d'un dessin, particulièrement en ce qui concerne les détails et leur arrangement.
PROVERBES
Ce qui est fait est fait, quand une chose est accomplie, il faut en prendre son parti.
Ce qui est fait n'est pas à faire, quand on peut faire une chose, il ne faut pas la différer à un autre temps ; et aussi, il ne faut pas revenir sur ce qui est fait. Vous critiquez, vous dites qu'il fallait s'y prendre autrement, mais ce qui est fait n'est pas à faire.
Étymologie de « fait »
- (Adjectif) (Date à préciser) Participe passif adjectivé de faire.
- (Nom) (Date à préciser) Du latin factum (« fait, action »), participe passé de facere (« faire »).
Phonétique du mot « fait »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
fait | fɛ |
Fréquence d'apparition du mot « fait » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « fait »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « fait »
-
Un Grand fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal.
Beaumarchais — Le Barbier de Séville -
Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
Sacha Guitry — Beaumarchais -
J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère -
Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; proteste aux poings de tout son être en action destructive : DADA ; connaissance de tous les moyens rejetés jusqu’à présent par le sexe pudique du compromis commode et de la politesse : DADA ; abolition de la logique, danse des impuissants de la création : dada ; de toute hiérarchie et équation sociale installée pour les valeurs par nos valets : DADA ; chaque objet, tous les objets, les sentiments et les obscurités, les apparitions et le choc précis des lignes parallèles, sont des moyens pour le combat : DADA ; abolition de la mémoire : DADA, abolition de l’archéologie : DADA ; abolition des prophètes : DADA ; abolition du futur : DADA ; croyance absolue indiscutable dans chaque dieu produit immédiat de la spontanéité : DADA ; saut élégant et sans préjudice, d’une harmonie à l’autre sphère ; trajectoire d’une parole jetée comme un disque sonore crie ; respecter toutes les individualités dans leur folie du moment : sérieuse, craintive, timide, ardente, vigoureuse, décidée, enthousiaste ; peler son église de tout accessoire inutile et lourd ; cracher comme une cascade lumineuse la pensée désobligeante, ou amoureuse, ou la choyer — avec la vive satisfaction que c’est tout à fait égal — avec la même intensité dans le buisson, pur d’insectes pour le sang bien né, et doré de corps d’archanges, de son âme.
Tristan Tzara — Manifeste Dada -
Et voici elles burent le vin, les éhontées, et bien- tôt elles s’égayèrent, comme si elles n’avaient fait que cela dans leur vie.
Alexis Tolstoï — Pierre Le Grand -
Dans la salle d’attente du Centre de Réforme, où ils attendent de passer la visite, deux cents Français moyens, anciens combattants, ni bourgeois, ni peuple, mais de cette classe intermédiaire qui fait la France, avec leur génie français d’être ficelés comme l’as de pique, et leurs visages blêmes, ah, ma foi, pas beaux, de Parisiens.
Henry de Montherlant — Les jeunes filles -
Je persiste à penser que le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps. La diction dite expressive à la mode, à la manière du théâtre ou de la rue, est l’anti-poème. Comme si le rythme n’était pas, sous sa variété, monotonie, qui traduit le mouvement substantiel des Forces cosmiques de l’Eternel !… Il est temps d’arrêter le processus de désagrégation du monde moderne, et d’abord de la poésie. Il faut restituer celle-ci à ses origines, au temps qu’elle était chantée – et dansée. Comme en Grèce, en Israël, surtout dans l’Egypte des Pharaons. Comme aujourd’hui en Afrique noire. « Toute maison divisée contre elle-même », tout art ne peut que périr. La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l’espoir du Monde ?
Léopold Sédar Senghor — Comment les lamantins vont boire à la source » -
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrantD’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la mêmeNi tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.Car elle me comprend, et mon coeur transparentPour elle seule, hélas ! cesse d’être un problèmePour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore.Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,Comme ceux des aimés que la vie exila.Son regard est pareil au regard des statues,Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle aL’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine — Poèmes saturniens -
Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
Jean Anouilh — Antigone -
Je me suis occupé des filatures. Par la suite, ils m’ont fait travailler sérieusement : enquêtes, recherches en tous genres, missions confidentielles. Je disposais d’un bureau pour moi tout seul au siège de l’agence, 177, avenue Niel.
Patrick Modiano — La ronde de nuit
Traductions du mot « fait »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | do |
Espagnol | hacer |
Italien | fare |
Allemand | tun |
Chinois | 做 |
Arabe | يفعل |
Portugais | fazer |
Russe | делать |
Japonais | する |
Basque | egin |
Corse | fà |
Antonymes de « fait »
Combien de points fait le mot fait au Scrabble ?
Nombre de points du mot fait au scrabble : 7 points